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Stanley Péan AUTEUR ET PARFOIS PERSONNAGE

DANIEL CÔTÉ dcote@lequotidien.com

Haïti. Le jazz. Les années de jeunesse à Jonquière. L’ombre de la mort, qui emprunte des formes étonnantes. Ces thèmes tissent la trame de Crépusculaires, un recueil de nouvelles signé Stanley Péan.

Il renferme des textes rédigés au fil des huit dernières années, dont plusieurs de fraîche date. Ils montrent à quel point ce genre littéraire demeure cher à son coeur.

«Mes influences principales sont des auteurs qui ont fait des nouvelles. L’un d’eux étant Borgès, la première du livre a pour titre Le temps qui passe, Borgès et moi. Elle se déroule dans le petit parc situé près du boulevard Harvey, à Jonquière, pas loin du pont.

«Il y a un échange entre moi maintenant et moi à 18 ans, puisque c’est là que je me tenais à l’adolescence, avec mes amis. On se demande lequel est réel et lequel est un fantôme», mentionne l’écrivain au cours d’une entrevue téléphonique accordée au Quotidien.

SON ALTER EGO

Un peu plus loin, dans Traversée du Cap avec l’aïeul, c’est une autre sorte d’apparition qui sollicite l’attention du lecteur. S’exprimant au je, la dame au coeur de cette histoire se rend dans la ville de Cap-Haïtien pour déposer les cendres de sa mère. Profitant d’un moment de détente à l’hôtel, elle enfile quelques cocktails avant de se voir accompagnée par un vieil homme grandiloquent. Une scène classique, se dit-on, avant de comprendre qu’il s’agit du poète Oswald Durand, son aïeul né en 1840.

«Cette nouvelle a été écrite à la demande de ma soeur, qui voulait

célébrer le 350e anniversaire de Cap-Haïtien. Oswald Durand, c’est aussi mon ancêtre», précise Stanley Péan qui, lui-même, effectue quelques apparitions dans le livre, sous les traits de son alter ego Marvin Courage. Celui-ci est amateur de jazz, un peu tombeur et foncièrement noctambule.

La différence avec la vraie vie est que dans Bootleg, cet homme paie le prix fort pour quelques heures de plaisir en bonne compagnie.

«J’ai commencé à utiliser ce personnage en 1996, fait observer l’écrivain. Il est présent trois fois dans Crépusculaires et on le retrouve aussi dans l’ouvrage collectif Face à face, paru cette année chez Druide.

«Le texte que j’ai écrit pour ce recueil présente une confrontation entre l’auteur et Marvin Courage. Celui-ci lui demande des comptes.»

Mais revenons à Bootleg pour illustrer le bonheur que prend l’auteur à semer des références tantôt obscures, tantôt évidentes. Ainsi est-il question d’un album pirate paru sous étiquette Bythinia, mais bien malin qui devinerait qu’il s’agit d’un clin d’oeil au regretté Claude Mathieu.

«Il est tombé dans l’oubli après avoir publié trois livres, dont La mort exquise, un recueil de nouvelles. L’une d’elles a pour titre Le pèlerin de Bikini», révèle Stanley Péan.

Autre exercice ludique, Crépusculaires renferme quelques nouvelles se résumant à une poignée de phrases. «Certaines d’entre elles ont 320 caractères, le même nombre que le maximum permis sur Twitter. Ça présente un défi formel intéressant, dont l’origine remonte à 2019.

«[À Montréal], j’ai animé un événement littéraire qui m’a amené à produire des textes respectant ce format. Dans ce contexte, le défi, c’est de réduire», avance l’écrivain.

Jamais loin dans ses pensées, la mort s’est invitée une nouvelle fois dans Requiescat in pace, mais pas celle qu’on imagine. Cette fois, c’est un événement heureux, l’amorce d’une relation, qui constitue l’élément déclencheur.

Puisque l’homme a évoqué le fait qu’une part de lui était morte depuis longtemps, sa nouvelle partenaire a imaginé un enterrement rituel en forêt, destiné à faire table rase de ce bagage encombrant.

«Ma blonde étant proche de la nature, l’inspiration est venue de là. Je crois aussi qu’il est possible d’avoir une spiritualité hors de la religion», confie Stanley Péan.

LE MAG

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2022-12-03T08:00:00.0000000Z

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