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RIEN NE SE PERD, TOUT SE TRANSFORME

L’économie circulaire, version malterre

PIERRE THÉROUX Collaboration spéciale p.theroux@videotron.ca

La jeune entreprise malterre s’est investie d’une grande mission : donner une autre vie aux drêches, ces résidus de malt issus du processus de brassage de la bière. «La drêche, il s’en produit vraiment beaucoup. C’est très impressionnant de voir la quantité quotidienne dont on doit se débarrasser», souligne Annick Bachand qui, devant ce constat, souhaitait les transformer en de nouveaux produits.

Ainsi est née malterre, une entreprise de Rivière-du-Loup lancée en 2020 par Annick Bachand et ses filles Marie-Chantale et Éloïse Viens, qui essayaient depuis un certain temps de trouver de nouveaux débouchés pour la drêche, autres que de l’envoyer à des agriculteurs de la région pour nourrir des animaux de la ferme.

«On savait qu’il y avait un potentiel. D’autant que la drêche est remplie de minéraux, de fibres et de protéines», fait valoir Mme Bachand en ajoutant avoir fait plusieurs essais pour la fabrication de certains produits alimentaires, notamment du pain, mais sans succès. Le projet s’est finalement concrétisé au retour d’un voyage en France, en compagnie de son mari Éric Viens, propriétaire de la microbrasserie Aux Fous Brassant, où ils ont découvert des craquelins fabriqués avec de la drêche.

COLLABORATION DU CDBQ

Malterre a bénéficié de la collaboration du Centre de développement bioalimentaire du Québec (CDBQ), situé à La Pocatière, qui l’a aidée à concocter sa recette de craquelins afin de pouvoir offrir des produits de qualité, qui se conservent bien et qui sont goûteux.

La petite entreprise profite encore aujourd’hui de l’expertise, des équipements et des laboratoires du CDBQ, où elle a d’ailleurs installé sa production artisanale de craquelins. «On a l’avantage d’être encore bien entouré par les experts du CDBQ qui peuvent répondre à nos interrogations. D’autant qu’on travaille aussi à développer de nouveaux produits», se réjouit Marie-Chantale Viens, en ajoutant que l’entreprise vise éventuellement à exploiter sa propre usine à Rivière-du-Loup.

APPUIS FINANCIERS

Entretemps, malterre a aussi profité l’an dernier d’une aide financière de Développement économique Canada (DEC) pour acquérir des équipements, notamment un laminoir automatisé et des fours, et ainsi améliorer sa capacité de production. D’autres appuis financiers, provenant entre autres du réseau des SADC et de l’organisation Femmessor (devenue Evol) avaient contribué à son lancement.

«Comme on souscrit au concept de l’économie circulaire, on a la chance de pouvoir profiter de plusieurs programmes de prêts et de subventions qui soutiennent le développement d’une entreprise comme la nôtre», souligne Marie-Chantale Viens. Les craquelins à base de drêche de malterre sont offerts en trois saveurs (tomates et basilic, algues et herbes salées, oignons confits). L’entreprise se fait même un devoir d’intégrer des ingrédients, comme les algues, provenant de producteurs de la région ou d’ailleurs au Québec. Elle utilise aussi de la farine venant de la meunerie La Seigneurie des Aulnaies.

L’entreprise vend également de petits croûtons tomates et basilic pour salade et de la chapelure aux oignons confits, créés à partir de retailles de craquelins. «On voulait aussi trouver des débouchés à nos propres résidus pour éviter le gaspillage», mentionne Annick Bachand.

L’AIDE D’UN DISTRIBUTEUR

Ses 100 premiers sacs, offerts à la microbrasserie familiale, se sont vendus dès la première journée. L’entreprise, qui en produit aujourd’hui quelque 200 quotidiennement, a ensuite étendu son rayon d’action dans des commerces de sa région du Bas-SaintLaurent, puis dans une centaine de points de vente ailleurs au Québec.

Pour percer la grande région de Montréal, elle a fait appel à un distributeur, La Conserverie, qui se spécialise dans l’importation et la vente de produits alimentaires fins d’Europe et d’ici. «On a essayé de faire nous-mêmes du démarchage, mais c’était difficile parce qu’on ne connaissait pas le marché et on n’avait pas de contact», explique Marie-Chantale Viens.

Même si ses affaires progressent bien, l’un des défis pour malterre reste la connaissance et l’adoption de ses produits par un plus grand nombre de consommateurs. «Il y a encore de l’éducation à faire. Les drêches, ce n’est pas connu et les gens voient encore ça comme des déchets», conclut Mme Viens. En collaboration avec l’École d’Entrepreneurship de Beauce

AFFAIRES

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2023-03-25T07:00:00.0000000Z

2023-03-25T07:00:00.0000000Z

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