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ÉMERGER DES TOURMENTS AMOUREUX

STEVE BERGERON steve.bergeron@latribune.qc.ca

On pourrait d’abord croire à un album «pandémique». En premier lieu parce que les chansons de La maison orpheline, huitième album de Catherine Durand (le septième de chansons originales), ont été écrites entre les printemps de 2020 et de 2022.

Mais aussi parce que les textes de ces onze nouvelles plages s’aventurent, en majorité, sur des territoires d’amours tumultueuses. On plonge dans les tiraillements intérieurs, les remises en question de soi et de l’autre, les allers-retours de deux êtres qui se déchirent.

Bref, on a l’impression d’assister au ballet tourmenté de couples malmenés par leurs sentiments... un peu comme l’a fait le confinement pour plusieurs.

En réalité, c’est avant l’arrivée de la COVID-19 que Catherine Durand a traversé les eaux agitées d’une relation toxique.

«Les chansons parlent beaucoup de la difficulté d’en sortir. Se séparer et reprendre à répétition, c’est ce que j’ai vécu pendant plusieurs années. C’est maintenant terminé et je suis passée à autre chose, mais j’ai eu besoin de tirer un trait.

« La maison orpheline, c’est quand tu te retrouves toute seule chez toi après avoir perdu un amour ou un ami (j’ai aussi une amie qui est décédée rapidement du cancer). Le vertige de cet isolement. Il y a la perte, l’abandon, le deuil...

«Mais je ne trouve pas que c’est un album dark : il y a quand même aussi de l’espoir, la guérison, le travail sur soi qui mène à quelque chose de plus lumineux.»

Elle fait d’ailleurs un clin d’oeil, dans ses remerciements, à son amoureuse d’aujourd’hui, grâce à qui sa «maison n’est plus orpheline», mais «grande, lumineuse, douce et sereine un peu plus chaque jour».

PANDÉMIE SANS PANNE

On comprend que la panne d’inspiration traversée par certains artistes lorsque tout s’est arrêté, Catherine Durand ne l’a pas vécue.

«En fait, ça s’est produit avant. De 2017 à 2019 environ, je n’avais plus de jus, plus d’idées de chansons, plus envie d’écrire, plus rien. Je me suis alors beaucoup remise en question. C’est pour ça que j’ai lancé l’album Vingt [constitué de reprises de ses chansons en formule intime] en 2018.

«Quand la pandémie est arrivée, je venais de terminer la tournée. C’était prévu que je retombe en phase d’écriture. Donc, ça n’a pas été si bouleversant. Le confinement m’a même redonné une énergie que j’avais perdue. Ça m’a fait du

«Il y a la perte, l’abandon, le deuil... Mais je ne trouve pas que c’est un album dark : il y a quand même aussi de l’espoir, la guérison, le travail sur soi qui mène à quelque chose de plus lumineux»

— Catherine Durand, en parlant de La maison orpheline

bien d’être obligée de m’arrêter, de me retrouver face à moi-même.»

Mais comme elle sortait d’une disette créative, Catherine Durand considérait que son prochain album serait peut-être le dernier.

Ce qui a eu un effet positif : elle a réalisé un fantasme et s’est offert la totale pour les arrangements, soit rien de moins qu’un nonet classique, l’Ensemble Cassiopée.

«Je me suis tournée vers la productrice et la maison de disques — c’est-à-dire moi-même — et je me suis soudoyée : est-ce que nous avons les moyens? Sa réponse a été : "Ben oui, lâche-toi lousse!"» raconte en riant celle qui a fondé sa propre étiquette, Katmusik, il y a presque 20 ans et a, par la suite, produit tous ses albums.

Catherine Durand a aussi recruté Vincent Legault de Dear Criminals pour coréaliser l’album avec elle et écrire les orchestrations.

«J’avais accroché à son projet instrumental Mille milles sans savoir que c’était lui. Il a accompli un travail titanesque, qui s’est étalé sur deux ans. On a travaillé et retravaillé, mais je suis vraiment contente du résultat. Ça valait la peine et je n’ai aucun regret.»

LA FIN À BANFF

La guitare et le piano demeurent quand même la base des nouvelles chansons de Catherine Durand. «En fait, les chansons Entre deux années et Ici, la nuit, les deux dernières à avoir été écrites, ont été composées au piano, même si c’est un instrument que je ne maîtrise pas du tout. Mais je me suis retrouvée en résidence de création de trois semaines à Banff et il y avait un piano à queue dans le studio.

«J’étais censée y aller en 2020 et on m’a offert de me reprendre en 2022. J’ai accepté même si l’album était pratiquement terminé, mais ça m’a permis de fermer la boucle.»

Pour l’instant, Catherine Durand n’envisage pas de tournée de spectacles pour La maison orpheline : elle n’a pas envie de dénuder les chansons pour se produire dans les petites salles, un exercice qu’elle avait déjà fait pour Vingt. Mais elle prépare un autre projet, en duo avec une autre artiste, pour 2023.

En ce moment, elle continue d’accompagner Marie-Annick Lépine comme guitariste et choriste.

«J’ai aussi participé à la tournée de Mara Tremblay. Et avec MarieAnnick, nous avons fait la première partie des Cowboys fringants, parfois de grosses salles et deux fois en Europe. C’est le fun d’être parfois juste musicienne.»

LE MAG

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2022-10-01T07:00:00.0000000Z

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https://lesoleil.pressreader.com/article/283519389763224

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