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Silence ou soyez malheureux!

LISE RAVARY CHRONIQUE Collaboration spéciale lravary@yahoo.com

Il existe désormais des sujets de société — on ne peut plus actuels — que les journalistes et leur média n’osent pas couvrir ou commenter, de crainte de devenir la cible de groupuscules militants, parfois haineux, qui voient les choses autrement.

Ils peuvent vous détruire une réputation en deux tweets et trois statuts Facebook.

Parlez-en à J.K. Rowling, la mère d’Harry Potter, cette fée de l’imaginaire qui a ouvert les portes de la lecture à des millions d’enfants dans le monde, rejetée d’anciens amis, protégés et admirateurs.

Son crime? Elle a défendu une chercheuse britannique congédiée pour avoir critiqué ces lois qui permettent maintenant aux personnes trans de changer légalement de sexe par la magie de l’auto identification de genre, sans modifier leur corps. (C’est le cas au Québec et en Grande-Bretagne, patrie de l’auteure.)

«Je sais donc je suis.»

En 2019, J. K. Rowling a twitté : «Habillez-vous comme vous le voulez. Appelez-vous ce que vous voulez. Couchez avec n’importe quel adulte consentant qui le veut. Vivez bien en paix et en sécurité. Mais faire congédier des femmes parce qu’elles croient que les sexes [masculin et féminin NDLR] existent bel et bien?»

J.K. Rowling est-elle réellement «transphobe»? J’en doute. Mais sa mésaventure a lié des langues. Par exemple, au Canada anglais, et en Europe, la controverse au sujet des enfants trans est débattue dans les médias grand public.

Ici, personne ne veut toucher à cela. Si ce n’est que pour opiner du bonnet que d’administrer de puissantes hormones à des enfants prépubères en questionnement de genre, y’a rien là.

Trop de mouvements militants dits progressistes s’enfoncent dans l’intolérance qu’ils prétendent dénoncer. Quand les organisateurs de défilés de la Fierté excluent des participants gais, en civil, parce qu’ils travaillent comme policiers dans la vie de tous les jours, on appelle cela comment? Inclusif?

Cette nouvelle chape de plomb empêche même des intellectuels respectés de débattre sur la place publique de sujets devenus polarisants. Je pense à la prostitution, désormais une affaire de choix personnel qui déchire les féministes; l’inclusion d’enfants ayant de graves difficultés d’apprentissage ou de comportement dans les classes régulières; le retour de l’internement pour ces patients dont la maladie mentale peut mettre la sécurité de leurs proches et du public en danger.

Quelles féministes oseraient dire que les drag queens caricaturent les femmes, comme le blackface les Noirs? Et pourtant, plusieurs le pensent.

Parlons des mères porteuses, le nec plus ultra dans l’exploitation du corps des femmes. Dans les faits, nous n’en parlons pas.

Que dire de cette supposée toxicité masculine qui affligerait «l’autre» moitié de la population mondiale comme si les hommes étaient tous des salauds en puissance? Quand des femmes se gargarisent avec ce mensonge, qui questionne leur misandrie, un mot rarement prononcé qui désigne la haine des hommes? Le contraire de la misogynie, elle, avec raison, décriée.

Bonne chance à celles, et surtout aux hommes qui oseraient dire que les femmes aussi peuvent être violentes, manipulatrices et menteuses. Je rêve du jour ou le mythe du «nous les saintes femmes», meilleures patronnes, meilleures politiciennes, meilleurs parents, etc., s’effondrera enfin. Nous sommes égales ou nous ne le sommes pas. Faut choisir.

La liberté d’expression en prend sur la gueule, ces jours-ci. Les jeunes surtout m’inquiètent.

Pendant le printemps étudiant de 2012, chaque jour des

Trop de mouvements militants dits progressistes s’enfoncent dans l’intolérance qu’ils prétendent dénoncer

journalistes étaient injuriés, malmenés, chassés de conférences de presse parce que leurs employeurs, de TVA au Devoir, ne plaisaient pas aux autorités étudiantes révolutionnaires autoproclamées.

Autrement dit, si tu deviens une courroie de transmission pour notre message, on t’accepte. Sinon, surveille tes arrières.

De la part d’étudiants universitaires, c’est stupéfiant, non? De quoi, de qui, ces défenseurs du point de vue unique ont-ils peur?

Une seule solution s’impose : les gens qui bénéficient d’une tribune médiatique doivent prendre des risques au nom de l’information du public et parler de ces nouveaux tabous étouffants malgré les curés qui rôdent.

Comme le répétait le plus formidable de mes patrons : «tout se dit, ça dépend comment.»

Le silence, l’esquive, l’agression préventive n’engendrent que le faux, l’outrance et la zizanie et abiment la démocratie.

Chapeau à ceux et à celles qui osent, mais il en faut plus.

J’attends les tomates. Ça tombe bien, elles sont en saison.

PLACE PUBLIQUE

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