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LE PASSÉ EST TOUJOURS GARANT DE L’AVENIR

Nicole Lévesque

Sous un radieux soleil de juin, attablés à la terrasse d’un café, nous sommes nombreux à profiter de l’été. Dans les haut-parleurs résonne Lettre à Lévesque des Cowboys Fringants :

Quand tu vois les pas bons/Et tous les p’tits carriéristes/Qui s’présentent aux élections/Comme des vrais opportunistes/Champions de la langue de bois/Et du politically correct/Me semble que c’pas ça/Que tu voulais pour le Québec…

Aux alentours, des Québécois, des familles immigrantes et des touristes portent un toast au Québec. Et au 100e anniversaire de René Lévesque.

De fil en aiguille, la politique s’invite joyeusement dans la conversation. Les langues se délient. Une dame se présente à nous : «I’m of Portuguese and Spanish descent myself. Vivo qui da due anni. J’ai appris votre langue et je l’enseigne à d’autres immigrants.»

– C’est rassurant pour la survie du français non?

– La CAQ a le vent dans les voiles! – Fin stratège, Legault joue à quitte ou double. Est-il un homme de parti? Sans doute pas autant que l’était René Lévesque. N’empêche que son «fédéraliste nationaliste» passe plutôt bien. Le meilleur des deux mondes en fait.

– Mais encore, le propre des élections provinciales est qu’elles se font généralement sur le dos du gouvernement fédéral.

– N’en demeure pas moins que Trudeau (ou un autre) restera la tête de Turc du Québec.

– «Que le 21e siècle soit le siècle du Québec! On a beaucoup d’atouts : une démocratie stable, une population instruite, une énergie verte, des minéraux critiques» nous assure M. Legault. Mon Dieu! On croirait entendre le cri de ralliement du général de Gaulle et son «Vive le Québec libre!» lors de sa visite en 67. Tout le long de son périple dans les villages bordant le fleuve SaintLaurent, il dira, entre autres, «vous êtes un morceau du peuple français qui ne doit dépendre que de lui-même», attisant du coup la flamme de l’indépendance du Québec.

– L’allégeance politique de M. Legault n’est pas sans rappeler celle de Pierre Elliot Trudeau, dit le patriote, qui au tournant des années 30, militait pour l’indépendance du Québec, en s’imaginant à la tête des troupes qui, en 1976, feront du Québec un pays indépendant. Tout comme René Lévesque, qui dans les années 60, quittait le Parti libéral pour fonder le Parti québécois.

– «Le seul homme qui peut changer d’idée est celui qui en a une», dixit le proverbe.

Tout à coup, un Québécois pur et dur lance : «C’est ben beau tout ça, mais est-ce que Legault dans ses grandes manoeuvres électorales est si préoccupé par nos vrais problèmes? Il y a des priorités qui font mal! On manque de bras partout! Et ceux qui ont des bras, on ne les paye pas! Attend pour se faire soigner, attend pour s’occuper des vieux qu’on laisse crever dans des cabanes qui tombent en ruine, attend pour régler la pénurie de logements abordables, attend pour agir sur l’inflation et aider ceux qui sont mal pris! On attend pour toute. Ben oui, Legault aime mieux se chicaner avec le fédéral sur la gestion de l’immigration et la disparition du français au Québec! Franchement, avec les problèmes qu’on a, pour le moment, on s’en fout-tu de la laïcité de l’État et de la plus-value du Canada». À ses côtés, une toute jeune fille s’exclame : «C’est qui papa la puce velue du canna?» Éclats de rire!

N’empêche que personne n’a trouvé les mots pour satisfaire l’intérêt de la fillette. La question demeure entière…

LES PRÉOCCUPATIONS DES QUÉBÉCOIS FACE À LEUR AVENIR

Du coup, je me suis rappelé les résultats d’une enquête conduite par le Conseil de la science et de la technologie en 2005 : Les préoccupations des Québécoises et des Québécois face à l’avenir. Un sondage visant à établir la hiérarchie de nos préoccupations dans 20 ans. Sans doute que le premier ministre y trouvera quelques pistes susceptibles de bonifier le résultat de son évidente réélection tout en guidant les choix politiques au bénéfice de la population. Pour l’essentiel :

L’éducation et l’accès de la population aux connaissances se sont révélés des questions très importantes aux yeux des répondants et leur inspirant le plus grand optimisme.

L’environnement était aussi très important, bien que son évolution suscitait moins d’optimisme, particulièrement chez les plus jeunes. La plupart des répondants ne croyant pas que les problèmes de pollution pourront être résolus au cours des vingt prochaines années.

L’économie ne suscitait pas autant d’inquiétudes que l’environnement, mais davantage que l’éducation. Les répondants mettaient en doute la capacité de l’économie du Québec de tirer son épingle du jeu, la qualité du développement économique n’assurant pas toujours la qualité des emplois, et la mondialisation des relations commerciales ayant des impacts négatifs pour l’économie du Québec.

Le bien-être des individus (qualité de la vie familiale, santé physique et psychologique) est la réalité ayant suscité le plus grand nombre d’inquiétudes, voire même une détérioration de la situation dans le futur.

Les rapports sociaux culturels favoriseraient selon la majorité des répondants une plus grande ouverture vers les autres cultures et un accroissement notable du caractère multiculturel du Québec. En même temps, les opinions apparaissaient assez divisées en ce qui concerne l’évolution de l’identité culturelle des Québécois. Une bonne majorité estimant d’ailleurs que la langue française prendra du recul.

La politique ou le rôle de l’État dans la société étant le thème dont l’évolution suscitait le moins d’optimisme (chez les travailleurs, les natifs du Canada et les personnes scolarisées), en raison notamment de l’incapacité des gouvernements à régler les problèmes de déficit et de dette dans les 20 prochaines années.

L’HEURE EST À LA REMISE DES BULLETINS!

Après quatre années au pouvoir, le premier mandat de la CAQ tire à sa fin.

Le Bureau parlementaire et ses experts viennent d’en évaluer la performance. À peu de chose près, on parle d’un rendement presque parfait.

Enfin, la population accepterat-elle à son tour l’invitation de la CAQ à évaluer son rendement ou attendra-t-elle les prochaines élections pour ce faire?

En attendant, vivement encore un peu de Cowboys Fringants :

Si on regarde ça René /Les enjeux ont bien changé/Et les jeunes se conscientisent/Faudrait écouter ce qu’ils disent/Et que pour bâtir un pays/Faudrait pas oublier d’inclure/Les citoyens des autres ethnies/Et leur culture/ Moi je verrais un pays/Qui ferait un compromis/Entre les mots écologie/Justice et économie/ Une société plus équitable/Où le développement serait durable/Et là c’est sûr j’cocherais «oui»/Pour un pays.

PLACE PUBLIQUE

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2022-06-25T07:00:00.0000000Z

2022-06-25T07:00:00.0000000Z

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