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APRÈS BIDEN, À FREELAND DE JOUER

ANTOINE TRÉPANIER atrepanier@ledroit.com

Le cirque entourant le passage du président des États-Unis à Ottawa est maintenant chose du passé et les engagements du Canada, notamment en matière d’économie verte, seront scrutés à la loupe dans le budget fédéral présenté mardi.

Avant même de mettre les pieds pour la première fois sur le tarmac de l’aéroport international d’Ottawa à titre de président des États-Unis, Joe Biden avait trois priorités sur la longue liste de dossiers qu’il voulait aborder avec Justin Trudeau.

À l’instar de ses prédécesseurs, le président Biden allait encore une fois demander une plus grande contribution du Canada à l’OTAN et au NORAD. Il allait surtout parler d’échanges commerciaux, d’économie verte et d’environnement.

Et l’une des premières personnes à croiser le regard du président sur le tarmac est la vice-première ministre, Chrystia Freeland. La poignée de main était significative près de l’avion présidentiel.

C’est que celle qui est aussi ministre des Finances du Canada est à la veille de déposer un troisième budget que bien des observateurs qualifient de «pivot» pour l’économie du pays.

L’INFLUENCE AMÉRICAINE

Dans une ère où les Américains promettent d’investir près de 400 milliards de dollars sur 10 ans pour réduire les gaz à effet de serre, notamment par l’entremise de généreux crédits d’impôt pour le captage des émissions de gaz, le Canada est aux yeux de la ministre Freeland dans une position «historique» où il pourrait jouer un rôle prépondérant.

«On a un choix à faire. On doit soit investir plus dans l’économie verte ou laisser aux autres de faire ces investissements. Pour moi, le choix est évident. On doit saisir cette opportunité pour les Canadiens aujourd’hui», a déclaré la ministre Freeland dans un discours uniquement en français lors de son passage à Québec cette semaine.

La ministre visitait alors l’entreprise Flo, joueur névralgique de

l’industrie des bornes de recharge de voitures électriques au Canada.

En s’engageant à atteindre la carboneutralité d’ici 2050, le gouvernement du Canada mise gros sur des entreprises comme Flo.

Et visiblement, la MaisonBlanche aussi. L’administration Biden adopte une posture rigide dans son virage vert en sortant le chéquier.

Cela s’est d’ailleurs cristallisé avec l’adoption l’été dernier de la loi américaine sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act).

Le milieu des affaires attend toujours la réplique canadienne. Qu’adviendra-t-il des crédits d’impôt sur le captage des émissions?

Les entreprises canadiennes seront-elles défavorisées par rapport à leurs voisins?

Selon un sondage mené par la firme KPMG Canada auprès de 505 moyennes entreprises, près de huit entreprises sur 10 estiment que leur taux global d’imposition est trop élevé et qu’il nuit à la compétitivité avec les États-Unis.

Ces chefs d’entreprise, soutient la directrice associée de la Fiscalité chez KPMG Canada, Lucy Iacovelli, veulent que le gouvernement réponde à leurs nouveaux besoins et qu’il utilise le régime fiscal pour stimuler la productivité.

À Ottawa, les ministres du gouvernement Trudeau ont répété dans les derniers jours que le Canada devenait une destination prisée pour les géants de l’automobile qui font le virage électrique en raison de la qualité de la main-d’oeuvre et des minéraux critiques canadiens.

«Si c’est bon pour Volkswagen, c’est à peu près bon pour tout le monde», a d’ailleurs lancé le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, en référence à l’annonce du géant allemand de choisir le Canada pour installer une nouvelle usine de voitures électriques.

«C’est un coup de circuit pour le Canada, c’est un vote de confiance pour l’industrie, mais aussi nos travailleurs parce que ça commence toujours là», a-t-il dit.

N’empêche, après que le président eut livré au Parlement canadien un message résolument vert vendredi, c’est au tour de la ministre Freeland de montrer la véritable riposte du Canada dans le cadre de son budget annuel.

«PAS UN MEILLEUR ENDROIT»

Dans la dernière semaine, la ministre a multiplié les comparaisons favorables avec nos voisins du sud.

Le Canada, a-t-elle dit, a enregistré la plus forte croissance économique parmi les pays du G7. Mieux que les États-Unis.

On compte aussi 830 000 travailleurs de plus qu’avant le début de la pandémie, a-t-elle dit, et le Canada a récupéré 126 % des emplois perdus à cause de la COVID, par rapport «à seulement 114 % aux États-Unis».

«Les Canadiens peuvent et doivent être convaincus qu’en cette période d’incertitude mondiale, il n’y a pas de meilleur endroit où se trouver qu’au Canada», a lancé la ministre.

Dans une période de «turbulence» à l’échelle mondiale, les institutions canadiennes sont «robustes» et le pays est prêt à faire face à une nouvelle tempête.

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