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VIVRE DANS UN CONTENEUR

PHILIPPE CHABOT pchabot@lesoleil.com

Vos parents vous approchent parce qu’ils aimeraient habiter avec vous. Avant de fermer la porte promptement à cette proposition, prenez en considération tout ce que cela implique... Si le seul bémol est que votre maison n’a pas la capacité pour les recevoir, ce problème est maintenant résolu grâce à un simple conteneur.

En 2018, la soeur et la mère du cofondateur de Highcube, Patrick Sauvé, l’ont approché parce qu’elles avaient comme projet d’habiter ensemble. L’entreprise de M. Sauvé se spécialisait déjà dans la fabrication de conteneurs résidentiels et industriels et, juste comme cela, il se lançait dorénavant dans la fabrication d’une unité conteneur bigénérationelle.

«Ma mère habite maintenant plus qu’à proximité de chez ma soeur et sa famille. Tout le monde est super heureux et ne tire que du positif de cette expérience», raconte M. Sauvé.

Cette situation est toutefois loin d’être une singularité. «Les gens commencent à réaliser de plus en plus que c’est une option viable. Ça permet d’offrir un endroit sécuritaire pour les parents, en plus de réduire l’isolement et d’encourager l’entraide», explique le cofondateur de Highcube.

Il note aussi qu’avec l’augmentation du prix des maisons, ainsi que ceux des résidences pour personnes âgées, il peut être avantageux pour une famille d’accueillir ses parents, mais également le jeune adulte qui n’a pas les moyens de quitter le nid familial pour le moment. «C’est intéressant pour eux, car ils peuvent faire la transition dans un autre environnement à proximité de la maison, mais tout en étant complètement indépendant.»

UNE UNITÉ COMPLÈTE

Highcube fabrique des unités conteneurs complètes, ce qui veut dire que l’on retrouve une cuisine, une salle de bain, une chambre et un salon, en plus des autres commodités habituelles. Le reste, c’est à la discrétion du client.

«On peut faire des logements aussi petits que 160 pieds carrés. On peut tout mettre ce qu’il faut dans un si petit espace, mais les gens doivent avoir un mode de vie assez minimaliste. On peut également proposer une unité de 320 pieds carrés», fait savoir M. Sauvé.

Le prix de base pour une unité conteneur bigénérationnelle de Highcube est de 92 250 $. Le coût peut varier selon les différentes demandes des clients.

PAS DE CHANTIER ÉTERNEL

L’unité conteneur est préfabriquée dans une usine afin de simplifier l’installation une fois sur place.

«On évite que la cour se transforme en un chantier de construction pendant plusieurs mois et qu’il dérange tout le voisinage. En plus de cela, il est super facile de transporter un conteneur», dit Patrick Sauvé.

Un autre avantage notable, selon le cofondateur de Highcube, est que le conteneur est une structure solide, durable et aussi imperméable. L’ossature s’expose donc moins aux infiltrations d’eau et permet également de protéger les autres matériaux des intempéries.

Grand amateur de blocs Lego, M. Sauvé aime bien que les conteneurs puissent se juxtaposer ou se superposer, menant ainsi à des projets plus évolutifs. «Par exemple, une famille grandissante peut commencer dans une plus petite propriété et, une fois que les enfants arrivent dans le portrait, on peut ajouter des conteneurs pour

agrandir la maison. Mais tout doit être bien planifié.»

TROIS TYPES DE BIGÉNÉRATIONELLES

Il existe trois types de maisons bigénérationelles, mentionne Patrick Sauvé.

Dans un premier temps, il y a la bigénération. Celle-ci est indépendante, donc on retrouve tout ce qui est nécessaire pour y habiter indépendamment, mais elle est adossée à la résidence principale en plus d’utiliser également sa plomberie et son électricité, détaille M. Sauvé.

Il y a aussi ce qu’on appelle la maison multigénérationnelle. «La personne qui habite dans la partie bigénération a sa propre chambre et sa salle de bain, mais elle a une ouverture qui communique avec les aires de vie principales de la maison, que ce soit la salle à manger, la cuisine ou même le salon», ajoute-t-il.

Le dernier et non le moindre est le pavillon, qui rappelle drôlement les maisons d’invités des manoirs. C’est une unité détachée et indépendante qui se retrouve souvent dans la cour arrière. Ce ne sont pas toutes les municipalités qui acceptent ce type de construction, mais certaines d’entre elles, dont Victoriaville, autorisent maintenant les pavillons.

VÉRIFIER AVEC LA MUNICIPALITÉ

Le cofondateur de Highcube rappelle qu’il est important, sinon essentiel, de vérifier auprès de sa municipalité avant d’entreprendre la construction d’une unité faite à partir d’un conteneur, qu’elle soit adossée à la maison ou détachée.

«C’est l’un des seuls inconvénients que je vois avec l’utilisation du conteneur comme structure principale de la maison. Comme la réglementation change d’une municipalité à l’autre et que certaines sont très strictes, il faut bien se renseigner pour s’assurer que tout est en ordre.»

Patrick Sauvé mentionne que la maison bigénération représente peu de problèmes, comme il s’agit d’une extension de la maison au même titre qu’un solarium, par exemple. Là où les choses peuvent se compliquer, pour l’instant, c’est lorsqu’on veut ajouter un pavillon. Il a toutefois confiance que de plus en plus de municipalités ouvriront la porte à ce type de bâtiment dans les prochaines années.

Il croit que, s’il y a une fermeture chez certaines administrations, c’est en raison des préjugés qui entourent les constructions à partir de conteneur. «Malheureusement, le conteneur n’a pas toujours été bien utilisé. Ce dernier a parfois été déposé dans un endroit où il n’aurait pas dû être. Certains ne sont tout simplement pas entretenus. On veut donc lui redonner ses lettres de noblesse», lance l’entrepreneur.

ENVIRONNEMENT

La construction avec des conteneurs a un impact positif sur l’environnement, mentionne Patrick Sauvé, dans la mesure où on donne une deuxième vie à ces monstres d’acier.

«Un conteneur maritime perd son autorisation d’être sur l’eau après 15 ans, car les scellants en caoutchouc ne sont plus propices pour les voyages sur la mer. Il faut donc avoir des conteneurs assez vieux pour dire officiellement que l’on fait du recyclage», explique-t-il.

Bien qu’il utilise des conteneurs recyclés pour certaines constructions, M. Sauvé ne cache pas qu’il utilise aussi des conteneurs neufs à l’occasion. «Si on laisse l’aspect conteneur à l’intérieur, donc le côté métallique, il faut en principe une structure en meilleur état. Les conteneurs d’un certain âge peuvent être bossés ou même brisés. Tout dépend du projet, mais ultimement c’est bon pour l’environnement, mais sans être le principal avantage.»

MAISON

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2023-03-25T07:00:00.0000000Z

2023-03-25T07:00:00.0000000Z

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