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LA VICTIME NE VA PAS BIEN

SÉBASTIEN HOULE shoule@lenouvelliste.qc.ca ISABELLE MATHIEU imathieu@lesoleil.com AVEC SYLVAIN ST-LAURENT ANI-ROSE DESCHATELETS adeschatelets@ledroit.com

Anxiété, idées suicidaires, maux physiques, hospitalisation encore récente. La victime d’un présumé viol perpétré par quatre joueurs des Olympiques de Gatineau, dans une chambre d’hôtel de Québec en 2014, ne va pas bien du tout. Et la perspective d’une réouverture de l’enquête par le SPVQ, comme on le laisse entrevoir, n’a rien d’un baume pour la Trifluvienne.

«Présentement, j’ai tellement de problèmes que je le vois comme un autre qui débarque», souffle la jeune femme, qui n’aurait pas encore été contactée par les policiers. «Je crois qu’ils vont le faire bientôt», anticipe-t-elle.

C’est en se rendant dans une chambre d’hôtel rencontrer «une connaissance», joueur des Olympiques, que la victime aurait été piégée. «Ils me tenaient “à la gang” pour ne pas que je bouge. Ils étaient trois à ce moment-là sur moi. J’avais peur, je pleurais», avait-elle confié à l’époque au 106,9 FM Mauricie, sous couvert de l’anonymat.

Les joueurs lui auraient présenté la chose comme «une initiation». La jeune femme aurait été ensuite agressée par un quatrième joueur, dans la salle de bain de la chambre d’hôtel, où elle avait tenté de se réfugier.

Il lui aura fallu plus d’un an avant de se présenter devant les policiers pour porter plainte, à Trois-Rivières. Ce sont les reportages sur une autre histoire de crime sexuel visant une demi-douzaine de joueurs de la même équipe, qui serait survenue dans les toilettes d’un restaurant de Gatineau l’année suivante, qui avait poussé la jeune femme à sortir de son mutisme. Une décision que la victime dit avoir maintes fois regrettée depuis.

L’actualité récente, qui a braqué les projecteurs sur Hockey Canada dans des histoires semblables à la sienne, a peu fait pour tempérer la douleur de la présumée victime. Si elle dit maintenant comprendre qu’elle n’est «pas seule à vivre avec ce trou à l’intérieur», la jeune femme reste profondément blessée de ne pas avoir été prise au sérieux au moment des faits.

«Les policiers n’étaient pas de mon côté. J’ai jamais vraiment compris le pourquoi. Tout ce que je sais, c’est que cette histoire m’a rendue malade, et encore aujourd’hui, après autant d’années, je ne suis toujours pas guérie», confie-t-elle.

«J’ai été hospitalisée en psychiatrie après cette histoire, car je voulais m’enlever la vie. J’étais tannée que les gens me traitent de pute. Encore aujourd’hui mon nom est associé à ça.»

En plus d’avoir fait face à des policiers qui auraient laissé sousentendre qu’elle inventait l’agression, elle raconte avoir été victime d’intimidation de la part de ses bourreaux. «J’ai retiré ma plainte, car j’étais tannée de me faire prendre pour une menteuse et j’étais tannée de me faire menacer», relate-t-elle.

Fragile, la jeune femme tente aujourd’hui de se reconstruire. Elle ne s’avance pas sur une éventuelle collaboration avec les autorités, si elle était appelée à témoigner dans la possible réouverture de l’enquête. «Je souffre déjà d’anxiété depuis cette nuit-là, j’ai pas la force de me battre pour prouver ce qu’on m’a fait», laisse-t-elle tomber.

LE SPVQ REFUSE DE CONFIRMER

Le député bloquiste dans la circonscription d’Abitibi-Témiscamingue et porte-parole du Bloc Québécois en matière de Sports, Sébastien Lemire, a expliqué jeudi soir avoir questionné le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau, à propos d’un viol collectif allégué touchant les Olympiques de Gatineau en janvier 2014 lors de son passage en comité permanent de la Chambre des communes.

Il y était pour étudier l’implication de Hockey Canada dans une affaire d’allégations d’agressions sexuelles commises en 2018 par d’autres joueurs niveau junior. «Il m’a répondu “qu’une enquête avait déjà eu lieu dans ce dossier. Or, si le Service de police manifeste de l’intérêt pour rouvrir cette enquête, nous allons certainement collaborer à l’enquête”». Le député dit avoir ensuite informé le Service de police de Québec de cette déclaration. «Et j’ai reçu par après un accusé de réception confirmant que les renseignements ont été transmis aux enquêteurs responsables pour analyse.»

Dans une réponse écrite envoyée vendredi matin aux médias, le Service de police de la Ville de Québec refuse néanmoins de confirmer ou d’infirmer que l’enquête en question fait présentement l’objet d’une révision. «Pour des raisons de confidentialité évidentes, nous ne pouvons pas vous communiquer de l’information concernant spécifiquement ce dossier, écrit le porte-parole David Pelletier. Cependant, sachez qu’un dossier est actif ou non, dès qu’un élément nouveau s’ajoute à ce dernier, l’enquête se poursuit.»

Depuis octobre 2017, un comité de révision de dossiers d’agressions sexuelles (REMAS) a été mis en place et toute demande de révision en la matière est traitée avec rigueur et diligence, assure le SPVQ. «Le SPVQ s’engage à supporter toute dénonciation comme dans tous les dossiers que nous menons», assure l’agent David Pelletier.

Appelés à commenter, les Olympiques de Gatineau ont affirmé être au courant que les autorités pourraient rouvrir l’enquête en question. «Nous allons offrir notre entière collaboration tout au long du processus, assure-t-on. Afin de respecter l’enquête en cours et de ne pas interférer dans le travail des policiers, nous ne commenterons pas le dossier davantage.»

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