LES CURIEUSES MUTATIONS QUI DÉCORENT NOS JARDINS!

Homo sapiens sous-espèce hortensis, le jardinier semble fasciné par les curiosités. Nos jardins sont remplis de plantes anormales et carrément bizarres, des mutations qui n’ont jamais existé à l’état sauvage et que nous protégeons comme la prunelle de nos yeux. Et ce, d’ailleurs, depuis des siècles dans certains cas.

Regardons quelques exemples des mutations que nous adorons… et dont vous avez assurément des exemplaires dans votre propre jardin!

FLEURS DOUBLES

Les fleurs doubles sont la première forme documentée d’anomalie florale. Théophraste mentionna les roses doubles dans son Enquête sur les plantes, écrite il y a plus de 2000 ans! En Chine, les pivoines doubles étaient déjà connues et sélectionnées vers 750 apr. J.-C. On trouve maintenant des exemples de fleurs doubles chez presque toutes les plantes!

Une fleur double offre un nombre anormal de pétales : 10 ou plus au lieu de 5 ou 6. Certaines ont tellement de pétales qu’elles sont comme des pompons! Habituellement, une partie de la fleur s’est mutée pour devenir un pétale, généralement une étamine. Nous les adorons, parce qu’elles offrent plus de couleur aux jardins et qu’elles durent plus longtemps. Par contre, très souvent les fleurs doubles sont stériles ou n’offrent rien à manger aux insectes et oiseaux pollinisateurs.

FLEURS DE NOUVELLES COULEURS

Les rosiers sauvages, sauf de très rares exceptions, sont roses. D’ailleurs, on a nommé la couleur d’après la teinte de fleur. Mais tout d’un coup, vous trouvez une rose avec une fleur blanche, ou jaune ou orange. Si vous bouturez la tige qui produit cette fleur anormalement colorée, il est souvent possible de produire une plante qui donnera toujours cette nouvelle couleur. Aussi, les hybrideurs peuvent croiser ces plantes mutées et s’en servir pour créer des plantes aux couleurs encore plus variées. Presque toutes les couleurs imaginables! Que de choix pour le jardinier!

FRUITS SANS PÉPINS

Le but même d’un fruit juteux et sucré, du point de vue d’une plante, est de protéger les graines à l’intérieur et d’aider à leur distribution. Par son goût, il attirera un oiseau ou autre animal qui transportera le fruit ailleurs pour le manger. Le pépin tombera alors au sol et germera. Succès! La plante aura réussi à se reproduire!

Mais à l’occasion, la plante produit des fruits qui ne contiennent pas de graines viables. Les graines commencent à se former, puis avortent. Le fruit sans pépins (bananes, raisins sans pépins, oranges Navel, etc.) est quand même une mutation rare, mais fort prisée en agriculture. Si vous arrivez à développer une plante sans pépin que les agriculteurs peuvent multiplier, il vaudra presque son pesant d’or! Et pas très intéressante pour l’espèce d’origine, car elle est désormais stérile. Ainsi, la plante dépendra maintenant de l’humain pour sa survie.

ALBINISME

L’albinisme total est une mutation presque toujours fatale à la plante, car chez les végétaux, l’albinisme est l’absence de chlorophylle, ce pigment qui permet à la plante de faire de la photosynthèse, soit la capacité de convertir les rayons solaires en énergie. Sans chlorophylle, le semis ne peut vivre que des réserves contenues dans la graine. Aussitôt qu’elles sont épuisées, il meurt.

Une exception? Le célèbre cactus boute rouge (Gymnocalycium mihanovicii friedrichii ‘Rubra’). Il est rouge plutôt que le blanc habituel des albinos, car ses cellules sont rouges, mais est tout aussi libre de chlorophylle. On le garde en vie artificiellement en le greffant sur un cactus chlorophyllien qui fait tout le travail!

PANACHURE

Ainsi appelle-t-on un feuillage bicolore, une partie étant normale et chlorophyllienne (verte), l’autre sans chlorophylle ou albinos, ce qui laisse apparaître les couleurs secondaires du feuillage, habituellement blanc, crème ou jaune, mais parfois rose ou d’autres couleurs. Si la feuille contient assez de chlorophylle, la plante peut vivre normalement. Cette apparence bicolore plaît énormément aux jardiniers. Beaucoup de plantes ornementales, surtout chez l’hosta, sont panachées.

AUTRES MUTATIONS

Ce n’est pas tout! On trouve plusieurs autres mutations chez les plantes. Des ports nains, pleureurs ou colonnaires, des feuilles découpées, ondulées ou frisées, des tiges ou feuilles tirebouchonnées, des tiges ou aplaties (fasciées) et d’autres encore.

Allez voir dans votre jardin… ou, mieux encore, dans un parc ou un jardin public. Des plantes mutées, vous en trouverez par dizaines, beaucoup plus que vous ne l’auriez pensé!

Ainsi va-t-on au jardin, de surprise en surprise!