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LES MUTATIONS QUI DÉCORENT NOS JARDINS!

JEAN-NICOLAS PATOINE jpatoine@lesoleil.com

Afin d’éviter de devenir victime d’exploitation financière, les aînés doivent développer de bons réflexes. Un peu comme quand ils sortent de la maison. «On éteint la lumière, on barre la porte quand on s’en va», illustre Lynda Boudreault, conseillère principale en Éducation financière chez Desjardins. «Ce sont des réflexes très intégrés. Avec nos finances aussi on doit développer ce genre de réflexes qui font en sorte qu’on diminue grandement les chances d’être exposé à des situations malheureuses.»

Le Soleil a pris prétexte de la Journée nationale des aînés, ce 1er octobre, pour s’entretenir avec la spécialiste afin de présenter quelques conseils qui permettent de réduire les risques d’exploitation financière. On s’adresse ici aux aînés, mais au fond tout le monde est concerné.

«En vieillissant, nos réflexes sont peut-être moins aiguisés. C’est pour ça qu’on doit parler de prévention, car la prévention c’est justement ça : une foule de gestes, d’habitudes quotidiennes, de réflexes qui nous permettent de garder le contrôle de nos finances», affirme Mme Boudreault.

Au cours de son entretien avec Le Soleil, Mme Boudreault a détaillé trois grands thèmes qui permettent de mieux cerner la problématique, de mieux outiller les aînés face au danger. Leur point commun : la discussion.

1. UTILISER LES OUTILS ET LES RESSOURCES DISPONIBLES

Mme Boudreault rappelle qu’il existe plusieurs ressources qui informent sur les façons de faire sécuritaires et proposent de l’aide si les choses vont moins bien.

Le point de départ : le relevé de carte de crédit. Le consulter fréquemment permettra à la personne de voir s’il y a quelque chose qui cloche.

La spécialiste propose aussi d’automatiser toutes les transactions financières mensuelles (voir le tableau pour d’autres trucs pratiques).

Des organismes offrent par ailleurs de l’aide pour les aînés ou les personnes aidantes. Par exemple, l’organisme Appui pour les proches aidants (www.lappui. org/fr).

«En dernier recours, il existe des ressources confidentielles quand on ne sait pas quoi faire, quand on détecte que quelque chose ne va pas, précise Mme Boudreault. En matière financière, il y a le conseiller. Mais quand on ne sait pas par quel bout prendre ça, il y a la ligne Aide Abus Aînés (1 888 489-2287), des professionnels disponibles pour la personne et son entourage.»

2. EXPLIQUER NOS ATTENTES AUX PERSONNES QUI NOUS AIDENT

Autant que possible, la personne âgée voudra demeurer maître de ses décisions financières, même si elle reçoit de l’aide pour gérer ses avoirs. La discussion devient primordiale pour éviter les malentendus, souligne Mme Boudreault.

«C’est important d’expliquer clairement ce qu’on veut à la personne qui nous aide, explique-t-elle. Si elle va faire une commission pour nous, il y a peut-être un montant à ne pas dépasser.

«Si on sent qu’on est un peu manipulés, qu’on sent un peu de chantage, il y a une petite lumière qui s’allume. Il ne faut pas rester seul et pris avec ça», ajoute-t-elle.

3. CONNAÎTRE LE JUSTE COÛT DES CHOSES ET PRENDRE LE TEMPS DE RÉFLÉCHIR

Il faut rester à l’affût, dit Mme Boudreault. Et ne pas succomber à la pression.

«On a le privilège, qu’on soit âgés ou non, de prendre un pas de recul et de consulter un proche pour avoir un deuxième avis» avant de faire une dépense importante qui sort de l’ordinaire, souligne-t-elle.

«Quand on sent la pression et l’urgence de décider vite, ce n’est pas une bonne idée [de le faire].»

Ce point s’étend aussi à la valeur des services qui sont rendus à la personne âgée par un ou des proches. Ceux-ci espèrent-ils un dédommagement? Les balises devraient être délimitées tôt lors d’une franche conversation, explique Mme Boudreault.

«Cette conversation va protéger la personne qui nous aide et va éliminer les non-dits, ce qui peut flotter dans l’air», précise-t-elle.

Il sera aussi important d’en avertir tous les membres de la famille afin d’éviter les surprises et les doutes lors de la vérification des comptes.

MALADIES DÉGÉNÉRATIVES

La charge d’un proche deviendra plus complexe si la personne dont il ou elle s’occupe est atteinte de l’Alzheimer ou d’une autre maladie dégénérative. Son implication se transformera au rythme de la maladie : de manière évolutive.

Il est donc primordial de discuter des désirs financiers de la personne âgée rapidement après que soit tombé le diagnostic, soutient Mme Boudreault. «C’est important de la laisser choisir», autant que possible. «Tous les morceaux de décision que cette personne peut prendre, tant qu’il y a de l’aptitude, c’est important de respecter ça.»

Malgré tout, personne n’est complètement à l’abri de la malveillance. Si jamais vous constatez un abus, Mme Boudreault conseille d’en discuter rapidement avec la victime.

«Pour savoir comment elle vit ça. C’est à elle ensuite de prendre action. Mais de savoir que vous l’écoutez, sans jugement, c’est très important, parce que c’est très émotif de constater que peut-être un de nos enfants vit des difficultés au point de vouloir vous soutirer de l’argent...»

LE MAG

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2022-10-01T07:00:00.0000000Z

2022-10-01T07:00:00.0000000Z

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