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DEUX STARS AUX ANTIPODES

ANTOINE MAIGNAN ET JÉRÉMY TALBOT

DOHA — L’un brille dans un collectif taillé pour lui, l’autre s’éteint dans un désert offensif : le duel de buteurs entre Kylian Mbappé et Robert Lewandowski, à l’affiche de France-Pologne dimanche en huitièmes du Mondial, paraît déséquilibré.

«Si notre équipe avait eu la possession, si on avait eu Messi, Lewandowski aurait marqué cinq buts. Il doit être assisté». Avec des «si», «Lewy» aurait fait du petit bois de l’Argentine, veut croire Czeslaw Michniewicz...

Mais les statistiques sont sans appel pour le sélectionneur et la Pologne, défaite 2-0 mercredi : trois tirs, aucun cadré, et un zéro pointé pour son avant-centre en 99 minutes de jeu.

Ces chiffres tranchent avec ceux de Mbappé qui, lors de sa dernière titularisation, a infligé un doublé au Danemark (2-1) avec six occasions de but, dont quatre cadrées.

L’attaquant du PSG, au talent «hors norme», peut «faire des différences, même si les adversaires prennent des dispositions», s’était satisfait Didier Deschamps. «Avoir d’autres joueurs autour de lui qui amènent du danger, cela lui permet d’être un peu plus libéré», a ajouté le boss des Bleus.

De fait, si la jeune vedette de 23 ans brille autant, avec trois buts en trois matchs, c’est parce qu’elle dispose de satellites capables de la mettre sur orbite à tout moment : Ousmane Dembélé contre l’Australie (4-1), Theo Hernandez puis Antoine Griezmann face aux Danois.

«PREMIER DÉFENSEUR»

Mbappé se régale des caviars offerts, dans un système offrant «beaucoup plus de liberté» qu’en club, a relevé l’intéressé en septembre : «le coach sait qu’il y a un numéro 9 comme “Olive” [Giroud] qui occupe les défenses, moi je peux me balader, aller dans les espaces, demander les ballons.»

Des ballons, Lewandowski n’en a que très peu à se mettre sous la dent avec les «Aigles blancs».

Contre l’Argentine, «j’étais le premier défenseur. Mais quand tu joues pour la sélection polonaise, tu ne peux pas t’attendre à ce que l’équipe crée des occasions de but pour toi, on doit travailler en tant qu’équipe», a relevé le meilleur buteur (77) et joueur le plus capé (138) de l’histoire en Pologne.

Au pays, un sentiment de gâchis se dégage à propos de l’utilisation de Lewandowski, arme redoutable sous-exploitée en raison des consignes du sélectionneur, jugé pas assez ambitieux.

Pour le premier match face au Mexique (0-0), «sur certaines phases de jeu, il y avait six ou sept joueurs en défense», et la tactique était «uniquement d’envoyer des longs ballons sur les ailiers ou Lewandowski», se rappelle Kamil Kolsut, journaliste pour le quotidien polonais Rzeczpospolita.

Le style de jeu, peu emballant, contraste avec celui «très offensif» de Paulo Sousa, le précédent sélectionneur parti fin 2021, que le buteur du FC Barcelone a «toujours soutenu, même après l’élimination au premier tour du dernier Euro», sans victoire malgré trois buts de Lewandowski, dit-il.

«La Pologne est assez partagée» concernant Michniewicz. D’un côté, il obtient «le meilleur résultat depuis 1986», date du dernier huitième de finale disputé en Coupe du monde. De l’autre, il est «très critiqué» à cause du style de jeu «vraiment décevant». «On a eu seulement quatre tirs cadrés en trois matchs!» s’exclame le suiveur des «Bialo-czerwoni» (blanc et rouge en polonais).

ÉMU AUX LARMES

À titre personnel, Lewandowski a raté un penalty contre le Mexique, a été quasi inexistant contre l’Argentine et, entre deux, est parvenu à enfin marquer le premier but de sa carrière au Mondial, face à l’Arabie saoudite (2-0), ce qui l’a ému aux larmes.

«Il a quasiment tout gagné en club, mais jamais rien en sélection, c’était une vraiment délivrance pour lui», commente Kolsut.

Avec le Bayern Munich (20142022) notamment, «LewanGOALski» s’est adjugé une pelletée de titres en Allemagne (huit sacres en Bundesliga, trois en Coupe, cinq en Supercoupe) et la Ligue des champions en 2020.

«Même à l’entraînement, il a ce sérieux qui fait qu’il est à ce niveau depuis des années», a expliqué jeudi l’ailier français Kingsley Coman, buteur de la finale européenne à Lisbonne, et équipier pendant sept saisons en Bavière.

«Très bon dans la surface, dans ses déplacements, il a une finition extraordinaire», a-t-il décrit. Comment faire pour le stopper? «Le mieux, c’est qu’il n’ait pas la balle», a-t-il souri.

MAG SPORTS

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2022-12-03T08:00:00.0000000Z

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