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HORTUS : L’HEURE DU BRUNCH

SOPHIE MARCOTTE Collaboration spéciale smarcotte@lesoleil.com

Aller bruncher un jour de semaine figure parmi mes astuces favorites pour me sentir en vacances quand j’en ai assez de travailler. Mais les restos qui offrent cette possibilité sont rares dans la capitale. Le bistro Hortus, dans le VieuxQuébec, fait partie des exceptions. Récit d’une visite qui m’a laissée mi-figue mi-raisin.

Quand j’ai réalisé que j’avais réservé au Hortus le vendredi papal, j’ai eu envie de changer de journée, craignant que le secteur soit envahi de hordes de fidèles — le resto est situé à quelques pas de l’archevêché. J’ai bien fait de ne pas modifier mes plans : en arrivant, mon amie Karine et moi avons été surprises de constater que la rue Saint-Jean était presque déserte, tout comme la terrasse du Hortus. Seul un hélicoptère survolant le périmètre nous rappelait la présence du Saint-Père.

Un midi tranquille, donc, pour ce bistro qui a remplacé Le Tournebroche, toujours avec Stéphane Roth à la tête des cuisines et associé à Guy Collin. Karine et moi ne nous plaignons pas de cette quiétude, attablées à l’ombre sur la terrasse décorée de vire-vent faits de fourchettes et de cuillères. Tant pis si nous retournons travailler après le repas, nous simulons le farniente en commandant des mimosas, ici bonifiés de téquila et de sirop de mangue. Des souvenirs de voyage dans le Sud affleurent après la première gorgée.

EN DENTS DE SCIE

J’aurais aimé tester un brunch sans gluten, mais aucun plat de cette catégorie ne suscite mon enthousiasme ce midi-là (bol-smoothie au cassis et pancake de courge, gaufre au sarrasin et saucisse de pintade). Je choisis une variation sur le thème de l’oeuf bénédictine, et Karine, une tartine au boeuf avec sauce béarnaise.

Une mise en bouche nous est rapidement servie : yogourt aux framboises et granola maison. Malheureusement, le goût des petits fruits — mes préférés entre

tous — se fait très timide. Nos mimosas descendent bien et nos assiettes arrivent, baptisées SeptÎles (la mienne) et Île-du-PrinceÉdouard (celle de Karine). En accompagnement, un pot de délicieuses pommes de terre rattes rissolées et un autre de fruits divers de la ferme OhBio de l’île d’Orléans (fraises, framboises, bleuets, morceaux de pomme).

Mon oeuf de cane poché est coulant comme il se doit, et déposé sur un pain bagtzel de Borderon, soit un hybride, vous l’aurez compris, de bagel et de bretzel. Texture intéressante, mais je ne suis pas renversée outre mesure. Un morceau d’omble chevalier fumé (qui aurait pu être plus tendre) chapeaute ce montage, ainsi que de l’excellent bacon laqué au sirop d’érable, bien croustillant. La sauce hollandaise est malheureusement trop épaisse et figée, et le jus de bisque au fond de l’assiette surprend par sa saveur intense — surtout que je ne m’attendais pas à le trouver là, le menu n’en faisant pas mention.

Même scénario inégal dans le plat de Karine. Son oeuf est trop cuit; elle aurait bien aimé que son jaune se répande et se mêle à la sauce fumée pour napper son effiloché de boeuf confit, qui manque d’ailleurs d’assaisonnement. Sa tartine de pain intégral a conservé une texture de belle tenue, mais la sauce béarnaise pèche par un excès d’estragon. Oignons, courgettes, champignons, radis : les pickles de légumes de saison lactofermentés qui complètent son plat — et le mien — apportent du croquant et de la fraîcheur.

Nous oublions ces petites déceptions en nous régalant de tranches de pain tartinées d’une confiture maison aux bleuets, fraises et framboises bien équilibrée. Comme notre envie de sucré est rarement contentée, nous commandons un pouding chômeur sauce sucre à la crème, garni d’une glace à l’érable. Un dessert pas du tout estival, mais très réussi, et joliment présenté. Avec des cafés pour nous garder éveillées, car on retourne travailler, pas vrai?

LE MAG

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2022-08-13T07:00:00.0000000Z

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