LeSoleilSurMonOrdi.ca

PIÈGES ET DÉFIS POUR LA CAQ D’ICI LE SCRUTIN

JEAN-MARC SALVET jmsalvet@lesoleil.com

D’ici le 3 octobre, il faut s’attendre à ce que la Coalition avenir Québec mène une campagne plus prudente qu’en 2018. Elle jouait alors une espèce de quitte ou double politique. Ce ne sera pas le cas cette fois.

Ce sera la première fois que la CAQ aura un bilan gouvernemental à défendre, mais ce ne sera pas tellement un problème pour elle.

D’abord, parce qu’elle répond depuis déjà des mois aux critiques des partis d’opposition, que ce soit sur les services de garde, les médecins de famille, la pénurie de maind’oeuvre et tant d’autres dossiers. Il n’y aura rien de neuf sous le soleil de ce côté.

Ensuite, parce que la CAQ aura beau jeu de dire qu’elle était bien placée pour identifier les failles de l’État, devenues plus apparentes avec la pandémie, et pour prétendre dans la foulée qu’elle est justement bien positionnée pour les corriger.

Et comme François Legault et son équipe font très rarement de propositions sans tenir compte de l’opinion publique, tout cela ne devrait pas trop leur causer de problèmes dans les urnes.

De l’«opinion publique» au «consensus»… Il n’est pas faux de dire que la CAQ s’appuie sur des «consensus». Mais il faut rappeler ici qu’une décision n’est pas fondée en soi du seul fait qu’elle s’appuie sur une majorité d’électeurs ou de citoyens.

SUPER MAJORITÉ…

Si le défi de certains partis d’opposition est de limiter les dégâts lors du scrutin du 3 octobre, celui du gouvernement sortant est tout autre.

À la lumière des intentions de vote, François Legault risque même de devoir expliquer pourquoi il a besoin de plus de députés caquistes lors de la prochaine législature qu’il en a actuellement.

Ce serait bien normal qu’il ait à le faire. Car, insistons là-dessus, une super majorité parlementaire ne confère pas plus de pouvoir qu’une majorité très confortable.

C’est un beau problème pour la CAQ, pourrait-on dire. C’est vrai. Mais c’est tout de même une difficulté possible dans la mesure où, d’ici le jour du scrutin, les partis d’opposition — quitte à paraître à ce moment-là totalement désespérés — pourraient très bien faire valoir aux électeurs qu’un parlement ne joue pleinement son rôle que si une opposition forte y est présente. Et marteler ce clou.

Ce serait un argument qui se défendrait très bien et tout naturellement, car il est absolument vrai. Il possède plus de poids que celui de la CAQ voulant qu’un futur gouvernement caquiste de 90 députés ou plus, plutôt que de 76, jouirait d’un meilleur rapport de force face à Ottawa.

En lien avec ce défi de justification, le gouvernement sortant

devra aussi expliquer ce qu’il fera en cas de refus répétés et réitérés d’Ottawa aux demandes qu’il ne manquera pas de lui reformuler sous peu.

Il cherchera à s’en tenir à sa formule habituelle, soit qu’il finira par convaincre le gouvernement du Canada. Il plaidera également que le fait de pouvoir compter sur plus de députés caquistes à l’Assemblée nationale l’y aiderait…

Bien que M. Legault soit parvenu à réconcilier nombre de fédéralistes et de souverainistes québécois, sa vision du Canada demeure bien différente de celle du gouvernement de Justin Trudeau. Il se heurte à une autre vision du Canada que la sienne — tout comme c’est le cas pour d’autres provinces.

Le premier ministre peut certes et très clairement afficher plusieurs gains face à Ottawa depuis quatre ans. Mais pas sur des fronts qu’il qualifie lui-même d’indispensables. Pensons aux transferts en santé ou à sa volonté d’élargir les pouvoirs et les prérogatives du Québec en matière d’immigration.

Malgré tout, François Legault a gagné son pari de faire exister cette «troisième voie». L’état du Parti québécois et du Parti libéral du Québec en témoigne.

Au fond, lors de la campagne à venir, M. Legault devra surtout veiller à ne pas émettre à un moment ou l’autre une déclaration malencontreuse ou malheureuse. Il devra veiller à ne pas entamer cette confiance dont il bénéficie au sein d’une bonne partie de la population québécoise.

Une seule vraie question demeure ouverte : jusqu’où ira-til dans ses promesses de baisses d’impôt et montera-t-il le curseur pour, entre autres, réduire ou tenter de réduire l’espace du Parti conservateur du Québec dans les régions de Québec et de Chaudière-Appalaches?

Toute la semaine, Jean-Marc Salvet a proposé une série d’articles sur la situation et les défis des principaux partis politiques québécois à l’aube des élections. Parus cette semaine dans nos éditions numériques : › Un ultime appel du PQ aux souverainistes caquistes? (mardi)

› Éric Duhaime : jouer les trouble-fête sans trop de controverses… (mercredi) › Québec solidaire : concilier ambition et crédibilité (jeudi)

› PLQ : après des marches en rond, un scrutin-étape (vendredi)

ACTUALITÉS

fr-ca

2022-08-13T07:00:00.0000000Z

2022-08-13T07:00:00.0000000Z

https://lesoleil.pressreader.com/article/281573769476210

Groupe Capitales Media