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AMBITIEUSE CARTE BLANCHE

FRANCIS HIGGINS fhiggins@lesoleil.com

Quand un client de longue date lui a demandé de prendre en main la réno de son condo dans le complexe L’Étoile, Nancy Gauthier a entendu les doux mots auxquels rêvent tous les designers : carte blanche. Regard sur le nouveau visage de ce pied-à-terre de luxe créé en toute liberté.

Le client, un retraité du Saguenay– Lac-Saint-Jean, rêvait d’une résidence secondaire dans la capitale pour profiter de sa vie culturelle. Il a trouvé et acquis un petit condo de 100 mètres carrés (1100 pieds carrés) sur l’avenue Turnbull, à trois pas des Plaines. Tout de suite, il l’a remis entre les mains de la designer et entrepreneure générale Nancy Gauthier, qu’il avait embauchée à l’époque où elle habitait Dolbeau-Mistassini.

Novembre 2020, le chantier s’amorçait. « Mon objectif était de transformer l’espace pour qu’il paraisse plus grand et qu’il soit plus pratique, raconte Mme Gauthier. De plus, comme mon client a beaucoup voyagé, je me devais de faire un intérieur digne d’un bel hôtel de luxe pour lui et sa compagne.»

Et sur le luxe, elle a misé. Dans le salon et les deux chambres, plusieurs meubles, luminaires, accessoires et habillages de fenêtres ont été importés d’Italie et d’Australie, entre autres. Des oeuvres d’art ont été faites sur mesure, notamment par la codesigner Ann Gauthier, qui travaille avec sa mère dans l’entreprise familiale. Le budget avait été établi en conséquence : 215 000 $ pour le design, la réno et l’ameublement, facture qui n’inclut évidemment pas l’achat du condo.

On s’en doute, cette tâche ambitieuse a été compliquée par la pandémie. Sans compter les retards et maux de tête occasionnés par la crise du transport maritime de marchandises. Le projet s’est donc réalisé à distance. La designer et son client s’échangeaient des photos par courriel ou avaient recours à des applications de visioconférence quand venait le temps de choisir des tissus, notamment. Malgré ces tracas, le condo complété a été dévoilé au printemps.

AU SALON

Pour repenser ce condo, Mme Gauthier s’est inspiré des chics appartements de Milan qu’on voit dans les magazines de design. Dans cet esprit, la trouvaille du canapé du salon s’est avérée déterminante, puisque ce Ruché de La Ligne Roset a été choisi comme point central du décor.

«Avant, ce condo était terriblement sombre, notamment en raison de son plancher de noyer orangé qui remontait sur un mur du salon. Si on voulait redonner de la grandeur et de la lumière à l’espace, il fallait choisir des couleurs et des meubles en conséquence, explique la designer. C’est pourquoi ce canapé — on tenait à ajouter des meubles qu’on ne voit pas souvent — est léger et sur pattes et que son assise est très mince, avec une couleur neutre, mais lumineuse. Il rappelait une matière brute naturelle comme le lin, dans des teintes écrues.»

Au mur, un meuble à cannelures laqué fait sur mesure encadre la télé et le foyer électrique, tout en dissimulant de chaque côté des tablettes de verre et un espace-bar. Au sol, un tapis à petits carreaux adoucit l’ambiance en camouflant le plancher foncé. De plus, il accueille les tables d’appoint — dont une à «effet miroir» — de la compagnie Danoise HAY ainsi qu’un coussin sphérique de laine bouclée fait à la main à Canberra, en Australie.

«Dans ce petit espace, nous avons joué avec le ton sur ton et avec des formes différentes, comme les lignes dans les plis des tentures, du mur à cannelures, le motif du piquage du nid d’abeille sur le canapé, les petits carreaux sur la carpette, la mosaïque carrée à la base du foyer.»

DANS LA SALLE À MANGER

La conceptrice désirait illuminer les lieux, mais le plafond de béton interdisait d’y intégrer des luminaires. On a donc choisi d’installer, de part et d’autre du meuble du salon, des lampes murales Potence de la compagnie Nemo, dont les bras pivotent sur 180º. Une belle idée qui permet de tourner l’une de ces lampes jusqu’au-dessus de la petite table de verre de la salle à manger voisine.

Cela dit, c’est sans doute l’imposante sculpture feutrée qui escalade le mur jusqu’au plafond qui vole la vedette dans cette pièce. L’oeuvre vaporeuse donne un surprenant effet de hauteur.

« La salle à manger à aire ouverte est simple et décontractée. Mais on cherchait un effet particulier. Sur son mur, nous avons choisi de placer l’accessoire Cloud, par Ronan et Erwan Bouroullec, précise Mme Gauthier. Ce sont de petites pièces en feutrine reliées entre elles par des élastiques noirs et qui débordent jusque sur le plafond. Ce fut un jeu de s’amuser à bien les disposer!»

Dans chacune des deux chambres, on a opté pour la sobriété et le chic. Dans la chambre principale, le lit Bacsktage de Roche Bobois — avec sa tête de lit en velours aux lignes verticales et aux extrémités courbées — est mis en valeur par le revêtement mural fait de fibres naturelles de jute tissées.

«J’aime beaucoup le côté naturel des choses, le cuir, le bois, les pierres, les vraies matières. Ça fait des décors plus chaleureux, même dans un style contemporain. Garder un lien avec la nature apporte un sentiment de confort et de bon goût », considère Mme Gauthier.

Dans la chambre des invités, on a apposé un revêtement similaire, mais dans un ton plus pâle. Et on a laissé l’oeuvre d’art au sol, à côté du lit, pour ajouter à l’aspect décontracté des lieux.

Pour finir, la designer et son client ont conservé la salle de bain et la cuisine existantes, se contentant d’y ajouter des revêtements muraux adaptés.

LE MAG

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2021-07-31T07:00:00.0000000Z

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