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SIMPLE PLAN SE DONNE À FOND

FRANÇOIS HOUDE francois.houde@lenouvelliste.qc.ca

On a parfois tendance à penser que les artistes vivent dans un monde parallèle à l’écart de nos contraintes. Puis arrive une pandémie qui nous rappelle que non. Les quatre membres de Simple Plan ont vécu les deux dernières années comme nous et n’en sont que plus reconnaissants de retrouver musique, scènes et publics depuis quelques semaines.

Le guitariste Jeff Stinco en témoigne d’une charmante façon, l’entrevue qu’il nous offre venant interrompre les célébrations de la fin de l’année scolaire de ses enfants. La pandémie lui aura permis d’assumer plus que jamais son rôle de père.

«Au niveau familial, la pause que nous a imposée la COVID m’a permis d’en profiter au maximum. Malgré tous les désagréments que ça a causés, ça nous a donné l’occasion, à moi comme aux autres membres du groupe, de vivre pleinement du temps avec la famille sur une période continue. C’était extraordinaire.»

Le musicien n’en est pas moins lucide et convient que la pandémie a eu ses impacts négatifs. «J’avoue que j’ai ressenti de la colère au début. La COVID m’a privé de ma grande passion depuis si longtemps, la musique, et j’ai trouvé ça très difficile.

«Moi qui ai commencé très jeune à jouer d’un instrument, j’ai complètement abandonné ma guitare pendant des mois, ce que je n’avais jamais fait.

«Même qu’à l’époque où j’ai fait le Conservatoire de musique de Montréal, il n’y avait pas une journée où je ne jouais pas pendant quatre heures.»

Stinco n’arrive même pas à évaluer la longueur de cette rupture. Six mois au moins, là-dessus il est catégorique, et probablement plus.

«C’est fou, mais toute cette période est comme un grand trou noir dans ma mémoire. Professionnellement, on était complètement dans l’inconnu : au début, on pensait arrêter deux semaines puis le temps s’est allongé et j’ai fini par perdre mes repères. C’est un phénomène très particulier.»

Le pire, soutient-il, n’a pas été d’arrêter de jouer, mais bien de reprendre le boulot pour être de nouveau contraint à la pause. Une sorte de torture morale d’autant plus cruelle qu’à chaque fois, les efforts pour repartir la lourde machine du groupe tout comme l’espoir de retrouver le public étaient anéantis par une nouvelle période de restriction.

«Veux, veux pas, tu en arrives à te poser des questions. On en est arrivé à se demander sérieusement si Simple Plan pourrait poursuivre son parcours. Surtout qu’on a refusé de faire des spectacles virtuels parce qu’on trouvait que ça dénaturait le groupe qui trouve toute sa force sur la scène, devant le public.

«Après plusieurs mois de pandémie, on en est venu à penser qu’on assistait peut-être à la fin des spectacles dans le cadre de grands rassemblements.»

LE BONHEUR DE JOUER

Rien n’étant éternel, pas même les pandémies, Simple Plan a retrouvé les planches, les fans et le bonheur de jouer. Avec un tout nouvel album en prime, Harder Than It Looks, sorti début mai.

«La chose que je note de ce retour des spectacles, c’est à quel point l’atmosphère est festive. Elle l’a toujours été, mais on sent très clairement quelque chose d’inédit depuis qu’on a repris la tournée.

«On arrive dans une ville et on sent combien les gens ont hâte de nous revoir en spectacle. Ils sont littéralement avides de musique, d’émotions, de divertissement.»

Ce n’est d’ailleurs pas parce qu’on s’est fait un métier d’exalter à répétition des hordes de fans depuis 22 ans qu’on est à l’abri d’un certain trac. «On était super anxieux au début», avoue le guitariste.

«Surtout que ce n’était pas simple de reprendre le collier parce que certains membres du groupe vivent à l’extérieur du pays et la logistique était compliquée. En plus, on s’est fixé des standards extrêmement élevés.

«Au départ, on a élargi le répertoire pour explorer un peu, mais quand on a retrouvé les succès qui ont jalonné notre parcours, on a retrouvé une attitude vraiment très festive. On savoure le bonheur de jouer comme jamais auparavant.

«On arrive tout juste d’un spectacle à Chicoutimi et c’était vraiment incroyable. Je ne sais pas trop comment le décrire, mais il y avait assurément quelque chose de plus que ce qu’on connaissait il y a trois ans.»

L’image qui lui vient en tête frappe par sa justesse. «C’est comme vivre un printemps à Montréal. J’ai déjà essayé de le décrire à des gens qui viennent d’ailleurs et ils ne comprennent pas vraiment ce que je veux dire.

«Il n’y a rien comme ça : tu as passé six mois dans le froid, la neige et tout d’un coup, il fait beau, il fait chaud et tu t’installes sur une terrasse pour goûter le soleil. C’est comme ça qu’on se sent ces tempsci et le public aussi.»

À ce titre, il soutient que l’émotion est exacerbée dans la province d’origine des quatre gars de Simple Plan. «Ça va faire cliché de dire ça, mais l’accueil québécois est inégalé. On a entrepris une tournée aux États-Unis depuis la fin avril et c’est super, mais à Chicoutimi, c’était carrément malade!

«On pense déjà au FestiVoix et bien qu’on évite de se le dire entre nous, on s’attend à la même chose. On se souvient d’y avoir joué devant un public déchaîné dans le passé, mais là, c’est la version postCOVID et il n’y a pas d’équivalent.»

Parlons-en de ce spectacle trifluvien du 9 juillet : il faut s’attendre à quoi, côté contenu? «On y va avec toutes nos meilleures chansons, nos plus grands succès. Oui, on vient de sortir un nouvel album dont nous sommes très fiers, mais pas question de soûler les gens avec des nouvelles chansons. On sait ce qu’ils aiment de nous et c’est ce qu’on va leur donner.

«On a trop de plaisir à retrouver la scène et notre musique pour se priver d’offrir des hits à nos fans. Dans les festivals présentement, les gens veulent faire la fête; après tout ce qui s’est passé au cours des deux dernières années, c’est la moindre des choses.

«Je disais ça aux gars du groupe l’autre jour : ça me fait penser à la popularité de la musique swing aux États-Unis suite à la Deuxième Guerre mondiale.

«Après l’épreuve qu’on a tous vécue, les gens ont envie de s’amuser, de danser, de lâcher leur fou et c’est extraordinaire de le vivre avec eux. On se donne à fond!

«Après une si longue pause, personnellement, j’ai l’impression de retrouver l’essence de ma passion pour la musique. Je reprends la route comme un gitan : le coeur et le bagage légers.

«En être privé nous a fait réaliser pleinement la valeur de la chance qu’on a.»

LE MAG

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2022-06-25T07:00:00.0000000Z

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