LeSoleilSurMonOrdi.ca

Journées de la culture DÉCOUVERTE ET ENCHANTEMENT

FRANÇOIS HOUDE francois.houde@lenouvelliste.qc.ca

Après deux ans d’incertitudes, de pauses, de reculs, de relances, le milieu culturel donne l’impression de revivre dans un emballement décuplé. Dans ce contexte, nous avons rencontré artistes, artisans et simples gens pour découvrir ce qui les poussent à participer pour la première fois aux 26es Journées de la culture, du 30 septembre au 2 octobre. À LIRE EN PAGES M10 À M14

Cynthia Wu-Maheux a sauté sur l’occasion quand, il y a quelques mois, on l’a approchée pour devenir porte-parole des Journées de la culture avec Frédéric Pierre. «J’étais surprise et honorée qu’on pense à moi et c’était évident que ça m’intéressait parce que j’adore le concept des Journées de la culture; j’y ai souvent participé avec beaucoup de plaisir dans le passé.»

«Les arts et la culture, c’est une façon de connecter les humains et les coeurs directement. C’est comme si ça fait d’emblée tomber les préjugés parce que ça nous met dans un état d’esprit d’ouverture à l’autre. On participe à quelque chose qui nous unit parce que c’est universel», explique l’actrice.

«Ça nous ouvre l’esprit, nous met dans un état de curiosité, dans une ouverture à l’apprentissage tout en stimulant la compassion. Ça nous surprend, aussi, souvent. C’est un contact avec la beauté et la réflexion et je pense qu’on en a tous besoin. Ouvrir ça gratuitement à tout le monde, je trouve ça magnifique.»

La porte-parole a assurément réfléchi sur le sujet qui l’interpelle intimement. «Ce genre d’événement est une magnifique occasion de partage : ça nous incite à aller les uns vers les autres puisqu’on y prend part ensemble en compagnie des créateurs qui nous y invitent. Ça crée des liens dans les communautés. Je trouve ça super important de se reconnecter, de partager des activités; ça brise des préjugés des barrières, qu’elles soient sociales, économiques, territoriales ou culturelles.»

LA DÉCOUVERTE

Les Journées de la culture, quelle que soit leur édition, se caractérisent notamment par un rare foisonnement d’activités pendant trois jours de fête pour l’esprit et les sens. La très grande variété de l’offre est une invitation à la découverte.

«En regardant la programmation, mentionne la Da-Xia de District 31, j’ai remarqué toutes sortes de propositions qui m’intriguent parce que je n’en connais rien. Ça met en lumière des pratiques parfois méconnues et comme spectateur, devant ça, il arrive un moment où c’est ton coeur qui prend le relais.»

Preuve qu’elle a potassé la documentation, elle évoque une école d’ébénisterie qui ouvre ses portes au public, un cours de rumba congolaise qui l’intrigue au moins autant que ce qu’on peut découvrir du travail dans une forge. «Ça touche aussi les métiers d’art qui sont fascinants parce qu’ils viennent avec un savoir-faire particulier, une culture propre.»

À la recherche d’analogies, l’héritière d’une famille de restaurateurs retrouve naturellement ses racines. «C’est comme faire goûter de nouveaux aliments à des enfants, illustre-t-elle. Ça peut être une découverte extraordinaire comme ils peuvent ne pas aimer ça. Mais c’est une ouverture à quelque chose de nouveau. Dans le fond, les Journées de la culture, c’est comme un immense buffet gratuit», rigole-t-elle.

«Un des aspects qui me plaît, c’est que ça implique autant les grandes institutions que des individus. Et que ça se fasse simultanément sur tout le territoire du Québec, je trouve ça merveilleux.

«D’autant qu’on retrouve toutes sortes de circuits, de randonnées grâce auxquels on peut aller à la rencontre des artistes tout en découvrant des coins de pays.»

Après les restrictions de la pandémie, cette perspective de se plonger sans culpabilité dans la culture tous azimuts est d’autant plus exaltante. «C’est sûr que les fermetures de lieux de culture pendant la pandémie ont créé une lourdeur qu’on a tous ressentie. En tant qu’humains, on a besoin d’être en contact avec le beau pour toucher à notre propre beauté intime.»

À défaut de pouvoir sortir physiquement de la maison, la comédienne rappelle qu’en consultant la programmation, tout un volet d’activités offertes en ligne s’offre au visiteur. «Les activités virtuelles sont non seulement nombreuses et pour tous les goûts, mais elles ont l’avantage de nous mettre en contact avec des gens de partout sur le territoire.»

Cynthia Wu-Maheux évoque volontiers le côté transcendant de la culture, mais s’empresse de rappeler son accessibilité. «Les journées de la culture nous permettent de voir combien c’est grand, la culture, mais que c’est aussi plus proche de nous qu’on pense. Que ça nous appartient à chacun. Pas besoin d’être érudit pour l’apprécier : il suffit d’un peu d’ouverture.»

«C’est dans ce contexte-là que je trouve que c’est bien d’inscrire à son horaire au moins une activité dans un domaine qu’on ne connaît pas, juste pour sortir de sa zone de confort et s’ouvrir à autre chose.»

Toute la très vaste programmation des Journées de la culture se retrouve sur le site journeesdelaculture.qc.ca.

Travailler le verre, c’est aussi travailler avec la lumière. Voilà ce qui a particulièrement charmé Micheline Verret dans cet art ancestral qu’elle enseigne au Centre du Verre Loisirs Ressources à Québec. Cet organisme à but non lucratif participe pour la première fois aux Journées de la culture qui se déroulent du 30 septembre au 2 octobre.

«Ça fait partie de l’histoire de l’art», fait valoir Lounes Chergui, directeur de Loisirs Ressources, au sujet du travail du verre.

Jusqu’aux alentours de 1860, les vitraillistes utilisaient surtout la technique de la baguette de plomb. Par la suite, Louis Comfort Tiffany a introduit la technique du ruban de cuivre qui offre une finition plus délicate. Cette technique est aussi la plus facile pour les débutants, précise Mme Verret.

Avec ses collègues, la professeure organise l’activité Le travail du verre pour tous qui aura lieu le dimanche 2 octobre de 10h à 16h30. Les visiteurs pourront assister à des démonstrations des différentes techniques de travail du verre enseignées par l’organisme, admirer les oeuvres des professeurs et des élèves, en plus de participer à un projet collectif.

Familière avec les Journées de la culture, Mme Verret aime l’idée d’ouvrir les portes des ateliers au public. Comme les locaux où ont lieu ses cours sont fraîchement rénovés, le moment lui semblait opportun pour recevoir des visiteurs.

Le Centre du Verre (2770, rue de la Picardie) possède tout le nécessaire pour faire du vitrail, de la fusion, du thermoformage et même un peu de soudure décorative.

«On avait envie de faire connaître le local : c’est comme une caverne d’Alibaba», s’enthousiasme Micheline Verret, qui enseigne cet art depuis 30 ans.

«On est tellement bien équipé et on a tellement de bons étudiants», se réjouit-elle.

MATÉRIAU VERT ET CRÉATIF

Pour Micheline Verret, cette année était particulièrement propice à célébrer haut et fort sa passion pour cet art ancestral. Notamment parce que l’Organisation des Nations unies a déclaré que 2022 était l’Année internationale du verre.

L’ONU désire mettre en évidence les vertus écologiques de ce matériau qui peut remplacer plusieurs plastiques polluants et promouvoir la valeur technologique du verre.

Les oeuvres des artistes verriers témoignent quant à elles des nombreuses possibilités du verre comme matériau créatif.

«C’est des vrais artistes, mentionne M. Chergui. On peut faire plein de choses [avec le verre], il suffit d’être patient et un peu minutieux et méticuleux.»

Les ateliers comme ceux de travail du verre visent autant à stimuler la créativité des participants qu’à entretenir ce savoir ancestral.

Les élèves particulièrement doués sont éventuellement invités à devenir professeurs à leur tour, car la relève se fait rare dans ce domaine, admet le directeur de l’organisme.

Loisirs Ressources offre une cinquantaine d’activités sportives et culturelles qui ont en commun d’allier plaisir et rencontres.

Après les contraintes et les périodes d’isolement imposées par la pandémie, les participants sont heureux de venir pratiquer leurs activités préférées en groupe, témoigne M. Chergui qui travaille fort pour offrir des activités de qualité, conviviales et abordables.

Depuis le début de la pandémie, les artistes verriers observent une hausse du prix du verre en plus de difficultés d’approvisionnements.

«Ça m’inquiète. C’est pour ça que j’ai acheté un autre four et d’autres matériels : j’ai pris un peu d’avance pour contrer ça», explique M. Chergui.

Que serait la culture québécoise sans Michel Tremblay? C’est en partant de cette prémisse que la Bibliothèque Sutton Library, en Estrie, a eu l’idée de mettre l’auteur et dramaturge au premier plan durant la fin de semaine des Journées de la culture 2022.

À l’invitation de la Ville, la bibliothèque municipale a ainsi accepté de s’inscrire pour la première fois à la programmation de l’événement.

«On tient beaucoup à notre bibliothèque. On voulait faire quelque chose de simple pour souligner notre présence dans la communauté. Et puis la lecture, la littérature, ça fait grandement partie de la culture, au même titre que les arts visuels», laisse entendre l’initiatrice du projet, Louise Hawley.

Intitulée Michel Tremblay 80 ans cette année, l’activité prendra des airs de petite exposition.

Dans un coin du local, un présentoir vitré fera l’étalage d’une bonne vingtaine de livres de l’écrivain.

«Michel Tremblay a eu 80 ans le 25 juin dernier. Je trouve qu’on est porté à rendre hommage aux gens lorsqu’ils sont décédés... Lui, il est toujours bien présent et c’est l’occasion de souligner son oeuvre.

«Je voulais que les gens viennent et voient ses ouvrages regroupés, qu’ils puissent emprunter un livre qu’ils ont peut-être lu il y a des dizaines d’années ou qu’ils n’ont jamais lu. Quand les livres sont bien en vue, c’est plus tentant», ajoute Mme Hawley.

BIO, LECTURE ET QUIZ

Elle avoue que ce ne sont pas les romans de Tremblay qui sont les plus populaires au comptoir des emprunts, notamment en raison du grand nombre de nouveautés littéraires. Raison de plus, croitelle, pour le ramener au bon souvenir des abonnés.

Aux exemplaires exposés viendront d’ailleurs se greffer la liste complète de l’oeuvre du romancier et une brève biographie.

Et pour couronner cet hommage, trois de ses textes feront l’objet d’une lecture publique le dimanche 2 octobre, de 14h à 16h, suivie d’un jeu-questionnaire sur le sujet.

Un premier texte sera issu d’Un objet de beauté, lu par Normand Roux, un second sera tiré des Nouvelles d’Édouard et raconté par l’artiste-peintre Michel Lafond, puis un autre sera puisé à même Conversations avec un enfant curieux, dont la lecture sera confiée à Louise Hawley elle-même.

«Je l’ai lu samedi soir à mes petits-enfants adolescents et ils se tordaient de rire... J’ai trouvé ça incroyable», affirme cette grande amatrice du catalogue de Tremblay.

Réjouissant, donc, de constater que les mots de l’auteur transcendent les époques. La dame de 69 ans fait d’ailleurs remarquer à quel point le parcours de l’homme est impressionnant.

«Les gens de ma génération ont été élevés avec ses textes. C’est un auteur qui vient me chercher. Je suis née à Montréal et ma mère a habité la rue Fabre, comme lui. Michel Tremblay est un personnage en lui-même, qui vaut la peine d’être connu.

«Il a été très critiqué par certains à cause du joual qu’il utilisait, jusqu’à ce que les gens comprennent que ça ne faisait pas de mal à la langue française, que

ça faisait partie de notre culture, au même titre que la Sagouine.»

Beau hasard, termine Louise Hawley, on apprenait récemment qu’une télésérie allait voir le jour sur les Chroniques du Plateau Mont-Royal, qui réunit les tomes La grosse femme d’à côté est enceinte, Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges, La duchesse et le roturier, Des nouvelles d’Édouard, Le premier quartier de la lune et Un objet de beauté.

Sous la plume de Serge Boucher, cette costaude série comprendrait 30 épisodes d’une heure, selon La Presse.

LE MAG

fr-ca

2022-10-01T07:00:00.0000000Z

2022-10-01T07:00:00.0000000Z

https://lesoleil.pressreader.com/article/283403425646232

Groupe Capitales Media