LeSoleilSurMonOrdi.ca

LES CHEFS VISENT JUSTE OU TRÉBUCHENT

THOMAS LABERGE tlaberge@lesoleil.com FRANÇOIS LEGAULT

Une campagne électorale réserve toujours son lot d’inconnus. Parfois les chefs arrivent à en tirer profit alors que d’autres fois, ils doivent trimer dur pour recadrer le message. Retour sur quelques faits saillants de ce marathon politique.

UN PREMIER MINISTRE QUI RECONNAÎT SES TORTS

Le parti politique qui formait le gouvernement avant les élections est toujours celui qui sera la cible des attaques. Cette élection n’a pas été différente et François Legault a dû régulièrement défendre son bilan. Malgré les tirs nourris des autres formations, la CAQ a maintenu une avance très confortable dans les sondages durant l’ensemble de la campagne.

Selon le professeur de science politique à l’Université Laval Thierry Giasson, cela peut s’expliquer notamment par le fait que François Legault est capable de reconnaître ses erreurs et de s’excuser. «L’authenticité de François Legault, le fait qu’il soit très transparent quand il s’exprime, certains électeurs apprécient cela. Ils y voient de l’authenticité. Ils y voient quelqu’un dans lequel ils peuvent s’identifier», affirme-t-il.

CONTROVERSES À RÉPÉTITION SUR L’IMMIGRATION

Les déclarations controversées en lien avec l’immigration se sont succédé dans la bouche de François Legault durant l’élection. Au début de la campagne, en parlant des défis d’intégration, il a fait des rapprochements entre l’immigration et la violence. Le chef de la CAQ s’est ensuite excusé.

Quelques jours plus tard, le premier ministre sortant a affirmé que l’immigration non francophone pouvait être une menace pour la «cohésion nationale» si elle n’était pas limitée.

Cette semaine, il est allé dans le même sens en soutenant qu’augmenter les seuils d’immigration serait «suicidaire» pour la nation québécoise et la protection du français.

Son ministre sortant de l’Immigration, Jean Boulet, a lui aussi fait une déclaration controversée sur le sujet. Lors d’un débat, il a affirmé que «80 % des immigrants s’en vont à Montréal, travaillent pas, parlent pas français ou n’adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise.»

«L’identité, c’est beaucoup au coeur de la gouvernance caquiste, mais en campagne, ils sont incapables de tenir un discours positif et fondé sur la réalité des personnes appartenant aux communautés culturelles», affirme Thierry Giasson.

DOMINIQUE ANGLADE

«LA VRAIE DOMINIQUE»

La cheffe libérale Dominique Anglade a changé le ton de sa campagne avant le deuxième débat du 22 septembre. «Elle a dit : “vous allez voir la vraie Dominique”», rappelle Thierry Giasson.

Elle a cherché à mettre davantage de l’avant sa personne, le fait qu’elle était une femme racisée. Une stratégie qui lui a permis d’incarner les propositions de son parti. «Elle a été capable d’arrimer sa personnalité avec les enjeux dont elle parlait comme l’éducation et la santé mentale», souligne le professeur.

C’est aussi à ce moment où la cheffe s’est filmée sur les réseaux sociaux en train de danser sur la chanson I Gotta Feeling de Black Eyed Peas.

DIFFICULTÉS DE RECRUTEMENT

Le PLQ a eu de la difficulté à recruter des candidats pour la campagne électorale. À deux semaines du déclenchement de la campagne, le PLQ était le parti avec le plus faible nombre de candidats, soit 78.

La candidature de Harley Lounsbury dans Matane-Matapédia a été rejetée par Élection Québec parce qu’il avait oublié d’inscrire ses initiales dans un formulaire. Le 21 septembre, la Cour supérieure du Québec a tranché en faveur du PLQ, qui a finalement pu présenter 125 candidats.

GABRIEL NADEAUDUBOIS

LA NOUVELLE IMAGE DE GND

Le porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a mené une campagne disciplinée. Selon Thierry Giasson, il a été en mesure d’incarner l’image que le parti voulait mettre de l’avant.

Dans les derniers temps, Gabriel Nadeau-Dubois a travaillé fort pour polir son image. «On a recadré des aspects de la personnalité de Gabriel NadeauDubois. : le fait qu’il soit père, que c’est un gars qui joue au hockey. On montre que c’est un Québécois comme tout le monde», explique le professeur de science politique.

Il ajoute que QS a été en mesure de mener sa campagne selon son plan initial et avec un message clair.

UN VOL DE DÉPLIANT QUI COÛTE CHER

La candidate solidaire dans Camille-Laurin, Marie-Eve Rancourt, s’est retrouvée dans l’eau chaude après avoir été prise en flagrant délit de vol d’un dépliant du PQ dans la boîte aux lettres d’un citoyen.

Elle a été filmée par une caméra et la vidéo a fait le tour des réseaux sociaux.

Disant ne pas vouloir devenir une distraction pour la campagne de QS, Marie-Eve Rancourt a annoncé lundi retirer sa candidature.

«C’est un coup dur pour la campagne de QS», affirme Thierry Giasson, ajoutant que Gabriel Nadeau-Dubois a géré la situation rapidement.

Le retrait de Marie-Eve Rancourt pourrait avoir un impact important sur le résultat du scrutin du 3 octobre dans cette circonscription où se présente le chef péquiste Paul St-Pierre-Plamondon.

En l’absence d’un adversaire solidaire, l’agrégateur de sondages Qc125 place le chef du PQ au coude-à-coude avec la CAQ.

PAUL ST-PIERRE PLAMONDON UNE CAMPAGNE POSITIVE PAYANTE

Le style de Paul St-Pierre Plamondon en a surpris plus d’un notamment durant les débats. Plutôt que d’attaquer sans cesse ses adversaires, le chef péquiste a mis de l’avant ses idées. Il n’hésitait pas non plus à se dire d’accord avec certaines des propositions de ses opposants.

«Son point fort de la campagne a été sa dignité. Il a fait preuve de hauteur», souligne M. Giasson.

La stratégie a été visiblement payante. En queue de peloton au début de la campagne, le PQ a réussi à remonter dans les intentions de vote ces derniers jours pour rejoindre les autres partis d’opposition.

Alors que plusieurs observateurs s’attendaient à ce qu’il ne reste qu’un péquiste à l’Assemblée nationale — Pascal Bérubé dans Matane-Matapédia —, le PQ pourrait remporter d’autres sièges, notamment celui du chef qui se présente dans Camille-Laurin.

PSPP N’AIME PAS LA MONARCHIE

La réaction du chef péquiste à la mort de la reine Élizabeth a suscité de vives réactions. Dans un tweet, il a écrit qu’il s’opposait à ce que le Québec mette son drapeau en berne pour souligner le décès de la monarque.

«François Legault ne devrait pas traiter la reine d’Angleterre en chef de l’État québécois ni donner de crédibilité à un régime colonial britannique illégitime au Québec», a-t-il écrit.

Le lendemain, il a fait preuve d’un peu de contrition, affirmant avoir eu une «réaction trop spontanée» et d’avoir mal choisi le moment.

Le premier ministre sortant François Legault l’a accusé de faire de la «petite politique avec la monarchie la journée du décès de la reine Élisabeth II».

«C’était maladroit et Paul StPierre Plamondon a été le premier à le reconnaître», dit Thierry Giasson.

ÉRIC DUHAIME TALONNER LEGAULT SUR LE TROISIÈME LIEN

Le troisième lien a été le principal cheval de bataille du chef conservateur Éric Duhaime. En plus de proposer comme troisième lien un pont avec une route sur l’île d’Orléans, il a talonné à plusieurs reprises le chef caquiste François Legault qui refuse de dévoiler les études sur son projet de tunnel.

Éric Duhaime a même convoqué une conférence de presse devant le ministère des Transports où il est allé déposer des demandes d’accès à l’information afin d’obtenir les études concernant le troisième lien.

«C’était brillant. Ç’a été une super bonne idée de campagne», lance le professeur.

DES TAXES NON PAYÉES

Le chef conservateur Éric Duhaime ne s’attendait certainement pas à ce que son compte de taxes municipales vienne le rattraper en campagne. Un document de la Ville de Québec indiquait qu’Éric Duhaime devait plus de 14 000 $ en taxes non payées.

Le chef conservateur a affirmé qu’il n’était pas au courant et que son locataire devait s’acquitter de la somme. Il a aussi assuré que la situation avait été réglée rapidement.

L’histoire ne s’est toutefois pas arrêtée là. Éric Duhaime a dû finalement expliquer que le locataire était un ami qu’il voulait aider. Ce dernier ne payait pas de loyer, mais devait s’acquitter des taxes, ce qu’il n’a pas fait.

«Ils ont perdu une semaine, voire peut-être même deux semaines de campagne sur cette question-là», analyse Thierry Giasson.

ACTUALITÉS

fr-ca

2022-10-01T07:00:00.0000000Z

2022-10-01T07:00:00.0000000Z

https://lesoleil.pressreader.com/article/281578064545432

Groupe Capitales Media