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CAPITALE DE L’HIVER

«L’historien volant» Pierre Lahoud fait de la photo depuis plus de 45 ans afin d’immortaliser la beauté et l’histoire du Québec. Il partage avec les lecteurs du Mag ses clichés pris du haut des airs.

PROPOS RECUEILLIS PAR LUDOVIC CÔTÉ Info : pierrelahoud.com

Aujourd’hui, un imposant morceau de glace sur le fleuve Saint-Laurent, à la hauteur de Kamouraska. Au premier regard, «on dirait un morceau de cassetête qu’on vient d’échapper par terre», illustre M. Lahoud.

La scène se veut surtout une «belle illustration de notre nordicité». «À Québec en particulier, encore plus qu’à Montréal, on vit cette nordicité de façon importante», commente l’historien, qui rappelle que les hivers durent cinq mois dans la capitale et que la forêt Montmorency est l’un des endroits enregistrant les plus importantes chutes de neige sur la planète.

«Québec est l’une des capitales au monde les plus enneigées. C’est incroyable, on vit tout le temps avec cette nordicité», conclut-il.

Les paroles s’envolent, mais les écrits restent… Et Didier Morissonneau a pris à la lettre ce célèbre adage lorsqu’il a mis sur pied son Cabaret Bio dégradable. Près de 15 ans après sa création, le cabaret littéraire qui puise dans les autobiographies québécoises est de retour sur quelques scènes de la province. Question d’offrir à nouveau au public quelques «chefsd’oeuvre de vacuité».

«J’avais entendu parler d’un Américain qui lisait [devant un public] la biographie de Vanna White, la fille qui tournait les lettres dans l’émission Wheel of Fortune. C’était complètement absurde. Ça n’avait aucun intérêt. C’est le seul show d’humour qui a été écrit involontairement!

«[…] Je me suis mis à lire des autobiographies québécoises et j’ai découvert des perles, des chefsd’oeuvre de vacuité», se remémore Didier Morissonneau, en entrevue au Soleil.

Le producteur et directeur artistique du Cabaret Bio dégradable se dit heureux de remonter sur scène, entouré de ses complices. On dénombre Anaïs Favron, Sylvain Larocque, Sébastien Trudel, Pierre-Luc Brillant, Denis Marchand, Charles-Alexandre Quesnel, Rémi Montesinos et Kim Lavack-Paquin.

Ensemble, ils reprennent ainsi la formule «culte» qui a été saluée par le public et les critiques depuis sa création, soit la lecture d’extraits «jamais pertinents» puisés dans des autobiographies québécoises et internationales.

Le tout sans changer un mot ni manipuler le sens des phrases choisies, mais en mettant de l’avant des passages tantôt vaniteux, narcissiques ou tout simplement tellement inintéressants que c’en est drôle.

Le spectre des «victimes» du Cabaret Bio dégradable est vaste et passe d’artistes qui ont marqué la culture québécoise à des vedettes qui ont été vite oubliées.

Tout au long de la soirée, les spectateurs feront ainsi un saut dans la vie de l’actrice Danielle Ouimet, de l’ancienne candidate de Loft Story Elisabetta Fantone ou encore de l’animateur de télévision Jacques Boulanger.

«[Dans L’envers de ma vie — un parcours d’espoir], Marie-Chantal Toupin raconte sa découverte du brocoli à l’âge de 16 ans. Et elle écrit là-dessus : comment le brocoli a changé sa vie; à quel point elle s’assure toujours d’en avoir dans son frigidaire même quand on est hors-saison», souligne Didier Morissonneau, tout en notant les détails trop précis que Michel Girouard ou André Montmorency donnent sur leur vie sexuelle, dans leur ouvrage respectif.

Parmi les classiques qui se retrouvent au sein du projet depuis le début, on compte notamment la gagnante de la première édition de Loft Story, Julie Lemay, qui avait publié, à sa sortie, un journal relatant son aventure. L’incontournable lutteur Maurice «Mad Dog» Vachon fait également partie de la liste.

Didier Morissonneau affirme d’ailleurs s’être beaucoup amusé avec la distribution du spectacle, jouant avec certains opposés ou, au contraire, avec des figures qui pouvaient se ressembler.

Si Sylvain Larocque interprète par exemple Julie Lemay, Sébastien Trudel a été attitré à la lecture de l’autobiographie de Jacques Boulanger.

«Je suis plus un gars de radio. Je ne suis pas comédien. Donc, dans mon cas, j’essaie surtout d’être fidèle au texte que je lis», explique Sébastien Trudel qui participe au projet depuis 2009.

La nouvelle édition du Cabaret Bio dégradable puisera également dans de récentes autobiographies comme celles du musicien Étienne Drapeau, du chanteur country Robby Johnson ou de la pharmacienne Éliane Gamache-Latourelle, connue sous le nom de «la jeune millionnaire».

Or, le spectacle souhaite aussi «rendre hommage» aux grands disparus qui nous ont quittés dans les dernières années, tel que le journaliste culturel Michel Girouard, décédé en 2021.

UN CABARET «LIBÉRATEUR»

Avec un spectacle qui exploite à fond la notion de second degré, l’équipe du Cabaret Bio dégradable n’a pas la prétention de s’adresser à tous les publics.

Didier Morissonneau ne s’en cache pas d’ailleurs : il débute ses représentations en avertissant — avec humour — la foule, précisant que son cabaret littéraire «n’est pas un safe space».

Pourquoi? Parce que la plupart des textes lus ont été publiés il y a

plusieurs années et qu’ils ne correspondent pas forcément à ce qui est «politiquement correct» aujourd’hui.

«On lit les propres mots des artistes. Évidemment, il y a des choses qui ne se disent plus en 2022. Mais ça a été publié et ce sont des ouvrages qui sont encore disponibles donc on les lit comme ils ont été écrits. On ne censure pas les livres», note entre autres Sébastien Trudel.

Ce «côté un peu trash» est cependant totalement assumé par Didier Morissonneau qui produit le spectacle : «Cette année, je m’aperçois que cette facette-là du spectacle plaît au public parce que c’est libérateur.

«[…] Quand je dis, au début, que le Cabaret Bio dégradable n’est pas un safe space, les gens se lèvent et applaudissent. Je constate qu’il y a un écoeurement de la censure et de l’autocensure.

«[…] Il y a par contre certains textes où je me suis posé des questions, si on devait les faire ou non. Et, dans ce temps-là, je me tourne vers les comédiens pour savoir ce qu’ils en pensent.»

Sébastien Trudel affirme de son côté qu’il n’est pas rare que les rires et les huées se fassent entendre en même temps lors d’une représentation.

«Jacques Boulanger a, dans son autobiographie, des poèmes très misogynes. Les gens hurlent de rire et huent en même temps parce que ça n’a aucun sens ce que je lis. Ça, c’est assumé», ajoute l’ancienne moitié des Justiciers masqués.

L’AUTOBIOGRAPHIE, UN PARI PAS TOUJOURS RÉUSSI

Didier Morissonneau l’a souvent répété : il doit lire 10 biographies avant d’en trouver une qui a le potentiel d’être ajoutée au spectacle.

Les livres racontant la vie de Gilles Latulippe ou encore de Dominique Michel sont des ouvrages dans lesquels il a beaucoup appris, nomme-t-il d’ailleurs à titre d’exemple.

Ce qu’il déplore cependant, ce sont les autobiographies commandées à la va-vite auprès d’artistes qui n’ont pas forcément de matériel pour les écrire. Résultat? Des livres qui sont composés de longues énumérations vides de sens et de minces anecdotes, soutient-il

«On dirait que les éditeurs ont des correcteurs, mais pas de lecteurs.

«Dans ces livres-là, il n’y a jamais une faute d’orthographe. Mais il y a des histoires qui n’ont aucun bon sens. On se demande souvent comment ils ont pu laisser passer des choses comme ça. C’est extraordinaire», estime le producteur québécois qu’on retrouve derrière plusieurs comédies musicales, pièces de théâtre et concerts.

Le Cabaret Bio dégradable sera de passage au Théâtre Petit Champlain les 15 et 16 décembre. Pour plus de détails : theatrepetitchamplain.com

LE MAG

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2022-12-03T08:00:00.0000000Z

2022-12-03T08:00:00.0000000Z

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