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PLUS CHANCEUX QUE MÉCHANT?

JEAN-SIMON GAGNÉ

Né en 1967 au Tadjikistan, Viktor Bout a toujours été discret sur sa jeunesse. Il est vrai que son aventure commence vraiment avec la disparition de l’Union soviétique, à la fin de 1991. Pour la plupart de gens, le chaos économique constitue une catastrophe. Mais pour des ambitieux comme Viktor Bout, cela constitue une chance à saisir.

Au début des années 90, la Russie et les anciennes républiques soviétiques sont ruinées. Leur ancienne armée aussi. Des dizaines d’avions de transport militaires ne servent plus à rien. Des millions d’armes rouillent dans les entrepôts. Tout s’achète et tout se vend. Rien qu’en Ukraine, de 1992 à 1998, on estime que des armes d’une valeur totalisant 32 milliards $ disparaissent sans laisser de traces.

Dans sa première vie, Viktor Bout fréquentait l’Institut militaire des langues étrangères de Moscou, souvent décrit comme une pépinière pour les services de renseignements soviétiques. Il avait appris au moins six langues. Plus tard, il travaillait comme traducteur militaire en Angola, un pays allié de l’URSS.

Dans sa seconde vie, qui commence avec la fin de l’URSS,

Viktor Bout devient millionnaire. Pour commencer en affaires, on raconte qu’il aurait acheté trois avions de transport Antonov pour la modique somme de 120 000 $. Il se fiche de ce que les clients mettent à bord, du moment qu’ils le payent. Du poulet congelé? Des croquettes? Des mitraillettes? Quelle différence?

En 2014, le documentaire The Notorious Mr Bout présente de nombreux extraits de films tournés par Viktor Bout et par ses proches. On y découvre un marchand d’armes bedonnant, souriant, toujours vaguement surpris par ce qui lui arrive. Monsieur s’étonne du souffle dégagé par un lance-roquette. Il éclate de rire en brandissant un poignard. Il se trémousse maladroitement sur un air disco. Dans l’intimité, le marchand de mort ressemble davantage à Elvis Gratton qu’à James Bond.

Au fond, Viktor Bout a été «plus chanceux que méchant», dira un critique.26 Peut-être. Il faudrait demander leur avis aux milliers de personnes tuées par les armes qu’il a livrées, au fil des ans. Peutêtre qu’elles ne seraient pas tout à fait d’accord...

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2022-08-13T07:00:00.0000000Z

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