Scandales dans le sport : là où le vrai travail commence

Les révélations de plus en plus nombreuses par les médias de cas d’abus sexuels et psychologiques d’athlètes de niveau amateur au Canada choquent l’opinion publique. Les scandales et allégations éclaboussant les fédérations liées au hockey, à la gymnastique, à la nage synchronisée et à la boxe portant sur des comportements criminels et non éthiques d’entraîneurs envers leurs athlètes jettent un voile sombre sur la culture du sport canadien. Cela touche par le fait même les fédérations sportives au Québec.

En 2018, une étude menée par Sylvie Parent, chercheuse à l’Université Laval, auprès de 1000 athlètes âgés de 14 à 17 ans évoluant dans le sport organisé au Québec, révélait que plus d’un quart d’entre eux (28 %) avaient été victimes d’un épisode de violence sexuelle. Selon les données colligées, les jeunes avaient été victimes de gestes non seulement de la part d’entraîneurs, mais aussi de coéquipiers. Un an plus tard, une enquête de CBC montrait que 340 entraîneurs du Canada avaient été accusés d’un délit sexuel entre 1998 et 2018. Une autre étude, menée par Athlètes CAN, en collaboration avec l’Université de Toronto en 2018, portant sur la prévalence des diverses formes de mauvais traitements, a démontré que la violence psychologique est beaucoup plus répandue qu’on pourrait le croire. L’intimidation, les abus verbaux et l’humiliation font ainsi partie de la réalité de plus de 20 % d’un millier d’athlètes âgés d’au moins 16 ans ayant participé à cette étude.

Et l’onde de choc n’est vraisemblablement pas terminée. La vague de dénonciations serait encore loin de son ressac.

Voilà, c’est que le gouvernement du Québec, par le biais de la ministre déléguée à l’Éducation Isabelle Charest, responsable des dossiers concernant le sport, les loisirs et les saines habitudes de vie, établit une politique d’intégrité quant à l’encadrement du sport au Québec. Cette politique, résultat d’une table de concertation tenue en 2021, a été transmise à toutes les fédérations sportives québécoises pour qu’elles la fassent leur et l’appliquent auprès de leurs membres.

Il était urgent de le faire. Il fallait mettre en place des dispositifs de dénonciation et d’encadrement des comportements de la part d’entraîneurs, d’athlètes, de parents et de gestionnaires de fédérations sportives, de manière que l’ensemble des jeunes athlètes se sentent en sécurité dans la pratique de leur sport et ainsi qu’ils persistent dans la pratique saine d’activités physiques tout au long de leur vie.

À ce stade, certaines questions s’imposaient : en tant que société, devons-nous, pour nos enfants, promouvoir la passion obsessionnelle de la victoire sur l’autre et donc de la médaille à tout prix ou installer un environnement de pratique sportive sain, favorisant une passion harmonieuse pour le dépassement de soi?

L’instauration de cette politique d’intégrité, dans la vision ultime de développement de citoyens, est-elle suffisante? Autrement dit, forme-t-on de futurs citoyens et des intervenants oeuvrant auprès d’eux seulement par la peur de représailles? Certes non. Cependant, la ministre Isabelle Charest et son homologue fédérale Pascale St-Onge, de même que toutes les fédérations, regroupements et réseaux ont initié judicieusement le boulot de refonte du système. Mais le chantier est beaucoup plus vaste qu’il n’y paraît.

De ce point de vue, il est essentiel de profiter des immenses possibilités qu’offre le sport, en tant que catalyseur de saines habitudes de vie et de modélisateur de comportements citoyens éthiques.

Maintenant, il est temps de mettre en chantier tout le volet pédagogique quant à la formation éthique des entraîneurs et, ne l’oublions pas, des éducateurs physiques qui interviennent eux aussi en première ligne auprès des jeunes athlètes d’élite, de participation et d’étudiants.

Et c’est là que le vrai travail commence. Aussi compliqué, mais plus complexe. Celui qui exigera un leadership véritable, axé sur une vision sociétale saine à long terme!