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LA MATANIE EN QUÊTE DE SOLUTIONS

JOHANNE FOURNIER Collaboration spéciale

MATANE — Une moyenne annuelle d’un million de personnes souffrent d’insécurité alimentaire au Québec, révèle le rapport La faim justifie des moyens, déposé cet automne par l’Observatoire québécois des inégalités. La Matanie n’échappe évidemment pas à cette triste statistique, principalement depuis le début de la pandémie et de la poussée inflationniste.

Comme l’a souligné François Fournier de l’Observatoire, la perspective d’une récession imminente risque d’assombrir encore davantage la détresse alimentaire de nombreux ménages. Selon le chercheur invité, mardi, à prononcer une conférence à Matane, l’insécurité alimentaire n’est pas répartie de façon aléatoire. Certaines catégories de personnes et de ménages sont nettement plus à risque de se retrouver dans cette situation. Ce sont très majoritairement des ménages à faible revenu, y compris des travailleurs, des femmes monoparentales, des ménages composés de personnes noires et des gens âgés de 60 à 64 ans vivant seuls. Les familles autochtones sont de loin les plus fortement touchées par le phénomène.

De l’avis de M. Fournier, la principale cause immédiate est le manque de ressources financières basé sur des inégalités et des politiques sociales insuffisantes. «L’insécurité alimentaire est lourde de conséquences en termes de santé physique et psychologique des personnes, de qualité de vie familiale et de coûts pour le système de santé.»

L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE EN MATANIE

Si l’on se fie aux statistiques de l’Institut national de santé publique du Québec, 15 % de la population québécoise serait en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave depuis le début de la pandémie et de la poussée inflationniste. En se basant sur cette proportion, on peut estimer qu’au moins 3500 personnes de La Matanie sont aux prises avec un problème d’insécurité alimentaire jugé de modéré à grave.

Chose certaine, la situation est assez préoccupante pour que quatre organismes de la région aient décidé de réunir quelque 70 personnes, mardi à Matane, pour un forum «Matanie nourricière», un concept lancé l’an dernier par la MRC de La Matanie. Autour du thème «Loupe sur l’insécurité alimentaire», les participants ont discuté des causes du phénomène et des pistes de solutions durables, du transport des aliments en Matanie ainsi que des réalités vécues par les personnes en situation de pauvreté et des contraintes qui en découlent.

Selon l’agente de développement de la Table intersectorielle régionale en saines habitudes de vie pour COSMOSS Bas-Saint-Laurent, Ariane Lebel, 45 % de la population de la région vit en zone rurale. De ce pourcentage, 23 % de ces habitants sont confrontés à un désert alimentaire, ce qui signifie qu’ils résident à plus de 16 km d’une épicerie. C’est notamment ce qui ressort d’une étude réalisée par des chercheurs de l’Université du Québec à Rimouski. Ainsi, cette situation contribue à l’insécurité alimentaire.

Au cours de l’atelier animé par le Collectif pour un Québec sans pauvreté, les participants se sont prêtés à des mises en situation visant à comprendre les diverses réalités vécues en fonction d’un revenu auquel ils devaient soustraire un montant en raison d’un imprévu financier. Avec l’argent de Monopoly qui leur restait, ils devaient choisir les plats qu’ils pouvaient s’offrir pour le dîner en fonction du prix affiché. Heureusement, certains participants mieux nantis ont partagé leur argent avec d’autres qui n’avaient rien pour manger.

QUELQUES PISTES DE SOLUTIONS

Rassemblées en petits groupes, les personnes prenant part au forum se sont adonnées à un sprint créatif sur les façons d’aider les gens vivant une situation de précarité alimentaire. Elles ont identifié des moyens pérennes d’agir, en s’engageant collectivement et en développant des solutions novatrices. La journée s’est terminée par une plénière qui a permis aux participants de mettre en commun leurs idées.

Parmi les nombreuses pistes de solutions qui sont ressorties, notons la réalisation d’une campagne de sensibilisation, la déstigmatisation des préjugés, l’offre de dépannage alimentaire, la mise sur pied d’un système de livraison intermunicipal, des ateliers de cuisine visant à éviter le gaspillage de nourriture et le déploiement de frigos partagés dans les déserts alimentaires.

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