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UN AMBASSADEUR À LA RÉPUTATION PARTICULIÈRE

DAVID PAGÉ

Les animaux du Zoo sauvage agissent comme ambassadeurs pour leur espèce ainsi que pour les milieux naturels. Ils créent un lien entre les visiteurs et la nature, et ouvrent une fenêtre unique sur le monde animal. Une espèce qui joue un rôle primordial au point de vue de la sensibilisation au Zoo sauvage est le carcajou, qu’on peut aussi appeler glouton.

Un animal si intéressant gagne à être connu et c’est une partie de la mission quotidienne de nos naturalistes de le présenter sous son véritable jour à nos visiteurs. Pour quelle raison? En fait, le carcajou a souvent eu mauvaise réputation! On le dépeint comme un animal au mauvais caractère, comme un diable dangereux et malin. Plusieurs mythes lui sont attribués. On dit souvent de lui qu’il peut s’attaquer à un ours. Ce n’est pas sans raison qu’il a inspiré le personnage de Wolverine, dans les X-Men, dont le nom signifie carcajou. Une réputation fort impressionnante, mais plutôt erronée.

En fait, tout d’abord, il est important de savoir une chose. Contrairement à ce que sa réputation véhicule, le carcajou n’est pas un grand prédateur. C’est plutôt un charognard qui va se nourrir des restes d’animaux déjà morts. Il va d’ailleurs lui arriver de suivre les meutes de loups pour dévorer les restes qu’ils ne mangent pas.

À titre de charognard, le carcajou est très bien équipé. Il a un puissant odorat, avec lequel il peut flairer des carcasses enfouies sous la neige. Sa mâchoire est très puissante, et il peut l’utiliser pour mâcher de la viande gelée. Cependant, il n’en demeure pas moins vrai qu’il n’est pas le meilleur des chasseurs. D’où lui vient donc cette terrible réputation?

Cela tient principalement ses sources de la colonisation, à une époque où l’économie était surtout liée au commerce des fourrures. On comprend bien qu’un charognard opportuniste comme le carcajou ne se gênait pas pour dérober aux trappeurs les récoltes prises dans leurs pièges. On l’a donc démonisé très rapidement, et il a été chassé pour cette raison. De plus, comme les loups aussi subissaient une pression sévère, le carcajou a perdu des alliés naturels qui lui fournissaient quantité de nourriture. Ainsi, on considère le carcajou extirpé de la province de Québec, de nos jours, et seules les populations de l’ouest subsistent au pays.

Un autre point notable de sa réputation lui vient de son tempérament. On dit que derrière les mythes, on trouve souvent un fond de vérité, et c’est le cas ici. Comme tous les mustélidés, le carcajou est un animal territorial, et il va défendre ce qui lui appartient autant que possible. Ainsi, si un danger menace, le carcajou va grogner et baver pour protéger son territoire ou son repas. Cependant, il s’agit principalement de comportements ritualisés : ils sont destinés à impressionner, pour dissuader les intrus de s’approcher davantage.

Le carcajou est donc un animal qui sait impressionner, mais qui est plutôt de nature timide lorsqu’on apprend à le connaître. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est difficile de l’étudier en nature : il tend à disparaître avant même que l’on ait la chance de le repérer.

Les gardiens animaliers du Zoo pourront aussi vous le confirmer : c’est un animal assez craintif, mais aussi très astucieux et attachant. Les quatre carcajous du Zoo se joignent donc à toute notre équipe pour sensibiliser nos visiteurs à propos de cette espèce méconnue, ce que vous pourrez faire à votre tour à la suite de votre lecture. Comme le dit la mission du Zoo sauvage, nous pouvons faire aimer la nature afin de la préserver.

David Pagé est directeur conservation et éducation au Zoo sauvage de Saint-Félicien.

LE MAG

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