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TOLÉRANCE ZÉRO

MARIKA VACHON mvachon@latribune.qc.ca

Les deux dernières années ont engendré plusieurs revirements de situations dans le milieu culturel québécois, notamment celui des arts de la scène. Le monde de la production théâtrale a en effet vécu son lot de péripéties.

Alors que les spectacles Le dîner de cons et Les voisins ont repris leur tournée au Québec sans annulation COVID depuis le début de l’été, Mario Provencher, du groupe théâtral Monarque qui produit les deux pièces, fait valoir que l’expérience prépandémique a largement servi ces deux productions. Au coeur de la pandémie, la production avait instauré plusieurs mesures afin de protéger ses équipes.

«Tolérance zéro, masque à temps plein, on s’isolait entre nous et chacun devait utiliser sa voiture personnelle afin d’éviter les transports en commun», raconte le producteur et directeur général chez Monarque.

Des modifications aux mises en scène ont aussi été apportées afin d’imposer une distance entre les comédiens. Et comme plusieurs d’entre eux travaillaient parallèlement avec différentes bulles sur d’autres projets, la production a dû être doublement vigilante. «On a des comédiens qui travaillent sur des séries en même temps aussi. On a voulu s’assurer que personne n’ait de problème», mentionne Mario Provencher.

Depuis la reprise des tournées au début de l’été, l’équipe de production a séparé les différents secteurs d’organisation de chaque spectacle. «On a créé des frontières virtuelles entre les gens d’administration, l’équipe technique et nos acteurs. On ne mélange pas les groupes, et si un va dans un autre, on exige le port du masque», précise encore le directeur général de Monarque.

Les rencontres des comédiens avec le public qui avaient lieu après les représentations n’ont toujours pas repris afin de limiter les risques, et les comédiens sont invités à demeurer dans leur bulle, pendant toutes les étapes de préparation, et ce, jusqu’à la présentation du spectacle.

«On demande des efforts énormes à tout le monde. Les comédiens sont là, debout, vulnérables devant 1200 personnes qui rient à gorge déployée devant eux sans masques. Et nous, on essaie comme on peut de se protéger», ajoute-t-il.

Le producteur souligne aussi devoir s’ajuster cet été aux «orientations qui ne sont pas claires du gouvernement», jugeant que «réglementations sont floues» pour les équipes de production.

BIEN-ÊTRE ET CASSE-TÊTE

Mario Provencher et son associé chez Monarque, le comédien et animateur André Robitaille, poursuivent par ailleurs leur travail avec en tête l’objectif de conserver le souci créatif. «Toutes les mesures qu’on avait mises en place étaient pour s’assurer que le spectacle qu’on allait faire soit à la hauteur de ce que le monde voulait voir», souligne Mario Provencher.

«Peu importe les mesures, l’essentiel «c’est de faire un spectacle et de faire en sorte qu’il soit bon sur scène, et ce, autant pour le public que pour les comédiens», fait-il valoir en notant qu’il souhaite aussi s’assurer du confort de l’équipe dans toute cette situation. «Ils me trouvent fatigant de répéter et de les prendre individuellement pour voir jusqu’où est leur confort dans tout ça.»

Malgré les risques, la production n’a pas recours à des doublures en cas de contamination d’un ou plusieurs comédiens, préférant le cas échéant annuler ou reporter le spectacle. «Ce ne serait pas viable, et de toute façon, les gens viennent souvent voir des acteurs qu’ils aiment, explique Mario Provencher. Cependant, on utilise une doublure lorsqu’on peut prévoir d’avance l’absence d’un comédien pour un ou plusieurs spectacles.»

Créée à l’été 2019, Le dîner de cons a bien sûr subi les soubresauts des mesures sanitaires des deux dernières années, voguant de reports en reprises, de ventes de billets en remboursements de masse. «Il y a des gens qui ont leurs billets pour Le dîner de cons ou pour Les voisins depuis trois ans», note Mario Provencher en se réjouissant que Le dîner de cons soit presque entièrement complet

cet été à Drummondville, hormis les deux représentations qui viennent tout juste d’être ajoutées pour le 28 août.

«Un exploit auquel on ne croyait plus. Depuis deux ans, on n’y rêvait plus», raconte le directeur général à propos de ce spectacle déjà prévu à Québec, Gatineau, L’Assomption, Brossard et Saguenay en 2023.

Les voisins est aussi à l’affiche un peu partout au Québec au cours des prochains mois afin de reprendre le temps perdu, ajoutant des supplémentaires lorsque les disponibilités le permettent. Faute de disponibilités, certaines dates ont par contre dû être reportées à 2023.

«C’est comme un entonnoir de tout ce qui a été déplacé dans les dernières années. Ceux qui ont 5,10,15 spectacles à tasser, c’est une mission assez périlleuse», précise le directeur général, en espérant un retour en salles à long terme du public.

«Les années à venir sont incertaines, ça va prendre de bons produits sur les scènes. Le gouvernement a beau faire de la publicité pour inviter les gens à revenir en salles, ce n’est pas ça qui va les remplir. Ce sont des spectacles et des produits d’appel fort qui vont faire en sorte que les gens auront envie de revenir en salles», ajoute Mario Provencher.

ARTS

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2022-08-13T07:00:00.0000000Z

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