LeSoleilSurMonOrdi.ca

Les coalitions éphémères

Marcel Perron Neuville

Le Québec moderne a connu l’avènement de gouvernements issus de coalitions qui répondaient à des impératifs circonstanciels. Que ce soit l’Union nationale de Maurice Duplessis en 1935, le Parti québécois de René Lévesque en 1968 ou, encore plus récemment, la Coalition avenir Québec en 2011, ces formations politiques ont coalisé des courants d’idées autour d’un chef rassembleur.

Si l’Union nationale est disparue au profit du PQ, et si ce dernier s’est à son tour fait vampiriser par la CAQ à droite et par QS à gauche, qu’en sera-t-il du parti de François Legault?

Ainsi, quand on décortique la clientèle de la CAQ, nous retrouvons des fédéralistes mous, des souverainistes désabusés, des conservateurs, des nationalistes identitaires et des défenseurs de la libre entreprise. Tout ce magma se fédère autour de la forte personnalité de François Legault, qui contrôle son parti comme un chef d’entreprise en choisissant les candidats et candidates dans les comtés et en nommant ses ministres comme dans un conseil d’administration privé.

De nombreuses embûches sont à prévoir à la suite de l’usure d’un deuxième mandat caquiste. Ainsi, le premier ministre Legault fera face à une réforme difficile en santé et en éducation où il devra puiser dans sa «réserve de courage». Il sera également confronté à des négociations avec le secteur public, toujours problématiques. De même, ce dernier devra vivre avec les conséquences d’une éventuelle politique économique agressive faite au détriment de l’environnement. Enfin, qu’adviendra-t-il dans le cas de mauvaises nouvelles pouvant découler des contestations des lois 21 et 96? Avec tout cela, des risques d’érosion ne guettent-ils pas cette coalition devenue vulnérable?

Sans vouloir entrer dans un scénario de fiction politique, quel avenir attend la CAQ au moment où François Legault quittera le navire? L’essoufflement nationaliste entraînera-t-il un retour des souverainistes auprès d’un PQ revigoré? Un PLQ restructuré autour d’un nouveau chef attirera-t-il la frange fédéraliste caquiste? La conscience écologique, exacerbée par un développement à outrance des ténors économiques de la CAQ, orientera-t-elle des caquistes vers QS ou le PQ, ces derniers étant plus sensibles à cette réalité? Assisterons-nous alors à la création de nouvelles coalitions à droite comme à gauche? Ce qui est possible, c’est que l’échiquier politique connaisse une mouvance dans les prochaines décennies; que ce soit dans un Québec où la nécessité de l’indépendance refasse surface ou encore dans une nouvelle configuration canadienne selon le modèle d’une réelle confédération, et ce, espéronsle, avec un mode de scrutin proportionnel devenu une nécessité.

PLACE PUBLIQUE

fr-ca

2023-03-25T07:00:00.0000000Z

2023-03-25T07:00:00.0000000Z

https://lesoleil.pressreader.com/article/281951727068153

Groupe Capitales Media