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LES LIBÉRAUX RETIRENT LES AMENDEMENTS CONTROVERSÉS

AVEC LA PRESSE

Les libéraux à Ottawa ont retiré deux amendements controversés à leur projet de loi C-21 qui aurait mis en place une nouvelle définition de ce qu’est une arme d’assaut.

Les amendements ont provoqué un tollé dans de nombreuses régions rurales du Canada, alors que des chasseurs ont argué que cela rendrait illicites des armes qu’ils utilisent légalement pour la chasse.

Les libéraux ont aussi subi des pressions de la part de plusieurs de leurs propres députés pour modifier ou retirer la nouvelle définition des armes interdites.

Vendredi, les députés qui siègent au comité de la sécurité publique ont unanimement entériné une motion présentée par les libéraux pour reculer sur leurs amendements controversés.

Les conservateurs se sont accordé le crédit pour le retrait des amendements, soulignant qu’ils les avaient dénoncés haut et fort au cours des derniers mois.

«Nous avons été le seul parti qui s’est sans cesse opposé à cela, et ce, depuis le début», a dit leur chef, Pierre Poilievre, dans le foyer de la Chambre des communes.

À son avis, le premier ministre Justin Trudeau a seulement «pris une pause» dans son intention d’interdire des fusils de chasse. Il ne fait aucun doute à ses yeux que ce dernier a l’intention de revenir à la charge en raison de «son agenda».

«Il a défendu son plan de bannir des armes de chasse pendant trois mois. Il a dit à haute voix qu’il voulait enlever les armes de chasse [des mains] de nos Autochtones, de nos fermiers ainsi que d’autres Canadiens qui ont un permis d’acquisition», a affirmé M. Poilievre.

«Je pense que les libéraux ont entendu le message qu’ils devaient entendre», a quant à elle affirmé la bloquiste Kristina Michaud, qui avait demandé une réunion d’urgence en décembre pour tenir de nouvelles consultations sur ces deux amendements.

«On demeure en faveur d’une interdiction des armes d’assaut, donc c’est certain que la main est toujours tendue au gouvernement s’ils reviennent avec des amendements, a-t-elle ajouté. Il faudra voir s’ils sont recevables premièrement, et quelle forme ils prennent.»

Elle estime qu’il serait plus judicieux de déterminer une définition pour prohiber à la fois les armes d’assaut existantes et celles qui pourraient faire leur apparition sur le marché.

CONFUSION

«Nous regrettons la confusion que ce processus a provoquée et nous nous engageons à mener une conversation réfléchie et respectueuse, basée sur les faits et non sur la peur», a affirmé le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, dans une déclaration écrite.

«Le projet de loi C-21 ne vise pas les chasseurs, mais certaines armes à feu qui sont trop dangereuses dans d’autres contextes», a-t-il ajouté en faisant notamment référence aux AR-15.

En entrevue à La Presse la semaine dernière, il avait affirmé être prêt à apporter des modifications aux amendements à la lumière des commentaires qui seraient recueillis. «Le SKS a été créé pour la guerre et le passage du temps n’y change rien», avait-il soutenu. Cette arme de style militaire, développée par les Soviétiques durant la Seconde Guerre mondiale, est populaire auprès des chasseurs, incluant les membres des Premières Nations.

«LA DÉSINFORMATION A GAGNÉ»

Le groupe PolySeSouvient a, de son côté, déploré le retrait des amendements, soutenant par communiqué que «les survivants et victimes de tuerie de masse qui militent depuis des décennies pour interdire les armes d’assaut sont sous le choc».

«Il est clair que la désinformation propagée par les députés conservateurs et le lobby proarmes a gagné», a déclaré Nathalie Provost, porte-parole de l’organisation et survivante de la tuerie de Polytechnique.

Une trentaine de personnalités québécoises ont signé, vendredi, une lettre d’appui à la nouvelle représentante spéciale du Canada chargée de lutter contre l’islamophobie, Amira Elghawaby.

L’ancienne journaliste et militante est depuis une semaine empêtrée dans une controverse liée à d’anciens propos qu’elle a tenus sur les Québécois et le «sentiment antimusulman».

La liste de politiciens — à l’Assemblée nationale tout comme à Ottawa — qui réclament sa démission n’a d’ailleurs cessé de s’allonger depuis quelques jours.

Dans la lettre ouverte, on rappelle que Mme Elghawaby s’est excusée sincèrement d’avoir blessé les Québécois. Elle a aussi exprimé le désir de poursuivre le dialogue dans le but d’échanger et d’apprendre. Le groupe de signataires, dont fait partie l’ex-président de la Grande Mosquée de Québec Boufeldja Benabdallah, se dit «sensible» aux préoccupations qui ont été soulevées depuis la nomination de Mme Elghawaby.

Cependant, ils estiment que son défi est de taille et qu’il faut lui «donner la chance [...] d’exercer et de remplir le mandat pour lequel elle a été nommée».

«Nous sommes prêts à contribuer à un dialogue constructif entourant ces enjeux complexes et sensibles et nous nous engageons à combattre tous les préjugés, quels qu’ils soient», ajoute-t-on dans la lettre.

Le philosophe Charles Taylor et l’avocat Julius Grey font également partie des signataires, tout comme l’ex-candidate de Québec solidaire Ève Torres et Mohamed Labidi, président du Centre culturel islamique de Québec.

LEGAULT DOIT LANCER UN APPEL AU CALME

En entrevue avec La Presse Canadienne vendredi matin, M. Benabdallah a exhorté le premier ministre François Legault à lancer un appel au calme.

Il a déploré que la communauté musulmane soit en train de faire les frais de la controverse Elghawaby, quelques jours seulement après le sixième anniversaire de l’attentat à la Grande Mosquée.

Des représentants de la communauté musulmane avaient alors salué la création d’un poste de représentante spéciale contre l’islamophobie. Depuis, M. Benabdallah estime que la situation a «complètement dérapé».

«Paf, ça nous remet à plat», dit-il. «Tout va se retourner contre nous, nos enfants à l’école, la crainte, la peur, les insultes. On a commencé déjà à recevoir des insultes, des gens que je connais depuis très longtemps, très virulentes.

«On est en train de casser le bois sur le dos d’une petite population. Ce n’est pas nous qui sommes le problème; nous avons hérité des situations difficiles, alors que nous sommes là pour construire la paix», a-t-il ajouté. M. Legault doit tenter de calmer le jeu, selon lui. «S’il ne le fait pas, je pense que la dérive va commencer.»

Pour le reste, M. Benabdallah demande que l’on fasse confiance au comité qui a sélectionné Mme Elghawaby, dont le salaire annuel à l’avenir s’élèvera à près de 200 000 $.

«Moi, je ne la connais pas personnellement. Comment on peut évaluer la qualité, si ce n’est de faire confiance au comité qui a évalué son pedigree et qui a vu qu’elle avait des qualités?» a-t-il plaidé.

«Un comité qui l’a évaluée, on ne peut pas jeter son opinion à côté», a-t-il renchéri, en prenant la peine de dénoncer l’«antécédent très grave, très insultant pour la population» de Mme Elghawaby.

«Elle a fait une gaffe; elle s’est excusée. Nous sommes satisfaits de son excuse. Un individu qui fait une faute et qui la reconnaît, est-ce qu’on peut tourner la page?»

Malgré cette nuance apportée, Boufeldja Benabdallah craint que son propos ne soit mal accueilli par une majorité de Québécois, et que la lettre ouverte ne soit «mal comprise».

«Ah, les méchants sont là qui la supporte. Non, on dit : “Donnons la chance au coureur”. [...] Je pense que nos paroles [...] seront mises à la poubelle, [...] mais, moi aussi, j’ai le droit de m’exprimer», lance-t-il.

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