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UNE RELÈVE SUR ROULETTES À QUÉBEC

ÉRIKA BISAILLON ebisaillon@lesoleil.com

À voir l’engouement pour le skateboard dans nos quartiers, on peut parier que les athlètes sur roulettes présents pour la première fois aux Jeux olympiques de Tokyo auront de la relève.

L’intérêt pour la planche à roulettes dans la ville de Québec ne cesse d’augmenter depuis quelques années. Dans l’industrie depuis son tout jeune âge, Neil Manek, gérant de la boutique Exo de la rue Saint-Joseph Est ouverte depuis 1989, confirme que la discipline connaît un véritable essor après un déclin de quelques années. Selon lui, c’est en bonne partie grâce aux anciens adeptes. « Plusieurs parents viennent acheter une planche à leur enfant et repartent finalement avec une planche pour chaque membre de la famille » , explique-t-il.

Louis Grégoire, skateboarder et propriétaire de l’école de planche à roulettes Qc.SkateboardCamp, est du même avis. « Les parents des jeunes d’aujourd’hui ont fait du skate et ne voient pas ce sport comme nos parents pouvaient le voir », observe-t-il.

Fondé en 2002, Qc.SkateboardCamp offre un camp de vacances et des camps de jour spécialisés en planche à roulettes, des cours privés et des camps hivernaux. Bien que la pandémie ait obligé l’école à revoir son offre estivale, le camp de jour s’est comblé en deux temps, trois mouvements. «Il a même fallu engager un moniteur de plus», note M. Grégoire.

Si les cours sont offerts pour les jeunes de 5 à 17 ans, la moyenne d’âge des inscrits tourne autour de 14 ans. « En plus, à chaque camp, j’ai entre 5 et 7 filles inscrites. Avant, quand j’en avais 2 ou 3 dans l’année, c’était incroyable», précise le propriétaire.

Qc.SkateboardCamp offre également des activités parascolaires et fait la tournée des écoles primaires et secondaires. « À Saint-Agapit, le projet avait tellement bien fonctionné avec la classe qu’on a été réengagé pour faire l’école au complet de la maternelle à la 6e année! L’intérêt est donc vraiment au rendez-vous», ajoute-t-il.

Louis Grégoire se désole que la pandémie ait retardé l’offre du profil « Skate » disponible à l’école secondaire du Mont-Sainte-Anne. Unique en son genre, cette option permettra aux jeunes, dès l’an prochain, de se familiariser ou de se perfectionner à la pratique de la discipline, en collaboration avec QcSkateboardcamp.

DES MODULES À LA MAISON

Neil Manek est d’avis que la pandémie et l’arrêt des activités organisées ont également aidé à raviver l’intérêt pour ce sport individuel et peu coûteux. « Une fois que tu as ta planche et des souliers, tu peux aller n’importe où pour faire du skate. Après, il reste à voir quelles ressources s’offrent à toi, comme les skateparks par exemple.»

Afin de permettre aux jeunes de pratiquer leur sport préféré malgré les conditions complexes dues à la pandémie, Louis Grégoire a créé en 2020 la division Qc.Skateboard Ramp. L’entreprise réalise des projets de modules et de rampes, sur mesure, pour des particuliers et des municipalités.

« Nous avons terminé un projet mercredi à La Pocatière, on inaugure samedi une rampe et des modules à la maison des jeunes La Baraque des Éboulements et il y a deux parcs en construction à Saint-Augustin. C’est le fun de voir que des skateparks se font construire et qu’il y aura une amélioration à ce niveau», ajoute Louis Grégoire.

Ce dernier critique l’état des aires de planche à roulettes dans la ville de Québec. « Il y en a environ huit qui sont corrects. L’asphalte au sol des autres parcs n’est pas praticable, car elle n’est pas entretenue», déplore le skateboarder d’expérience.

La majorité des jeunes planchistes questionnés par Le Soleil au skatepark du parc Victoria était de cet avis. « Ici, c’est le seul endroit où tu ne te fais pas freiner par l’asphalte en roulant » , dit Jérémy. Son ami Samuel croit aussi qu’il s’agit du planchodrome avec le niveau de difficulté le plus élevé. Benjamin, pour sa part, déplore que le seul skatepark intérieur, situé au 725 côte d’Abraham, ne soit pas géré par la Ville, mais par un particulier : « En plus, c’est plein en cinq minutes, ça en prendrait un deuxième à Québec».

À cet effet, la conseillère en communication de la Ville de Québec, Rose-Marie Ayotte, répond que la Ville reçoit peu de demandes pour de nouveaux sites et très peu de demandes de réfection puisque ses équipes « parcourent l’ensemble des parcs régulièrement et que les bris sont soulevés dès leurs constats».

Cette dernière ajoute que la Ville prévoit «faire la réfection de la surface de l’aire du parc Ferland et du parc Saint-Sacrement, tous deux dans l’arrondissement de La CitéLimoilou, dès cet automne.» Le projet du parc Chauveau est également en planification pour l’année 2022, confirme-t-elle. Les projets suivants devraient être le parc Fargy (Beauport) et le parc Bardy ( La CitéLimoilou), en 2023 et en 2024. Mais attention, le tout sera conditionnel à l’adoption du Plan d’investissement quinquennal, avertit la conseillère.

Bien que la Ville ne possède pas de données sur l’achalandage de ses 27 aires de planche à roulettes, Rose- Marie Ayotte précise que l’aire du parc Victoria et l’aire du

« Une fois que tu as ta planche et des souliers, tu peux aller n’importe où pour faire du skate. Après, il reste à voir quelles ressources s’offrent à toi, comme les » skateparks

— Neil Manek, de la boutique Exo

parc Étienne-Parent sont assurément les plus fréquentées. Soulignons également que quelques autres aires de planche à roulettes sont aménagées sur des terrains privés, notamment à proximité de l’Aquarium.

Pour sa part, le Camp Académie offre un programme de skateboard pour les initiés comme les plus adeptes, aux enfants de 8 à 12 ans, et utilise les aires de planche à roulettes offertes par la Ville. « Un jeune skateboarder d’une vingtaine d’années est engagé comme partenaire externe et accompagne les jeunes sur différents skateparks pour les aider à développer de nouvelles techniques » , explique Marc-André Veilleux, adjoint directeur général de Camp Académie.

Ce dernier estime que si l’intérêt des familles est présent, c’est celui des autorités qui ne semble pas être au rendez-vous. « Malheureusement, la qualité des installations est souvent délaissée et puisque nos jeunes ne sont pas tous des résidents lorettains, ils se font même refuser l’accès au skatepark le plus proche, c’est-à-dire celui de L’Ancienne-Lorette», critique MarcAndré Veilleux.

Tout compte fait, selon les gens du milieu, bien que la relève soit présente et dynamique à Québec, les installations ne sont pas adéquates pour l’utilisation souhaitée.

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