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RÊVES ET DÉSILLUSIONS D’UNE ÉQUIPE B

GENEVIÈVE BOUCHARD gbouchard@lesoleil.com

Avec Viking, le cinéaste Stéphane Lafleur nous offre en quelque sorte une mission sur Mars des pauvres… Avec un pas de côté et un sourire en coin, le cinéaste dépeint les rêves et les déceptions d’une équipe B vivant par procuration une aventure dans laquelle le grandiose s’effiloche dans les petites choses du quotidien.

Les voyages habités sur Mars deviennent une réalité dans le film imaginé par Stéphane Lafleur, fan autoproclamé de Stanley Kubrick et de 2001, L’odyssée de l’espace. Même qu’une équipe d’astronautes américains est en route vers la planète rouge.

Mais le trajet prend plusieurs mois et avant même d’arriver, des tensions commencent à se développer entre les collègues. Rien de majeur encore, mais des désaccords qui pourraient, s’ils s’enveniment, compromettre la mission.

C’est là que la firme Viking entre en jeu. Mandatée par l’Agence spatiale américaine pour chapeauter une simulation en temps réel, l’entreprise québécoise recrute à l’aide de tests de personnalité des volontaires ressemblant le plus possible aux explorateurs déjà dans l’espace.

Ça se passe entre les deux oreilles, on s’entend, puisque les jumelages n’ont rien à voir avec le sexe ou l’âge des candidats.

Prof d’éducation physique nourrissant de plus grandes aspirations, David (Steve Laplante) met sa vie de côté pour devenir le double de John, un astronaute qui n’est pas aux commandes, mais qui, on le comprend vite, ne manque pas d’ambition non plus.

Avec Steven (Larissa Corriveau), Liz (Denis Houle), Janet (Fabiola N. Aladin) et Gary (Hamza Haq), David accepte de se cloîtrer dans un bunker reproduisant sur Terre et avec les moyens du bord les quartiers martiens des Américains, de qui ils reçoivent un succinct rapport quotidien.

AMBIANCE SINGULIÈRE

Porté par un rythme et une ambiance juste assez singuliers, Viking peut compter sur une distribution fort efficace. Si on suit davantage le très investi personnage porté par Steve Laplante, ses complices (ou rivaux, c’est selon) de confinement ne sont pas en reste.

Le contre-emploi offre un terrain de jeu particulièrement réjouissant chez certains d’entre eux. Campant un Steven aux airs détachés, Larissa Corriveau joue de subtilités.

Servant d’alter ego à la jeune femme Liz, Denis Houle (que bien des enfants ont connu sous la casquette de M. Craquepoutte dans Toc toc toc) offre de son côté un portrait à la fois attachant et un brin délirant.

Sur un fond de science-fiction, Stéphane Lafleur et son complice à la scénarisation Éric K. Boulianne convient le spectateur dans une expérience sociologique souvent drôle, qui nous happe dans une accumulation de petits riens vecteurs de conflits quand on cohabite avec des étrangers dans un lieu exigu.

L’univers créatif de Stéphane Lafleur, qui se plaît en musique et en images à conjuguer le poétique et le terre à terre, s’exprime dans des contrastes appuyant l’absurde de la situation vécue par les personnages.

Ici des images soignées du cosmos ou de superbes levers de soleil dans un paysage désertique. Là des costumes de faux astronautes bricolés avec des matériaux trouvés à la quincaillerie.

D’une part de beaux discours inspirants — portés notamment par Marie Brassard — soulignant l’importance cruciale de la tâche à accomplir, de l’autre des débats semblant futiles sur le nombre de carrés de sucre permis dans le café du matin.

Comme quoi il n’y a parfois qu’un rien entre l’impression du très grand et la réalité du très petit…

Viking est présenté au cinéma.

ARTS

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2022-10-01T07:00:00.0000000Z

2022-10-01T07:00:00.0000000Z

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