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ENTREZ DANS UNE MAISON DES AÎNÉS

Leurs coûts ont doublé, les échéanciers se sont étirés. Mais les premières maisons des aînés du gouvernement Legault sont sur le point d’accueillir des résidents. Presque à temps pour les élections. Principal legs de la ministre Marguerite Blais, qui a te

OLIVIER BOSSÉ obosse@lesoleil.com

Tout le monde a déjà son avis sur les maisons des aînés, mais personne n’y a encore mis les pieds. Mardi, Le Soleil a visité celle du secteur Saint-Étienne, à Lévis.

Le bâtiment blanc de trois étages aux grandes fenêtres situé en bout de rue, dans un nouvel ensemble résidentiel, devrait être fini de construire à la fin de septembre. Ses premiers usagers y emménageront à la fin de novembre ou début décembre.

«Je trouve qu’il y a une beauté dans ces maisons-là, conçues pour entre 75 et 100 ans et où les coûts seront étalés sur toute cette période-là», a déclaré la ministre Blais, durant le tour guidé qu’elle a mené durant une heure, pour une vingtaine d’invités.

La facture des 46 maisons des aînés et alternatives s’élèvera à 2,8 milliards $ d’argent public pour 3480 places. Un calcul simple aboutit au prix moyen «par chambre» surpassant 800 000 $.

«Je n’aime pas la comparaison de 800 000 $ par chambre», intervient tout de suite la ministre, quand on évoque ce chiffre. «Ce n’est pas [juste] une chambre, c’est un milieu de vie, un environnement. Chaque maisonnée a une cuisinette, une salle à manger, un salon, il y a des espaces occupationnels, il y a de la ventilation mécanique, des cuisines pour séparer le souillé du propre. On voit que ce n’est pas 800 000 $ par chambre, que c’est réparti sur l’ensemble des maisonnées», a-t-elle insisté.

«Les coûts ont explosé depuis la pandémie, mais en même temps, on construit pour longtemps. Tant qu’à construire, pourquoi on ne le fait pas de façon efficiente, de façon durable? On a le devoir en tant que Québécois, de donner un milieu de vie digne à nos personnes jusqu’à la fin de leurs jours», tranche Mme Blais.

Le prix a doublé depuis les premières annonces du gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ), en 2019.

«C’est pour le bien-être de nos aînés et un jour, nous aussi allons être des

aînés. On va apprécier d’avoir des lieux sécuritaires, des milieux de vie et non des semblants d’hôpitaux qui te soignent. C’est normal qu’on soit porté à souligner les coûts, mais si on veut avoir une omelette, il faut casser des oeufs!» a renchéri le député de l’endroit, Marc Picard, qui accompagnait la ministre.

Les deux élus caquistes ne se représentent pas aux élections du 3 octobre. Ils assurent ne pas faire campagne avec une telle sortie médiatique. Cette activité était prévue de longue date, jurent-ils. Coïncidence que la visite survienne la veille de la présentation officielle de la nouvelle candidate de la CAQ dans Chutes-de-la-Chaudière, l’exjournaliste de Radio-Canada Martine Biron, qui souhaite remplacer M. Picard pour le même parti.

DANS TOUS LES DÉTAILS

Les trois quarts des places promises en maisons des aînés et alternatives seront livrés cet automne, soit 2600. Les bâtisses de Lévis, de Sherbrooke et de Rivièredu-Loup ouvriront les premières. Les dernières iront en 2024; trois des 46 n’ont même pas encore commencé à être creusées.

À Lévis, à terme, ce sera 120 places, soit 10 unités de 12 personnes. On parle dans ce cas de 96 personnes âgées en perte d’autonomie et de 24 adultes plus jeunes handicapés ou autistes, qui auront leurs deux unités réservées.

La visite a permis de voir l’unité la plus avancée, presque finie.

Chambres à climatisation individuelle, lits médicaux articulés Umano fabriqués à L’Islet, lèvepersonne encastré au plafond pour mener le patient du lit à sa salle de bain privée. Qui n’a pas de bain — qui est une autre salle partagée —, mais bien une douche sans rebord à enjamber et une toilette. Chacun a son armoire à literie à la porte. Il y a même certaines chambres extralarges pour les personnes obèses.

Le propre et le sale ne se côtoient ni dans la cuisine ni dans la buanderie, pour éviter la contamination. Les employés ne feront pas la vaisselle au même endroit qu’on fera à manger. Autre apprentissage de la COVID-19. Les salles de travail ne se mélangent pas avec les salles de vie.

Lors de la visite, l’unité visitée avait fait l’objet d’un savant home staging avec un chevalet pour peindre ici, une table basse et quelques jouets pour la visite des petits-enfants là. Aussi un fer à repasser.

Même le revêtement du plancher a été étudié et choisi pour faciliter les déplacements tout en évitant de glisser. Deux petits appartements 1 1/2 sont aménagés dans l’immeuble pour des proches aidants en visite. Demande des familles de l’extérieur, précise le député Picard.

Dehors, des balcons et dans la cour, deux jardins. Tout cela à trois coins de rue d’une école primaire et de la bibliothèque municipale.

85 % DES EMPLOYÉS TROUVÉS

La ministre Blais rappelle que l’espérance de vie moyenne dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) du Québec est de 24 mois. Sans dire qu’une maison des aînés allongera leur vie, elle croit que ses résidents pourront au moins vivre ces mois «plus dans la dignité».

On dirait de minihôpitaux où il fait bon vivre. Sans l’urgence, chirurgies et autres. «Je n’aime pas le mot hôpital, parce que ça me rappelle les CHSLD qui sont souvent hospitalo-centriques. Mais la réponse est oui, parce que c’est un endroit pour prendre soin des gens. Nos personnes qui vivent en CHSLD sont de plus en plus vulnérables et elles ont besoin de soins. On veut un milieu de vie jumelé à des soins», a indiqué Mme Blais.

L’accès aux places des maisons des aînés passe par le même système que pour les CHSLD. Le prix est aussi le même, insiste la ministre.

À Lévis, des 144 employés à trouver, 85 % sont déjà recrutés et 28 % sont de nouveaux employés au sein du CISSS.

«Ça fait des années que je suis en discussion avec le CISSS pour avoir un CHSLD, dans le temps, parce que c’était le modèle. Puis à l’élection de 2018, la CAQ a proposé les maisons des aînés. J’ai tout de suite rencontré Mme Blais avec le pdg du CISSS pour vendre l’idée qu’on avait un besoin à l’est de la rivière Chaudière, c’est-à-dire à Saint-Étienne», a expliqué M. Picard, comme quoi le projet de date pas d’hier.

Avec ses 120 places, la maison des aînés de Lévis se classe parmi les plus grosses au Québec. Celle de Saint-Jean-sur-Richelieu et ses 196 futurs résidents arrive première.

«Les coûts ont explosé depuis la pandémie, mais en même temps, on construit pour longtemps»

— La ministre Marguerite Blais

LE POINT

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2022-08-13T07:00:00.0000000Z

2022-08-13T07:00:00.0000000Z

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