LeSoleilSurMonOrdi.ca

PANDÉMIE: LES CHIENS EN CRISE D’ANXIÉTÉ

JEAN-FRANÇCOIS DUGAS jfdugas@ledroit.com

L’adoption de chiens et de chats «COVID» a permis à plusieurs personnes de combattre l’isolement pendant la pandémie. Par contre, le retour à une vie relativement normale pourrait apporter de sérieux problèmes comportementaux chez nos animaux de compagnie, et ce, pour plusieurs années à venir.

« C’est sûr que ça va se produire, lance d’emblée la technicienne en santé animale certifiée, MarieClaude Giroux. Nous commencerons à observer des problèmes d’anxiété de séparation ou des réactions à l’isolement au début de l’âge adulte, c’est-à-dire entre un an et trois ans. Donc, ce n’est pas quelque chose que l’on va voir strictement cet automne. C’est pour les prochaines années. C’est assez paniquant.»

Mme Giroux avance aussi que l’isolement pourrait également provoquer un grand stress chez leurs membres de la famille à quatre pattes lors de nouvelles rencontres.

« Les chiens ont une période de socialisation. Il faut leur montrer toutes sortes de situations ou différents environnements. C’est une période de temps défini de la 8e à la 16e semaine. C’est un peu la période critique. Les gens ont adopté énormément d’animaux pendant la pandémie et nous étions tous cloués à la maison. Donc cette période-là, pour beaucoup de gens, a été négligée en raison des confinements.»

Le vice-président des activités médicales de VCA Canada, un collectif de quelque 120 cabinets vétérinaires de la Colombie-Britannique au Québec, abonde dans le même sens. Selon le Dr Danny Joffe, la situation est plutôt stable à l’heure actuelle dans les cabinets de vétérinaires. La donne changera une fois que les restrictions de la pandémie s’estomperont.

«La COVID-19 a été terrible pour notre société. Les chiens et les chats, eux, ont trouvé ça pas mal cool parce que ça leur a permis de voir leurs parents toute la journée. Pour eux, la présence constante du maître est perçue comme normale. Lorsque les choses reviendront à la normale dans la société, nous observerons plus de cas où les animaux auront des problèmes de santé mentale. C’est toutefois un problème qui est gérable», rassure-t-il.

« Mais il n’existe pas de pilule magique !», renchérit la vétérinaire comportementaliste, Dre Michelle Nicholson.

« Il faut modifier leur comportement et mieux organiser leur environnement», enchaîne-t-elle.

La vétérinaire, qui offre un service de consultation mobile à Ottawa depuis quelques années, croit néanmoins qu’il est raisonnable de s’attendre à une hausse des troubles comportementaux, dont le syndrome de l’anxiété créée par la séparation.

«Nous assisterons à cette éventualité pour plusieurs raisons, particulièrement chez les chiens. Ça sera énorme.»

En tête de liste, les animaux domestiques misent beaucoup sur la routine et la prévisibilité dans leur quotidien, explique la Dre Nicholson. Des changements soudains peuvent ainsi créer un stress important, tant chez les chiens que chez les chats!

« Tellement de jeunes chiens n’ont jamais vraiment été séparés de leur propriétaire pour une période considérable de temps. Certains chiots et chiens n’ont jamais connu un horaire normal de travail. Cela sera un gigantesque changement.»

Si un animal passe sa journée aux pieds de son maître en télétravail par exemple, il sera difficile pour lui de s’ajuster une fois l’horaire changé, avance-t-elle.

«C’est plus subtil chez les chats et on peut facilement manquer les signes, mais ils souffrent indéniablement d’anxiété de séparation eux aussi.»

LEÇONS DE LA PANDÉMIE

Même si des problèmes de santé mentale guettent les pitous et les minous, la pandémie aura permis aux propriétaires d’animaux domestiques de mieux comprendre leur réalité, estime la Dre Nicholson.

« Nous avons subi plusieurs changements et vécu beaucoup d’incertitude en raison de la pandémie. Cela a changé nos états d’âme. Nous sommes certes dans une meilleure position pour comprendre ce que l’incertitude et l’absence de contrôle provoquent sur notre niveau d’anxiété. S’il y a un côté positif à la pandémie, c’est que nous comprenons mieux ce que nos animaux ressentent dans ces mêmes situations. Il faut maintenant regarder le tout selon leur perspective.»

C’est pourquoi les propriétaires d’animaux peuvent désormais déjà préparer le terrain pour l’aprèspandémie. Forcément, le télétravail permettra à certains d’être plus présents à la maison. Pour les autres, mieux vaut commencer plus tôt que tard, suggère la spécialiste du comportement animal.

« Pour être juste, vous devez mettre en place un calendrier progressif et réaliste pour vos animaux de compagnie. C’est très utile, car la plupart de ceux-ci — sinon tous — s’en sortent beaucoup mieux avec un changement graduel plutôt qu’un qui arrive du jour au lendemain. Il faut les préparer à du temps seul et aménager un environnement confortable pour eux. L’anxiété de séparation, c’est vraiment un problème de bien-être.»

ACTUALITÉS

fr-ca

2021-07-31T07:00:00.0000000Z

2021-07-31T07:00:00.0000000Z

https://lesoleil.pressreader.com/article/281741272460773

Groupe Capitales Media