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LA TÊTE DANS LES ÉTOILES

ISABEL AUTHIER isabel.authier@lavoixdelest.ca

Enfant, Geneviève Boivin-Roussy préférait le silence aux mots. Les choses ont bien changé. Aujourd’hui, les paroles coulent comme de l’eau... surtout lorsque la peintre et comédienne parle d’art, qu’elle considère comme «l’âme d’un peuple».

« Quand j’étais petite, je ne parlais pas. Je dessinais, je peignais, je créais des lieux. J’allais aussi cogner à la porte des voisins pour visiter leur maison! Ça m’intriguait de voir leur univers, comment ils vivaient. Je trouve que ça vient rejoindre la peinture et mon métier de comédienne», raconte la porteparole du symposium Couleurs urbaines de Granby, qui se déroule le samedi 31 juillet et le dimanche 1er août, de 10h à 17h, dans les sentiers du parc Miner.

Presque inné, cet intérêt pour l’être humain et la création n’a fait que prendre de l’ampleur, l’amenant à jouer à la télévision, au cinéma et au théâtre. Mais parallèlement à sa carrière d’actrice, l’art visuel a toujours occupé beaucoup de place.

«Je suis une peintre très instinctive, très sensorielle. Les couleurs et la matière me fascinent. Petite, je beurrais épais! J’ai dû apprendre la retenue», indique Geneviève, qui a appris la peinture de façon autodidacte, en refusant de fréquenter une école d’arts visuels de peur de perdre son intuition créative.

« Ma signature évolue. J’adore les lignes et j’aime construire mes tableaux à partir d’erreurs, d’une goutte tombée de façon fortuite. La peinture, c’est viscéral pour moi. Quand j’aime une oeuvre et ses couleurs, j’ai le goût de les manger!» rigole celle qui signe GEX.

LES SECRETS DE L’UNIVERS

Le plus récent fruit de son imaginaire est une série d’oeuvres inspirées de l’univers, qu’elle a baptisée Topographie stellaire.

Ses tableaux sont en fait des panneaux de merisier sur lesquels elle couche des pigments purs. Le bleu de Prusse en est la vedette.

« Quand j’ai commencé cette collection, j’étudiais l’astronomie simultanément. J’ai dû apprendre à sculpter le bois et à comprendre la matière du pigment pur. J’ai découvert que les veinures du bois sont identiques aux courbes des étoiles dans le ciel et des empreintes digitales. Je me suis dit : peut-être que dans ces veinures, il y a les secrets de l’univers!»

Il lui a fallu faire confiance à son instinct et au bois, dit-elle. «C’est un travail très physique; je n’avais jamais sablé et gravé avant. Je travaillais la matière et l’antimatière. C’était toute une aventure!»

Dans chacune des oeuvres de cette série, un personnage émerge, comme par magie. La voilà d’ailleurs qui raconte, la voix nouée, que son bébé chien, Monsieur Biscuit, est tragiquement disparu cette semaine, et que, sans même qu’elle le veuille, il est apparu dans le tableau qu’elle créait.

«Crois-le ou non, à la fin, il était là, couché sur la toile, parfait, avec ses traits et son petit nez. Je l’ai appelée Biscuit, l’étoile filante... L’art m’aide tellement à passer à travers des moments comme celui-ci. C’est libérateur et ça me permet d’être dans le moment présent.»

UNE FILLE DE PROJETS

En fait, l’art est partie prenante de sa vie au point d’avoir fondé, cette année, la Galerie G de BR à Danville, près d’où elle habite avec son conjoint, le réalisateur, compositeur et musicien Pilou.

« J’ai travaillé jour et nuit sur ce projet, qui est à la fois une résidence d’artistes, une galerie d’art, une boutique, un espace café et une salle de cours. Ça me permet d’aller à la rencontre d’artistes et de les réunir dans un endroit bienveillant pour créer. C’est merveilleux», glisse-t-elle.

Depuis son arrivée dans le village de Saint-Adrien en Estrie, le couple multiplie les projets. Pilou est à l’origine d’un studio, d’un loft d’artistes, d’une maison d’édition et d’une maison de disques. Lui et son équipe travaillent également à la transformation d’une ancienne église en un espace créatif avec un studio de captation et d’enregistrement.

«On est deux visionnaires à notre façon, dit Geneviève. On se complète. Mais c’est très important pour moi qu’on ait chacun nos projets. On est là pour s’épauler. On est des capitaines de bateau, lui et moi. Et on est mieux d’avoir chacun notre bateau!»

LE MAG

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2021-07-31T07:00:00.0000000Z

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