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LA TRIPLE FIERTÉ DE LAURIE BLOUIN

IAN BUSSIÈRES ibussieres@lesoleil.com

En ski acrobatique comme en planche à neige, jamais une femme n’avait réussi un triple saut périlleux en compétition. Les choses ont changé en fin de semaine dernière aux X-Games d’Aspen, au Colorado, quand la planchiste Laurie Blouin en a réussi un qui lui a conféré la médaille de bronze à l’épreuve du Big Air. La Japonaise Reira Iwabuchi, médaillée d’or, en avait aussi réussi un la même journée tout comme la skieuse canadienne Meghan Oldham, également médaillée d’or.

«Moi et Reira avions été les deux premières à réussir un triple à l’entraînement la même journée lors de l’événement The Nines, en Suisse, en avril 2022. On a aussi été les deux premières à le faire en compétition cette année aux X-Games», raconte Laurie, revenue chez elle à Saint-Gabriel-de-Valcartier en attendant la prochaine épreuve de la Coupe du monde de slopestyle à Calgary du 9 au 12 février.

Iwabuchi a réalisé un «triple cork 1260 frontside» alors que Laurie y est allée d’un «triple cork 1260 switch frontside». «Je suis la première à avoir réussi ce saut. La différence est que je descendais de mon côté opposé. Le niveau de difficulté est semblable, ça dépend vraiment de chaque athlète», explique Laurie.

RARE

«Ce n’est pas une manoeuvre que j’avais pratiquée beaucoup, je n’en avais pas vraiment fait après The Nines. Mais je fais souvent un “switch frontside 900” et c’est la même manoeuvre avec un flip de plus», poursuit l’athlète de Québec, qui avait vu quelques-unes de ses adversaires tenter le triple saut sans réussir à atterrir au cours de la dernière année.

«Anna Gasser l’avait essayé et Reira avait aussi tenté sa chance aux Jeux olympiques de Pékin sans toutefois y arriver», rappelle-t-elle. «Pour le moment, tu ne peux vraiment pas tenter ça n’importe où. Ça dépend beaucoup des installations. Ça prend un saut très haut. Ce n’est pas tant que ce soit difficile parce que c’est une progression naturelle du double, mais il faut avoir confiance en soi», poursuit Laurie.

Aux X-Games, elle avait réussi sa première descente au Big Air avant de rater son coup sur les trois autres. Elle a donc tenté le tout pour le tout à sin dernier essai. «Je voulais vraiment faire un triple aux X-Games. Je me disais que même si je le ratais, au moins j’aurais tout donné. Je n’en revenais pas de l’avoir atterri», poursuit-elle, avec encore un peu d’adrénaline de cette compétition hivernale.

Laurie ne savait pas qu’Iwabuchi tenterait le même saut à Aspen. «Probablement qu’elle m’a vu l’essayer et que ça l’a motivée à tenter sa chance elle aussi. On s’est félicitées après nos sauts», poursuit-elle.

La planchiste a donc dorénavant une nouvelle arme dans son arsenal qu’elle utilisera cependant avec parcimonie pour le moment. «J’essaierai quand j’aurai vraiment besoin d’un gros saut. Peut-être que ça deviendra plus naturel quand j’en aurai essayé 60, alors j’espère qu’il y aura des installations qui permettront de sauter plus haut pour pouvoir le faire», indique-t-elle, avouant toutefois qu’elle n’a pas nécessairement envie de toujours tenter des triples à l’entraînement.

HABITUÉE DU PODIUM

Celle qui est rentrée des cinq derniers X-Games avec une médaille au cou était par ailleurs très heureuse de renouer avec le podium. «Je misais beaucoup sur le slopestyle, mais ça n’a pas marché comme je voulais. En cinquième place, je n’étais pas très loin, mais rendue où j’en suis, je ne suis pas satisfaite si je n’ai pas une médaille. Heureusement, je me suis repris au Big Air», indique-t-elle.

Les planchistes ne l’ont cependant pas eue facile à Aspen, où il neigeait beaucoup le weekend dernier. «Parce qu’il neigeait beaucoup durant les pratiques, ça a été très long avant que le saut devienne rapide», explique Laurie, qui a donc pleinement mérité la médaille qu’elle a ramenée du Colorado.

Même s’il est né au Texas, jamais l’attaquant des Remparts Justin Robidas n’a envisagé sérieusement la possibilité de tenter sa chance avec l’équipe nationale américaine lors des derniers championnats mondiaux junior. «J’y ai pensé un peu, mais j’ai vite réalisé que même si j’ai les deux passeports, maintenant je considère que je suis Canadien, que je suis Québécois. Ça n’aurait donc aucun sens pour moi d’aller jouer pour les États-Unis», a-t-il déclaré en entrevue avec Le Soleil.

Tout ça même si le hockeyeur de 19 ans était «extrêmement déçu» de rater les championnats malgré une excellente fiche de 14 buts et 28 aides en 27 matchs disputés durant la première moitié de saison avec les Foreurs de Val-d’Or. «Je regarde les championnats depuis que je suis tout jeune et j’ai toujours espéré m’y rendre. J’y croyais, surtout que cet été, j’avais participé au camp d’entraînement d’Équipe Canada Junior. Je n’ai aucun regret même si ça demeure quand même une déception pour moi», analyse celui qui est né à Plano, au Texas, pendant que son père Stéphane disputait sa première saison avec les Stars de Dallas après y avoir été échangé par les Thrashers d’Atlanta, qui l’avaient sélectionné des Canadiens au repêchage d’expansion de 2002.

C’est donc comme résident des États-Unis que le jeune sportif a passé les deux premiers tiers de sa vie. «J’ai habité là-bas jusqu’à l’âge de 12 ans, ensuite ma famille est retournée habiter à Sherbrooke», explique-t-il en soulignant que c’est dans le réseau de hockey mineur texan qu’il a donné ses premiers coups de patin.

«C’est très différent de ce qu’on connaît ici. Là-bas, le football et le basketball sont beaucoup plus populaires que le hockey et le calibre, au hockey mineur, est moins haut. Il y avait une équipe vraiment forte et les autres étaient moins fortes. Moi, qui suis né en 2003, je jouais avec des joueurs un peu plus vieux, nés en 2002 et, pour avoir un meilleur calibre de jeu, on allait affronter des équipes de joueurs nés en 2001», raconte-t-il.

Les tournois au Michigan, au Minnesota et dans les autres havres américains de hockey sur glace étaient aussi un passage obligé afin de permettre aux jeunes joueurs de bien se développer.

DE L’ANGLAIS AU FRANÇAIS

«Je suis arrivé au Québec au niveau pee-wee et, je vais être honnête avec toi, c’est davantage au niveau de la langue que du sport qu’il y a eu une période d’adaptation pour moi», avoue bien candidement Justin Robidas. «Car même si ma mère et mon père ont toujours parlé français avec moi, je parlais toujours en anglais à l’école et avec mes amis. Je suis arrivé au Québec et je “cassais” un peu mon français!»

Et comme il faisait en même temps le saut en sixième année, la dernière avant l’école secondaire, il a dû faire beaucoup de rattrapage pour que son français écrit atteigne un niveau acceptable. «Au Texas, la deuxième langue qu’on apprenait à l’école était l’espagnol, pas le français, alors j’avais eu peu d’occasions de me pratiquer à l’écrit», poursuit-il.

Au niveau pee-wee AAA à Sherbrooke, Justin Robidas a côtoyé un groupe de joueurs qui allaient le suivre tout le long de son hockey mineur, au niveau midget AAA avec les Cantonniers de Magog et qui sont aujourd’hui éparpillés aux quatre coins de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). Les Isaac Belliveau, William Villeveuve, Marshall Lessard, Alexandre Doucet, Jacob Dion et Karl Vaillancourt font partie de cette cuvée exceptionnelle qui a remporté la Coupe Jimmy-Ferrari

avec les Cantonniers en 20182019. «Il y avait beaucoup de bons joueurs, on était une belle gang. Quand je suis arrivé, les gars avaient déjà gagné la coupe la saison précédente. Je voulais la gagner de nouveau et on l’a fait.»

Bien sûr qu’en tant que natif des États-Unis, l’aventure des collèges américains le tentait, lui qui avait vu Thomas Bordeleau, lui aussi né au Texas d’un père hockeyeur québécois, emprunter cette avenue. Par contre, l’expérience de son père, développé par les Cataractes de Shawinigan, a pesé dans la balance dans le choix final de Justin d’évoluer dans la LHJMQ. «J’ai pris ma décision avec ma famille en me basant sur les témoignages de joueurs ayant pris ces deux options. Mais mon père m’a très bien expliqué les avantages que j’aurais à choisir le hockey junior québécois.»

AUCUN REGRET

Robidas n’a jamais regretté son choix. Après deux saisons avec les Foreurs de Val-d’Or, il a été sélectionné en cinquième ronde par les Hurricanes de la Caroline au repêchage de la LNH avant d’aboutir chez les Remparts cette année. «J’ai eu deux camps d’entraînement et un camp de développement avec les Hurricanes. Non, je n’ai pas encore signé de contrat avec eux et ça me trotte parfois dans la tête. Cependant, j’ai quand même un bon contact avec eux, ils me suivent de près et j’ai un programme d’entraînement. Je vois qu’ils s’intéressent à moi», confie-t-il.

Son passage à Québec ressemble un peu à celui de son père Stéphane, qui a disputé une saison avec les Citadelles de Québec de la Ligue américaine avant de faire le saut pour de bon dans la LNH. «Je suis content d’être à Québec. Je n’avais jamais vécu ici, car je n’étais pas encore né quand mon père a joué à Québec. Par contre, Nicole [Bouchard, directrice des relations médias des Remparts] avait connu mon père avec les Citadelles et elle est encore là aujourd’hui», fait remarquer le numéro 93 des Diables rouges.

Justin et Stéphane, maintenant entraîneur adjoint des Canadiens de Montréal, vivent tous les deux un nouveau défi cette année dans le monde du hockey. On peut donc deviner que ça discute bâtons et rondelles lors des rencontres père-fils. «Il me parle beaucoup des systèmes de jeu et moi, je fais la même chose. On essaie de se pousser l’un l‘autre», indique le fils.

L’OEIL SUR LA COUPE

Après avoir vécu l’expérience de s’incliner en finale de la Coupe du Président contre les Tigres de Victoriaville en 2021, Justin Robidas aimerait bien cette fois soulever le gros trophée avec sa nouvelle équipe cette année.

«Patrick [Roy, entraîneur-chef et directeur général] a fait beaucoup de transactions et y va all in cette année. Moi, à 17 ans, j’ai eu la chance de gagner et j’ai perdu en finale. Il y a beaucoup de joueurs ici qui ont beaucoup de talent et n’ont pas encore goûté à un championnat au hockey et on a tous le même objectif en tête», termine-t-il.

«J’ai pris ma décision avec ma famille en me basant sur les témoignages de joueurs ayant pris ces deux options. Mais mon père m’a très bien expliqué les avantages que j’aurais à choisir le hockey junior québécois.»

— Justin Robidas, qui a décidé d’évoluer dans la LHJMQ plutôt que dans un collège américain

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2023-02-04T08:00:00.0000000Z

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