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QUAND UNE COOPÉRATIVE ENTRE EN JEU

GILBERT LEDUC Collaboration spéciale

L’âge de la retraite approchant, Fabienne Mathieu aurait pu vendre son entreprise au plus offrant. «Ça ne marchait pas. Ce n’était pas une question d’argent. C’était une question de vision d’entreprise. C’était la disparition complète de ce qu’était devenue ÉCOgestion-solutions, une firme d’urbanisme environnemental guidée par une mission d’éducation et de formation sur les effets des changements climatiques.»

Son entreprise, elle l’a mise au monde en 2011, après une carrière de près d’une trentaine d’années dans l’administration publique municipale, d’abord à Charlesbourg, puis à Québec et finalement à Stoneham-et-Tewkesbury, où elle a été directrice générale pendant huit ans.

À la suite du départ, il y a quelques années, de celle qui était son associée dans ÉCOgestion-solutions, Fabienne Mathieu devient la seule actionnaire de l’entreprise qui emploie quatre ou cinq personnes. «Être le seul maître à bord, ce n’est pas dans ma nature.» À l’aube de la retraite, elle doit veiller à la pérennité de son entreprise.

«En écoutant les offres qui m’étaient faites, j’avais l’impression de noyer le bébé. J’ai fondé, sur le tard, une firme de consultation en urbanisme et en environnement qui m’a sapé beaucoup d’énergie. Pendant trois ans, j’ai travaillé sans tirer aucun revenu. Il n’était pas question qu’elle disparaisse comme ça après tout le temps que j’y ai consacré», raconte l’architecte

et urbaniste, qui a toujours été inspirée et motivée par les enjeux touchant l’aménagement du territoire, l’environnement et les changements climatiques.

L’idée d’un transfert d’entreprise à des employés regroupés au sein d’une coopérative de travailleurs plaisait à Fabienne Mathieu. Un peu moins à son associée. Peu de temps après le départ de cette dernière, Mme Mathieu approchait Rose Savard-Paquet, une biologiste et urbaniste déjà employée par ÉCOgestionsolutions, pour entreprendre le processus de repreneuriat. «Dès que Fabienne m’a parlé de créer une coopérative pour acheter la clientèle d’ÉCOgestionsolutions, ça m’a allumée tout de suite», confie la jeune femme.

Pour constituer une coopérative de travailleurs, il faut, au minimum, quatre personnes. Yanni Thibeault, un technicien en bioécologie, et Maude Gervais, une urbaniste, ont été recrutés. Cette dernière envisageait un jour de s’aventurer dans l’univers de l’entrepreneuriat. «Je n’aurais jamais imaginé que ça viendrait si vite!» Yanni Thibeault, lui, n’y avait jamais pensé. «Je m’étais fait à l’idée que j’allais être un employé toute ma vie.»

ET VOILÀ ÉCOTERRITOIRE!

La coopérative de travailleurs spécialisés en urbanisme, en environnement, en biologie et en acceptabilité sociale a officiellement vu le jour au printemps dernier. ÉCOgestion-solutions change de dénomination et devient Écoterritoire.

Un rôle est confié à chacun des membres : les ressources humaines pour Rose, le marketing pour Maude et l’administration pour Yanni. Pour sa part, Fabienne Mathieu demeurera en poste pendant encore deux ou trois ans. Tranquillement, elle se retirera pour confier ses responsabilités à la jeune génération.

Pendant un peu moins d’un an, ils ont appris à connaître le fonctionnement d’une coop grâce à un parcours de formation développé par le Réseau Coop. «Un apprentissage exigeant, étant donné que nous devions continuer à mener nos projets respectifs dans l’entreprise», signale Maude Gervais. «Cela nous a permis d’aller chercher les outils pour monter notre stratégie quinquennale de développement des affaires et d’aller chercher du financement et de l’aide auprès de la Banque de développement du Canada, de la Ville de Québec, du Conseil des entreprises en technologies environnementales et du Centre de transfert d’entreprises du Québec», précise Yanni Thibeault.

Écoterritoire vise le recrutement de trois nouveaux employés au cours des trois prochaines années afin d’être en mesure d’accroître sa compétitivité et de percer de nouveaux marchés, notamment celui des appels d’offres provenant des ministères et des organismes publics. Des employés qui pourront, s’ils le désirent, devenir membres de la coop.

«Nous croyons que nous sommes en mesure d’être attractifs», affirme Fabienne Mathieu. «Oui, la fonction publique paie de bons salaires, mais il n’y a pas que l’argent qui compte. Ici, nous sommes animés par une mission : celle d’adapter la façon de développer le territoire aux enjeux liés aux changements climatiques. En tant que spécialistes, nous nous impliquons dans la collectivité. Ça peut vouloir dire faire de la formation à rabais auprès d’organisations qui n’ont pas les moyens de se payer des experts pour leur parler de gestion durable des eaux pluviales.»

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2023-02-04T08:00:00.0000000Z

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