LeSoleilSurMonOrdi.ca

BON PLACEMENT, LES FONDS DE TRAVAILLEURS SANS LES CRÉDITS D’IMPÔT?

DANIEL GERMAIN CHRONIQUE dgermain@cn2i.ca

D’abord, un message pour mes charmants collègues aux ventes publicitaires : notre lectorat compte une bonne strate d’individus dont le salaire s’élève dans les six chiffres, si je me fie à l’échantillon qui s’est manifesté dans ma boîte de courriels.

Comme ils ont l’air proches de leurs cennes, ça ne semble pas une clientèle pour Cadillac ou Lexus. J’ai plutôt l’impression que ça roule en Honda d’occasion, ce monde-là. Par contre, je crois déceler un potentiel pour les annonces de produits reliés au jardin potager et autres choses qui fructifient. Ne me remerciez pas, et je vous laisse vos commissions.

Bon. Jeudi, j’abordais les nouveautés touchant les fonds de travailleurs. Les contribuables qui ont déclaré des revenus 112 655 $ et plus l’année dernière n’auront pas droit au crédit d’impôt provincial de 15 % sur les cotisations réalisées en 2024 au Fonds de solidarité et chez Fondaction. Quant au crédit fédéral équivalent, on devra probablement en faire son deuil.

On me demande entre autres si ça vaudra encore la peine d’investir dans ces fonds malgré la perte des crédits d’impôt.

Les crédits d’impôt totaux de 30 % représentent un atout considérable, leur disparition rend cet investissement forcément moins attrayant. Les rendements des fonds fiscalisés n’ont rien de gênant en soi, mais un investisseur peut espérer des gains supérieurs avec un portefeuille boursier traditionnel.

J’insiste sur «espérer», car ce n’est pas donné à tout le monde de se distinguer avec ses placements. On trouve sur le marché une abondance de mauvais produits qui facturent des frais élevés. Quand il ne se cache pas dans le produit lui-même, le problème se met à l’oeuvre entre les deux oreilles du client. Le pauvre, il entre dans le marché et en sort, au gré de ses émotions, c’est ruineux.

Il faut reconnaître d’autres avantages aux fonds de travailleurs. D’abord, l’investisseur n’est pas exposé aux fluctuations quotidiennes de la Bourse. Comme les rendements sont publiés tous les six mois, l’actionnaire est moins sensible aux nouvelles économiques. Et encore, même si la panique le prend, ce dernier ne peut pas déguerpir en catastrophe, ce qui peut représenter un irritant, mais souvent le sauver du pire.

Comme les obstacles pour retirer ses billes des fonds fiscalisés sont liés à la présence du crédit d’impôt, logiquement, on se dit qu’un actionnaire qui n’en bénéficie pas peut en sortir plus facilement. Eh bien non, les règles de rachat restent les mêmes pour tout le monde.

Enfin, on doit parler de l’approche de ces fonds, qui peut plaire ou pas. Dans le budget présenté mardi, Québec a simplifié les normes d’investissement auxquelles doivent se soumettre les fonds fiscalisés. Les balises sont assez larges; 65 % des actifs doivent être orientés vers des projets ayant des retombées au Québec, directement pour ou par l’intermédiaire des fonds d’investissement.

Le Fonds de solidarité et Fondaction participent à des projets locaux destinés à améliorer la vie des communautés, ils investissent dans des entreprises engagées contre les changements climatiques, ils s’impliquent dans la construction de logements sociaux, entre autres. Pour certains, cet aspect peut à lui seul être une raison d’acheter des parts, même en l’absence d’un cadeau fiscal.

IMPACT DE LA BAISSE D’IMPÔT SUR CERTAINS CRÉDITS

Changeons de sujet, tout en restant dans le budget et l’univers fascinant des crédits d’impôt. Ceux-ci servent la plupart du temps à alléger la facture fiscale d’un groupe plus ou moins grand de particuliers : les personnes vivant seules, les gens âgés, les contribuables avec personnes à charge, etc. Ce sont des montants auxquels on applique un taux de conversion, lequel se trouve à être généralement le taux du premier échelon de la table d’impôt.

Comme le taux du premier palier d’imposition diminue de 15 % à 14 %, le taux de conversion des crédits baisse dans la foulée. Normal, ceux qui touchent ces crédits verront leur facture d’impôt allégée aussi, leur situation reste inchangée. Comme on dit : «toute est dans toute!». Je signale néanmoins que Québec a augmenté le montant accordé sur quelques crédits pour compenser le taux réduit.

Je veux attirer votre attention sur le crédit d’impôt pour l’achat d’une première maison. Lui, il sera moins généreux. Avant, c’était 15 % sur un montant de 10 000 $. Maintenant, c’est 14 %. C’est 100 $ de moins.

Je sais, ce n’est rien pour écrire à sa mère, mais vous voilà informé.

Toujours dans la catégorie «grappillage de dollars», un mot sur le crédit d’impôt pour la solidarité. Les montants de celui-ci sont divisés en plusieurs composantes. On doit préciser ici que les montants des crédits sont augmentés selon l’inflation chaque année, en même temps que les tables d’impôt, soit 6,44 % en 2023. Seulement, Eric Girard nous annonce que la portion «logement» du crédit de solidarité sera indexée du double, soit de 12,88 %, pour refléter la hausse du coût des logements.

Ne partez pas en peur. Dans le meilleur des cas, ça se traduit par un gain de 39 $ par année.

AVANT, ON DISAIT LE CONTRAIRE

Au sujet du RRQ et de l’avantage de retarder la rente, le lecteur Jacques, de Gatineau, dit que le discours s’est transformé du tout au tout depuis 15 ans. Dans le temps, il a réclamé sa rente à 60 ans sur la foi des conseils de l’époque. Il y a 15 ans, les pénalités pour la rente anticipée pesaient moins lourd, et la bonification pour ceux qui repoussaient leur demande après 65 ans était moins généreuse. N’empêche, Jacques s’est plié à un avis douteux.

Le message n’a pas changé, je dirais plutôt qu’il n’y en avait pas vraiment.

En 2013 a paru le rapport D’Amours qui a mis en lumière l’importance de tenir compte du risque de longévité dans la planification de la retraite. Ça a fait avancer le débat. Aussi, ce n’est que récemment que Retraite Québec a commencé à aborder la planification financière dans son discours. D’ailleurs, dans la portion du budget consacré au RRQ, le gouvernement a annoncé que Retraite Québec devra communiquer de façon personnalisée avec les participants qui approchent les 60 ans.

Les temps changent.

AFFAIRES

fr-ca

2023-03-25T07:00:00.0000000Z

2023-03-25T07:00:00.0000000Z

https://lesoleil.pressreader.com/article/281835762951161

Groupe Capitales Media