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Kamouraska SON, MOUVEMENT ET PAYSAGE À L’HONNEUR

JOHANNE FOURNIER Collaboration spéciale

Le Centre d’art de Kamouraska propose une programmation estivale multidisciplinaire en art actuel et en design sous le signe du son, du mouvement et du paysage. Jusqu’au 5 septembre, les expositions et installations présentent un caractère immersif, ludique, sonore ou multimédia auxquelles se greffent des projets de médiation culturelle.

À l’intérieur, les visiteurs peuvent découvrir trois expositions immersives avec lesquelles ils sont invités à interagir. À l’extérieur, ils se laisseront surprendre par une installation disposée sur le parterre du bâtiment aux allures châtelaines.

ILS ONT REGARDÉ LA MER

En entrant dans le Centre d’art, Cynthia Naggar présente une installation visuelle interactive sur les vagues intitulée Ils ont regardé la mer, dont le mouvement est actionné par les battements du coeur du participant qui aura placé un capteur de fréquentation cardiaque sur son lobe d’oreille. Les images ont été tournées en Égypte et au Bas-SaintLaurent, plus précisément au Bic. «Mon idée était de créer une mer sans nom avec le mélange du SaintLaurent et de la mer Rouge et de retrouver mon identité à travers tout ça, explique l’artiste montréalaise aux origines égyptiennes. Je travaille avec un logiciel de programmation pour créer et synchroniser.

«À la fin, j’essaie de déconstruire l’image pour essayer d’entrer dans un autre univers. J’ai fait plusieurs superpositions d’images pour donner cette mer sans nom.»

La trame musicale a été composée par le Rimouskois Tom Jacques. «Il l’a créée en amont à mon travail», indique l’artiste en arts médiatiques qui utilise la projection, la programmation et les technologies, autant anciennes que nouvelles. «Je voulais quelque chose d’un peu organique.»

LA TERRE EN SUSPENS

À l’étage, l’exposition La Terre en suspens de François Quévillon est montée à partir d’un corpus d’oeuvres qui fait écho aux processus géologiques et à la maternité numérique par le truchement de dispositifs audiovisuels, d’effets d’optique, de réalité virtuelle et d’animation 3D.

«Il y a beaucoup de contenu local : Kamouraska, Saint-Jean-Port-Joli, le littoral et le golfe du Saint-Laurent», précise l’artiste montréalais qui travaille régulièrement dans le cadre de résidences un peu partout au Québec et dans différentes régions du monde.

D’ailleurs, lors d’une résidence à Mexico à la fin de 2019, il s’est intéressé à des sites d’extraction minière d’anciens volcans. Par conséquent, quelques-unes de ses oeuvres présentent des roches volcaniques qui sortent à l’infini du sol.

La première du corpus est issue d’une résidence effectuée en 2017 au parc national du Gros-Morne à Terre-Neuve. Elle illustre des roches très riches en métaux lourds, où pratiquement aucune végétation ne pousse.

«On a l’air d’être sur Mars, fait remarquer l’artiste en art numérique qui travaille à partir de la photographie et de procédures algorithmiques. C’est un peu ce qui a motivé l’ensemble du corpus.»

FORMAT PAYSAGE

Format paysage de José Luis Torres suggère un parcours parsemé de mobilier, d’objets et de passerelles inspiré de la palette chromatique ainsi que de motifs naturels de la région.

«C’est une installation in situ», décrit l’artiste en arts visuels de Saint-JeanPort-Joli formé dans les domaines de la sculpture et de l’architecture. «Mon sujet était le paysage, auquel j’ai intégré mon expérience de promeneur. «J’aborde ici l’espace de façon spontanée pour découvrir l’espace intérieur. Dans mon travail, il y a souvent les deux notions : la nature et la culture. Pour moi, ces deux éléments composent le paysage.»

L’installation met en valeur les couleurs de la nature et la notion de bâti. «Cet aspect est un peu ma démarche en tant qu’artiste immigrant, souligne le natif d’Argentine. À mesure que je me déplace, je bâtis, je construis des relations et un lieu de travail.»

M. Torres invite donc le spectateur à déambuler dans son installation, à s’arrêter et à s’asseoir pour ainsi devenir un acteur de son travail. «C’est aussi une invitation à rester et à échanger, comme dans une place publique.»

L’oeuvre se poursuit à l’extérieur, où une galerie permet au visiteur d’observer l’installation qui, la nuit, est entièrement illuminée.

MER DU VENT

Devant le Centre d’art, Emmanuelle Loslier et Camille Zaroubi offrent Mer du vent. L’installation est composée de 156 bouteilles de verre récupérées de distilleries québécoises. Les bouteilles pointent vers le fleuve. Selon leur angle et leur inclinaison, l’objectif consiste à ce qu’elles puissent capter le vent afin que celui-ci les fasse chanter.

«Camille et moi sommes architectes paysagistes et musiciennes, mentionne Emmanuelle Loslier. On aime beaucoup jouer avec le paysage sonore. Il est moins mis de l’avant, plus souvent associé au visuel qu’on voit.

«Il y a aussi l’aspect phénoménologique du projet avec le vent qui est un élément qu’on ne peut pas contrôler dans cette société où tout va vite. Ici, si on veut entendre l’installation, il faut être là au moment où le vent a décidé qu’il se levait dans la bonne direction.»

Les bouteilles sont ainsi disposées de manière à émettre un accord de trois notes. Issue de la philosophie du slow art, l’installation est une proposition satellite du Festival international de jardins des Jardins de Métis, situés aux portes de la région touristique de la Gaspésie.

Une oeuvre sonore sera créée par le musicien Antoine Létourneau-Berger à la fin juin, alors que des variations mélodiques de l’installation seront juxtaposées aux paroles et à la perspective auditive de membres de l’Association des personnes handicapées visuelles du Bas-Saint-Laurent.

LE MAG

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2022-06-25T07:00:00.0000000Z

2022-06-25T07:00:00.0000000Z

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