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LES BONS COUPS DE LEDDARTECH

PAUL-ROBERT RAYMOND praymond@lesoleil.com

Il y a trois semaines, à Las Vegas, LeddarTech a présenté sa nouvelle suite de logiciels de fusion de données pour l’automobile, LeddarVision.

Au salon CES (Consumers Electronics Show) qui s’est tenu du 5 au 8 janvier, LeddarTech a fait des démonstrations avec sa LeddarCar, une Tesla Model 3 sur laquelle d’autres capteurs et lidars* ont été ajoutés. La firme de Québec, qui emploie plus de 200 personnes et dont le chiffre d’affaires se situe entre 5 et 10 millions $, s’est notamment illustrée lors d’événements comme le Tech. AD USA de Detroit et le Tel Aviv

2022 Konnect & CARIAD Startup Challenge. La Shenzhen Automotive Electronics Industry Association a également souligné le travail de LeddarTech. D’ailleurs, le magazine L’actualité l’a placée dans son top 50 des entreprises ayant la plus grande croissance : 121 % en 2022, par rapport à 2021.

Le Soleil Affaires a rencontré Charles Boulanger, chef de la direction de la compagnie fondée en 2007 et dérivée de l’Institut national d’optique (INO). Elle a recentré ses activités commerciales en 2020, à la suite de l’acquisition de VayaVision.

Q Combien de produits

LeddarTech commercialise-t-elle en ce moment?

R On a, dépendamment des modèles, une quinzaine de différents produits, que l’on commercialise toujours dans notre activité historique qui est le lidar. Elle a sa croissance, ce qui est bien, mais ce n’est pas l’accent futur de l’entreprise.

Bien qu’aujourd’hui 100 % des efforts de l’entreprise sont ciblés vers une couche de logiciels qui permettent de faire la fusion des informations qui proviennent des différents capteurs sur un véhicule. […]

L’industrie a reconnu, depuis un an à peu près, que la méthode actuelle, c’est un culde-sac. Qu’il n’est pas possible de l’amener à des niveaux plus élevés! Parce que les

«Toute la gestion de la chaîne d’approvisionnement, ça a été un gros enjeu pour [nos clients]. Et ça laisse des cicatrices»

— Charles Boulanger, chef de la direction de LeddarTech

coûts montent et que le degré de performance à avoir est très difficile à atteindre. Il y a donc un besoin de marché important, et on est seuls. On se différencie de façon importante.

Q Vous allez signer des contrats avec des constructeurs automobiles pour qu’ils utilisent vos solutions logicielles dans leurs véhicules?

R Exactement. C’est du logiciel, du code. C’est un code que l’on vend pour chaque véhicule par une licence. Il y aura un coût par véhicule. Et il y aura des coûts d’entretien annuels pour les améliorations et tout ça. Il y a aussi un modèle de monétisation de données. Parce qu’on accumule beaucoup de données. Et puis, ces données-là sont importantes pour les clients, pour nous et pour d’autres aussi pour constamment améliorer les situations et pour mieux comprendre l’environnement.

Q Ces données, elles sont brutes et anonymes?

R C’est un bon point. On doit être conformes aux diverses lois sur la vie privée. Certaines sont à divers niveaux dans différents pays. On doit effectivement respecter tout ça.

Q Est-ce que LeddarTech touche à d’autres secteurs que celui de l’automobile?

R Les capteurs lidars que l’on vend, on les vend dans plusieurs secteurs : les industries, les villes intelligentes, les radars photo. Dans plusieurs endroits, ce sont des lidars photo qui sont utilisés, particulièrement en France et en Europe. Il y en a aussi dans des trains, des industries, dans des autobus et dans divers types d’applications. Même dans des mesures de niveau ou des drones. On a de très petits capteurs. Ce sont des genres d’applications en dehors de l’automobile.

Pour le moment, dans le logiciel de fusion et de perception, on est concentrés sur l’automobile. Et sur ce qu’on appelle le hors-route. Tout ce qui touche l’agriculture, les mines, la construction. Ce genre de choses-là, mais dans le hors-route. Parce qu’il y a beaucoup de besoins et des enjeux de main-d’oeuvre, et puis les machines sont de plus en plus évoluées. Il y a des fonctions qu’on peut automatiser. Ça prend donc de meilleurs outils d’interprétation de l’environnement.

Q Vous voulez dire des machines qui peuvent labourer toutes seules dans un champ ou cueillir des fruits ou des légumes?

R Exact... Ce genre d’applications-là. Ce qu’on voit venir beaucoup, c’est par exemple un cultivateur, mais qui a 10 tracteurs qui roulent [sans conducteur]... Il y a beaucoup d’efficacité dans ce genre d’équipement.

Dans l’industrie de la construction aussi. Il y a beaucoup de choses pour les projets d’infrastructures où il y a beaucoup d’avancées.

Q Est-ce que la pénurie de microprocesseurs vous a affectés?

R En fait, il y a deux choses. La pandémie a créé un peu une dislocation des chaînes d’approvisionnement. Ça dépasse le microprocesseur. Ça, oui, ça nous a affectés. Et sur certains microprocesseurs, oui, on a eu des bris d’approvisionnement.

Et on a aussi subi des augmentations de coûts assez exceptionnelles. Je vous dirais que si on a bien réussi, c’est que l’équipe a fait un excellent travail pour gérer ça et pour contenir le plus possible les augmentations de prix.

Par contre, ça a affecté plus nos clients. Toute la gestion de la chaîne d’approvisionnement, ça a été un gros enjeu pour eux. […] Et ça laisse des cicatrices. Parce que l’automobile, c’est une industrie qui marche vraiment en just in time, comme on dit. Quand on parle d’une voiture, si tu as un boulon qui te manque à la fin, tu ne peux pas l’envoyer. C’est fatigant, parce que c’est un gros actif. Et le retenir, ce n’est pas juste compliqué. Il fait quoi dans le stationnement? Parce qu’il manque une pièce à 50 cents? C’est un peu fatigant...

Q Parlez-nous de LeddarVision, le dernier-né de LeddarTech...

R La fusion qui provient des différents capteurs, c’est un produit qui est assez unique. Avec LeddarVision, on fait du raw

data fusion [fusion de données brutes] et on recrée l’environnement de façon abstraite; le réseau de neurones est entraîné sur cet environnement abstrait et non pas sur les capteurs. On vient alors séparer le matériel (hardware) du logiciel (software).

Cela dit, le logiciel peut se développer à sa vitesse et la quincaillerie peut se développer à sa vitesse. Les constructeurs peuvent interchanger les différents capteurs tout en gardant le même logiciel. Ça, c’est un gros changement dans l’industrie.

* Lidar : Capteur actif qui mesure le temps de propagation aller et retour d’un faisceau lumineux émis par un laser pour déterminer la position et la distance d’une cible par rapport à l’émetteur.

Source : Grand dictionnaire terminologique

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2023-02-04T08:00:00.0000000Z

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