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Une honte nationale

LISE RAVARY CHRONIQUE Collaboration spéciale lravary@yahoo.com

Le Québécois Jacques Frémont, recteur et vice-chancelier de l’Université d’Ottawa depuis 2016, rate peu d’occasions d’afficher son ambivalence envers les libertés et droits constitutionnels. Pas fort pour un avocat constitutionnaliste ayant une expertise en droits de la personne.

Mon collègue Daniel Leblanc du Droit a bien résumé l’affaire mardi : «L’Université d’Ottawa se retrouve une fois de plus sous le feu des critiques après qu’on ait exclu caméramans et photographes de presse d’une conférence publique donnée par l’ambassadeur de Chine au Canada, Cong Peiwu.»

À la demande de l’ambassadeur, précisons-le. (Ironie du sort, la Chine surveille ses citoyens via des centaines de millions de caméras installées partout sur son territoire.)

Présent à la conférence, le recteur Frémont ne s’est pas opposé à la requête. On a aussi baissé les stores pour éviter à Son Excellence de voir une manifestation à l’extérieur en faveur de la minorité ouïghoure dont un million de membres sont enfermés dans des camps de rééducation chinois.

Jacques Frémont a fait marche arrière et s’est excusé 36 heures plus tard, mais le mal était fait. Il a couvert son pays de honte en acceptant de s’agenouiller devant les demandes du représentant officiel de la plus grande dictature sur Terre.

Rappelons que quelques jours auparavant, le président chinois Xi Jinping avait sermonné Justin Trudeau en public pendant la rencontre du G20 en Indonésie pour avoir publicisé une conversation entre les deux hommes au sujet de l’ingérence de la Chine dans les récentes élections fédérales.

Tout ça alors qu’on apprend que le gouvernement chinois a ouvert des postes de police clandestins au Canada pour surveiller ses ressortissants et intimider ses opposants, faisant fi de notre souveraineté.

PAS LA PREMIÈRE FOIS

M. Frémont n’en est pas à son premier scandale. En 2021, il a tourné le dos à une chargée de cours de l’Université d’Ottawa, Verushka Lieutenant-Duval, précipitée au coeur d’une tempête par avoir prononcé le mot en «n» dans un cadre académique. Elle a été suspendue et n’a pu assister aux discussions concernant son avenir.

M. Frémont a expliqué que Mme Lieutenant-Duval avait le droit de débattre du mot honni en classe, «mais qu’on ne soit pas surpris que plusieurs de ses étudiants n’aient tout simplement pas envie, surtout dans la lancée du mouvement Black Lives Matter, d’avoir encore une fois à se justifier pour que leur droit à la dignité soit respecté.»

Essayez donc de poursuivre la discussion après que les mots «droits à la dignité» aient été appelés en renfort.

L’incident a laissé des cicatrices à l’Université d’Ottawa — le corps professoral demeure divisé sur la question —, mais pas assez pour que Me Frémont retienne une chose ou deux sur la liberté académique.

LOI LIBERTICIDE

Ça ne s’arrête pas là. Lorsqu’il était président de la Commission des droits de la personne au Québec, sous le gouvernement Couillard, M. Frémont a poussé l’audace jusqu’à parrainer une loi liberticide sur les discours haineux qui aurait été enchâssée dans la Charte des droits et libertés québécoise, rendant hasardeuse toute critique des religions.

M. Frémont a même précisé sur les ondes de Radio-Canada qu’il visait des «gens qui écriraient contre la religion islamique».

Cette loi, jamais adoptée, Dieu merci, aurait donné à la Commission le pouvoir d’enquêter sur des propos haineux à partir de dénonciations anonymes et de déposer des accusations le cas échéant. En plus d’écoper d’amendes salées, les coupables auraient été fichés sur Internet.

La Commission aurait aussi acquis le pouvoir d’initier ses propres enquêtes et de faire interdire des propos avant leur diffusion ou publication.

Que le président d’une Commission des droits de la personne défende cette position dépasse l’entendement. Mais cela ne l’a pas empêché de poursuivre son ascension vers les cimes intellectuelles du Canada pour devenir recteur de l’Université d’Ottawa.

Jacques Frémont sait pourtant défendre la liberté d’expression : il a refusé de sanctionner Amir Attaran, un professeur de l’université d’Ottawa qui tient habituellement des propos haineux envers les Québécois. En 2021, Attaran avait comparé le Québec à l’Alabama et qualifié François Legault de suprémaciste blanc sans s’attirer les foudres de son recteur.

Me Jacques Frémont doit démissionner et les autres recteurs des autres universités canadiennes devraient se concerter pour le convaincre de tirer sa révérence s’il ne le fait pas.

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