LeSoleilSurMonOrdi.ca

VALÉRIE DESROCHES, UNE QUÉBÉCOISE EXCEPTIONNELLE QUI FAIT DU KARATÉ

JEANCHRISTOPHE MATTE, JOURNALISTE STAGIAIRE

Nous te présentons aujourd’hui Valérie Desroches, qui est autiste et dyspraxique. Elle a beaucoup souffert durant son enfance, parce qu’elle était différente des autres. Mais elle a trouvé refuge dans le karaté! Elle a d’ailleurs remporté la médaille d’or en parakaraté dans un tournoi en Floride, le mois dernier. Elle fait également un baccalauréat en psychologie à l’UQAM. Jean-Christophe s’est entretenu avec elle.

Q Peux-tu m’expliquer ce qu’est l’autisme? Et la dyspraxie?

R J’ai des difficultés à entrer en relation avec les gens. Je me suis quand même améliorée au fil des années, mais quand j’étais petite, je n’étais pas capable de regarder les gens dans les yeux. J’avais d’autres centres d’intérêt, je lisais le dictionnaire toute seule à la récréation. L’autisme, c’est aussi accepter des défis au niveau sensoriel, comme le bruit pour moi. C’est très difficile d’aller dans un centre commercial avec tous les bruits. J’ai également de la difficulté à gérer les changements, les imprévus. Quand je n’ai pas d’horaire, je ne fonctionne pas du tout.

Concernant la dyspraxie, c’est des difficultés au niveau de la motricité fine surtout, c’està-dire tous les petits gestes, comme tourner une poignée de douche, couper un steak, attacher des boutons, etc. Au niveau de la motricité globale, je peux courir croche. Mais quand c’est une chose à la fois, je fonctionne très bien.

Q Comment tes handicaps t’affectent-ils dans ton quotidien?

R La dyspraxie me dérange plus que l’autisme, parce que c’est très épuisant. Donc il faut doser la journée, parce qu’à la fin de celle-ci, je peux être très fatiguée. Je vis quand même bien avec l’autisme. Ce qui est vraiment dommage avec l’autisme, c’est qu’on dépend souvent du degré d’ouverture des gens. Il y a des personnes qui vont vraiment t’accepter et te trouver géniale. Il y en a d’autres qui te trouvent bizarre.

Q Comment étaient tes relations avec tes amies à l’école? Est-ce qu’ils acceptaient que tu sois différente?

R C’était vraiment difficile. À l’âge de 6 ans, je sentais que j’étais différente dans la classe. Je n’entrais pas dans les sujets de conversations et je me suis même fait dire que je n’étais pas intelligente. Malheureusement, il y a eu beaucoup d’intimidation. Je me faisais lancer des vers de terre, me faisais pousser par terre ou rire de moi. Ce qui m’a permis de m’accrocher à la vie, c’est le karaté entre autres. J’en fais depuis l’âge de 9 ans.

Q Tu es championne du monde en parakaraté. Qu’est-ce que ça représente pour toi de remporter ce tournoi?

R C’est une grande victoire pour moi, considérant mes handicaps. Ça m’a pris beaucoup de temps pour me rendre là. Je regarde un peu la médaille, mais je regarde surtout l’histoire qu’il y a derrière. J’ai vécu beaucoup d’exclusion dans le karaté aussi. J’ai changé trois fois de club. Des fois, on ne voulait pas m’enseigner et on m’envoyait faire mes katas toute seule dans un coin. Je veux être un modèle et montrer aux gens que peu importe tes difficultés, tu dois aller au bout de toi-même. Même si c’est long et qu’il y a des obstacles, je pense qu’on peut réaliser nos rêves quand on y croit vraiment.

Q Quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui sont dans une situation semblable à la tienne?

R C’est important de bien se connaître. Mieux on se connaît, mieux on peut fonctionner. C’est tellement important de maximiser ses forces et d’aller au bout de nous-mêmes. De ne pas laisser les gens t’empêcher de réaliser un rêve. C’est toi qui es responsable de ton rêve et de ce que tu veux dans la vie.

En plus, Valérie a fait mentir tous ceux qui ne croyaient pas en elle et qui lui disaient qu’elle n’était pas intelligente en se rendant jusqu’à l’université!

LE P’TIT MAG

fr-ca

2022-08-13T07:00:00.0000000Z

2022-08-13T07:00:00.0000000Z

https://lesoleil.pressreader.com/article/283231626852466

Groupe Capitales Media