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GRIMSLEY ET LES FAUSSES NOUVELLES

IAN BUSSIÈRES ibussieres@lesoleil.com

Le terme «fausses nouvelles» a été popularisé ces dernières années avec l’émergence des réseaux sociaux, mais ce n’est pas d’aujourd’hui que des «nouvelles» un peu douteuses sont publiées concernant des personnalités publiques. Parlez-en à Ross Grimsley, l’ancien lanceur des Expos de Montréal, des Orioles de Baltimore, des Indians de Cleveland et des Reds de Cincinnati qui était récemment de passage au Québec.

«Durant ma carrière, il s’est publié toutes sortes de conneries à mon sujet, des trucs qui n’avaient rien de vrai. Je ne sais pas pourquoi ça tombait toujours sur moi, mais c’est arrivé très souvent que des gens “embellissent la vérité”», raconte Grimsley, en réponse à une question de l’auteur de ces lignes concernant une supposée altercation avec l’ancien gérant des Reds, Sparky Anderson, qui aurait réclamé qu’il soit échangé parce qu’il avait les cheveux longs.

«Ça, ce n’est jamais arrivé! Tu n’as qu’à aller voir mes cartes de baseball des Reds : je n’avais pas de moustache et je n’avais pas les cheveux longs à cette époque [NDLR : Vérification faite, Grimsley dit vrai]. Avec les Orioles, oui, mais pas avec les Reds. Je n’ai jamais eu de conflit avec Sparky à cause de ça. Ça n’est jamais arrivé!», explique Grimsley.

Le lanceur ne s’explique d’ailleurs pas pourquoi cette histoire figure entre autres dans le livre In Pursuit of Pennants: Baseball Operations from Deadball to Moneyball de Mark L. Armour et Daniel R. Levitt.

SORCELLERIE

Encore plus bizarre, cette histoire publiée dans plusieurs médias voulant que l’original gaucher du Kansas consulte régulièrement une «sorcière» qui lui aurait remis un fétiche porte-bonheur pour l’aider à sortir d’une léthargie...

«Cette histoire a commencé parce qu’un journaliste m’a remis une pierre enveloppée dans du fil qui lui aurait été remise par une “sorcière” pour qu’elle me la donne. Je l’ai simplement gardée dans mon casier. Oui, j’ai gagné quelques matchs, mais un moment donné, quand ça s’est mis à aller moins bien, des gens me disaient de consulter de nouveau la “sorcière”! Je n’ai jamais été en contact avec quiconque qui prétendait pratiquer la sorcellerie et je n’ai jamais cru à la sorcellerie. Voyons donc! Cette histoire a été exagérée, disons-le!»

DES TATOUS

Grimsley a cependant été l’artisan de la plus célèbre fausse nouvelle parue à son sujet, une blague qu’il avait orchestrée pour se venger du journaliste sportif Terry Pluto. Celui-ci avait été plutôt sévère avec Grimsley durant l’année de misère qu’il avait passée à Cleveland.

«Terry m’a téléphoné et m’a demandé ce que je devenais. Je lui ai dit, sans rire, que j’élevais des tatous! Il m’a demandé où, j’ai dit au nord de Baltimore. Il m’a demandé j’en avais combien, j’ai répondu 250... et ça a continué comme ça pendant un bon bout de temps! Je lui ai expliqué en détail le fonctionnement de ma “ferme de tatous”, qui n’existait pas bien sûr», rigole-t-il.

Deux semaines plus tard, Grimsley reçoit un appel de ses parents. Son père venait de lire le Sporting News... «Veux-tu bien me dire quelles conneries tu racontes? Une ferme de tatous! Tu sais bien que c’est impossible, car il n’y a pas de tatous ici!», lui a-t-il lancé, indigné.

«Là, je me suis dit... Oh mon Dieu... Terry a cru à mon histoire et l’a publiée!» Évidemment, Pluto a vite su qu’il s’était fait avoir par Grimsley, mais les relations sont tout de même demeurées bonnes entre les deux hommes.

«Des années plus tard, j’ai invité Terry à mon podcast et on a reparlé de tout ça. Il a dit qu’il était jeune à l’époque et que je l’avais bien eu et on en a bien ri!», se souvient Grimsley, qui allait plus tard devenir entraîneur dans le baseball indépendant pour une équipe à Amarillo, au Texas.

«Imagine, l’équipe s’appelait les Amarillo Dillas et leur logo était... un tatou! Disons que j’avais trouvé ça bien drôle quand ils m’ont engagé!», poursuit Grimsley, qui a été entraîneur jusqu’en 2014 après sa carrière de lanceur.

«J’ai passé mes dernières années dans l’organisation des Giants de San Francisco, la période de 2010 à 2014 où l’équipe a remporté trois Séries mondiales. J’ai vu passer Brandon Crawford, Buster Posey, Joe Panik... On avait vraiment un bon groupe de joueurs.»

LES EXPOS

Et bien sûr que Grimsley garde un bon souvenir de ses deux années avec les Expos, notamment la première où il a signé 20 victoires et maintenu une moyenne de points mérités de 3.05. «C’était fantastique, j’ai eu beaucoup de plaisir à Montréal avec Ellis Valentine, Gary Carter, Steve Rogers, André Dawson. J’aurais aimé rester plus longtemps!»

Durant cette première saison à Montréal en 1978, Grimsley avait lancé 263 manches. Il en avait lancé 295 à Baltimore quatre ans plus tôt, des chiffres qui donnent le vertige dans le contexte du baseball d’aujourd’hui, où on surveille de près le nombre de lancers des artilleurs.

«Oui, on lançait beaucoup à l’époque, mais on savait qu’il ne fallait pas “surlancer” durant les matchs. Aujourd’hui, c’est comme si les gens qui sont responsables des lanceurs ne le savent pas ou s’en foutent carrément», conclutil en mentionnant la propension des jeunes lanceurs à vouloir tenter régulièrement d’atteindre la vélocité maximale et l’impact de tout cela au niveau des blessures.

MAG SPORTS

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2022-08-13T07:00:00.0000000Z

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