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LE PIANISTE LOUIS-ÉTIENNE SANTAIS REVIENT VERS L’ÉLECTRO

VALÉRIE MARCOUX vmarcoux@lesoleil.com

Deux ans après avoir lancé son premier album solo, Louis-Étienne Santais dévoile

(De)construction, un opus instrumental qui joue avec les codes de la musique classique et électronique.

«À la base, je viens complètement de la musique électronique avec mes groupes Fjord et Gosthly Kisses. Le classique et le néoclassique sont venus après», fait valoir le compositeur-interprète de Québec. On aurait pu croire que Reflection I serait suivi d’un second volume, mais Louis-Étienne Santais n’est pas aussi prévisible.

«Ce n’est pas exclu que Reflection II arrive un jour», mentionne le pianiste qui a osé de nouvelles expériences.

«Je me suis penché sur les codes qui régissent la musique classique et la musique électronique. Dans certains cas, je les ai tout simplement inversés», explique-t-il.

Des instruments classiques sont donc utilisés pour jouer ce qui est habituellement confié à un ordinateur. L’inverse est aussi vrai : des instruments

électroniques imitent le plus fidèlement possible des sons organiques. Le compositeur joue ainsi avec les perceptions des auditeurs.

Son album se nomme (De) construction, car Louis-Étienne Santais n’est pas parti de zéro pour construire ses pièces.

«On ne peut jamais complètement réinventer la roue en musique», croit le musicien.

«J’ai essayé de séparer en éléments plus simples des oeuvres qui me semblaient complexes et unies», dévoile le compositeur qui refuse de nommer, pour l’instant, les mélodies qu’il a déconstruites.

La seule qu’on peut reconnaître est Enjoy the Silence. Moins disséquée que les autres, cette pièce est plutôt considérée comme une reprise. Pour cette raison, l’artiste a conservé le titre original de cette chanson de Depeche Mode.

«Je suis parti de quelque chose de très dansant et énergétique et j’en ai fait une ballade mystérieuse et apaisante», indique LouisÉtienne Santais.

Sur cette chanson, on entend particulièrement bien les bruits d’engrenage de piano. L’artiste de Québec nous avait déjà habitués à ces jolis sons parasites sur son premier opus.

«Je suis retourné au même studio, le Studio Pierre Martin, qui m’avait originalement été conseillé par Alexandra Stréliski, mentionne-t-il. J’adore cette façon d’enregistrer le piano qui est fragile et qui révèle une intimité plus grande.»

Le musicien estime que ses nouvelles compositions, ainsi que les arrangements, sont plus complexes que celles de Reflection I.

Encore une fois, le compositeur a préféré laisser Hélène Desjardins jouer le piano lors de l’enregistrement en studio.

«J’aime vraiment son interprétation», insiste Louis-Étienne Santais.

Il a également fait appel à un orchestre et une chorale de Macédoine du Nord pour interpréter les cordes et les choeurs. Gosthly Kisses avait également utilisé ce service accessible via Zoom pendant la pandémie pour réaliser l’album Heaven, Wait.

«À la base, c’est moi qui les avais trouvés», revendique avec humour le complice de Margaux Sauvé.

Kawa no kami met particulièrement en valeur les violoncellistes des Balkans. Cette composition est un hommage au célèbre réalisateur d’animation japonaise, Hayao Miyazaki.

«J’ai adoré ses films et ses soundtracks!» s’exclame le musicien.

Le cofondateur du Studio Ghibli faisait souvent appel à des violoncelles dans les musiques de ses films. The Path of the Wind, qu’on entend dans Mon voisin Totoro, en est un somptueux exemple.

LES PIÈCES MANQUANTES

Anglais, français et espagnol; les titres des pièces instrumentales de (De)construction — et le titre de l’album lui-même — ont en commun d’être facile à prononcer et à comprendre dans ces trois langues.

Avec la complicité des artistes de Macédoine du Nord, LouisÉtienne Santais a aussi fait un morceau en grec. Or, celui-ci ne se retrouve pas sur le disque.

Le compositeur n’avait pas l’impression que sa création était totalement aboutie. Elle apparaîtra peut-être sur une version «deluxe» ultérieure.

Dévoilée plus tôt sur Internet, Chant d’oiseau est également absente. «Je me suis décidé à la retirer de l’album à la dernière minute», raconte l’artiste, un brin perfectionniste.

Ce morceau ne s’agençait pas à l’ambiance créée par l’enchaînement des autres. Le compositeur affirme avoir pris cette décision pour le bien de l’expérience globale de l’oeuvre.

Chant d’oiseau demeure offert en ligne. On peut notamment l’apprécier dans une version enregistrée directement chez le pianiste.

En fait, lui et Margaux Sauvé ont récemment acquis une maison dans la région de Québec pour y établir leur nid d’amour et de création.

Louis-Étienne Santais peut enfin jouer aux moments qu’il le désire, ce qui n’était pas nécessairement le cas durant la composition de son album.

Le musicien qui habitait dans un condo plus ou moins bien insonorisé a composé l’essentiel de ses pièces sur les pianos de l’Université Laval en deux semaines.

«Je me suis penché sur les codes qui régissent la musique classique et la musique électronique. Dans certains cas, je les ai tout simplement inversés»

— Louis-Étienne Santais

LE MAG

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2022-12-03T08:00:00.0000000Z

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