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SOLIDARITÉ SO SO

LISE RAVARY CHRONIQUE Collaboration spéciale lravary@yahoo.com

Les Iraniennes n’en peuvent plus. Elles en ont jusque là de l’imposition de moeurs archaïques par le régime depuis 1979, année du début de la révolution islamique menée par l’ayatollah Khomeini, y compris un code vestimentaire qui se résume à «cacher ces femmes que l’on ne saurait voir».

Elles manifestent dans les villes et villages d’Iran, appuyées par des hommes courageux qui partagent leurs revendications, et ce, en réaction à la mort en détention de Masa Ahmini, 22 ans, arrêtée par la police religieuse parce que son hijab aurait laissé paraître une mèche de cheveux.

On peine à y croire en 2022.

Elles manifestent, au péril de leur vie, contre des lois qui exigent qu’elles dissimulent leurs cheveux, avant-bras, genoux, cous, décolletés, etc. en public, instaurées par un gouvernement dictatorial qui contrôle aussi leur accès aux études supérieures ainsi que leurs vies professionnelle, sentimentale et familiale.

Elles espèrent surtout l’abolition de la théocratie des mollahs qui dirigent la République islamique d’Iran avec une main de fer pour enfin rejoindre le 21e siècle et la démocratie.

II n’existe aucune commune mesure entre l’obligation de se couvrir en public et celle de retirer tout signe religieux au travail

Quarante-trois ans de répression religieuse, c’est long longtemps. La plupart des religions sont obsédées par le contrôle du corps féminin, mais l’islam intégriste iranien ne se gêne pas pour user de violence extrême dans le but de mâter, une fois pour toutes, tout désir d’autonomie, de liberté de conscience.

Le sang coule présentement dans les rues et les prisons iraniennes où résonnent les cris des torturés.

L’Iran, c’est loin. Outre démontrer notre solidarité envers ces femmes courageuses, et les hommes qui les accompagnent, que pouvons-nous faire?

Mais voilà, cette solidarité manque à l’appel dans nos contrées qui ont tant souffert des diktats religieux. Des féministes, notamment chez Québec solidaire et à la Fédération des femmes du Québec, tolèrent le contrôle des religieux sur la vie des femmes

iraniennes pour diaboliser la loi 21 sur la laïcité au Québec.

Tordu, je vous dis.

C’est de bon ton du côté de la gauche dite progressiste de relier les événements tragiques en Iran et la laïcité à la Québécoise sous prétexte de protéger le droit des femmes d’ici de porter le hijab.

Désolée, mais il n’existe aucune commune mesure entre l’obligation de se couvrir en public imposée en Iran et celle, pour les employés de l’État en position d’autorité, de retirer tout signe religieux au travail, ce qu’exige une loi votée démocratiquement par le gouvernement du Québec.

Comme si le hijab, signe de soumission pour bien des musulmans, pouvait symboliser la liberté!

Laissez-moi vous raconter une histoire qui illustre bien l’absurdité de cette position.

Il y a quelques années, j’ai été invitée à enseigner le journalisme magazine à des femmes journalistes algériennes par l’ancienne Agence canadienne de développement international, l’ACDI, désormais intégrée au ministère des Affaires mondiales Canada.

Là-bas, un groupe de femmes universitaires et de syndicalistes m’ont conviée à une discussion sur la vie en Algérie. Elles ne se sont pas gênées pour me dire ce qu’elles pensaient des féministes canadiennes qui appuient le port du voile islamique au nom de la liberté de choix. Comme s’il y avait une commune mesure entre la situation des femmes dans le monde arabo-musulman et celle des musulmanes québécoises.

«Elles ne se rendent pas compte du tort qu’elles font aux femmes dans les pays islamiques. Alors que nous nous battons contre le hijab, vous le défendez! Ici, les imams intégristes utilisent votre ouverture à la différence pour mieux nous contrôler. Ils nous disent : “voyez, même les féministes canadiennes sont en faveur du voile. De quoi vous plaignez-vous?”»

Ayoye.

Loin de moi l’idée d’interdire le hijab, ou même le voile intégral, au Québec. Nos libertés individuelles s’appliquent aussi à des phénomènes qui nous dépassent et parfois nous horrifient. Nous sommes une société inclusive et c’est parfait comme ça.

Tout ce qui est demandé aux employés de l’État de toutes confessions, c’est d’afficher une neutralité bienveillante au travail.

Personne ne sera battu, torturé ou tué pour avoir dérogé à la loi 21. Au pire, elles, et ils, se verront attribuer d’autres tâches.

Le manque de solidarité avec les femmes iraniennes affichée par la nouvelle gauche afflige la féministe que je suis. Ça me scie les jambes.

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2022-10-01T07:00:00.0000000Z

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