LeSoleilSurMonOrdi.ca

HUMOUR NOIR ET RÉJOUISSANT SUSPENSE

GENEVIÈVE BOUCHARD gbouchard@lesoleil.com

Qu’elle est bien nommée cette comédie noire de Kevin T. Landry. Avec Jour de merde, le cinéaste nous convie dans le cauchemar d’une mère monoparentale poussée dans ses derniers retranchements. Un film qui marche habilement sur la ligne entre l’humour et le suspense.

Par la violence complètement banalisée de certains personnages et par le ton décalé du récit ancré dans un bled perdu, on pense à Fargo des frères Coen en visionnant Jour de merde. Ce n’est pas un hasard, le cinéaste le cite parmi ses influences. Son hommage tient la route.

Le jour de merde annoncé par le titre est celui vécu par Maude (excellente Ève Ringuette). Employée de la loterie, celle-ci gagne sa vie à interviewer de nouveaux millionnaires généralement insignifiants, elle qui tire le diable par la queue.

Maman d’un ado dans tout ce que cet âge peut avoir d’ingrat, cette femme déracinée, issue de la communauté innue, encaisse les abus quotidiens d’une patronne détestable de condescendance et d’un ex pervers narcissique. Pointes de racisme incluses.

À quelques jours de Noël, son boulot l’amène avec son fils au beau milieu de nulle part, à la rencontre de l’ermite Gaétan (Réal Bossé), qui a raflé le gros lot. Tout va basculer pour elle au contact de cet homme qui vit fort bien avec ses instincts meurtriers, mais qui a besoin de ses soeurs (Valérie Blais et Isabelle Giroux) pour ramasser ses dégâts.

Avec une salvatrice dose d’humour noir, Jour de merde résume en quelque sorte la goutte qui fait déborder le vase d’une mère dévouée, mais à bout, un rôle que campe Ève Ringuette de très convaincante manière.

On est sympathique à sa situation quand les petites agressions quotidiennes se transforment en une véritable situation critique, où sa vie et celle de son garçon pourraient être en danger. Surtout qu’elle continue de donner le change quand toute normalité a foutu le camp.

Cette absurde scène de repas ultra tendue, alors que Maude ne peut réfréner son fou rire devant son assiette de pâté chinois, a de quoi marquer l’imaginaire.

En psychopathe somme toute bienveillant, complètement dominé par ses soeurs, Réal Bossé interprète un Gaétan savoureusement impassible… Jusqu’à ce qu’il pète les plombs.

Une présence à la fois figée et très physique mise en exergue par celles des personnages beaucoup plus loquaces portés par Isabelle Giroux et Valérie Blais. Une sorte de duo «bon cop, bad cop», mais dans un clan qui a complètement assimilé sa violence et sa criminalité.

Les actrices ont mordu dans la proposition avec un plaisir évident.

Jour de merde est présenté au cinéma.

ARTS

fr-ca

2023-03-25T07:00:00.0000000Z

2023-03-25T07:00:00.0000000Z

https://lesoleil.pressreader.com/article/282686166475769

Groupe Capitales Media