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DANS LA LANGUE DE JACK KEROUAC

LÉA HARVEY lharvey@lesoleil.com La méthode Kerouac ou croyances et techniques pour une prose moderne s’installera à La charpente des fauves du 31 mai au 4 juin dans le cadre du Carrefour international de théâtre. Pour plus de détails : carrefourtheatre.q

Les mots de Jack Kerouac s’abreuvent de sa culture francoaméricaine et des territoires qu’il a parcourus. Or, les traductions francophones de ses oeuvres édulcorent parfois les couleurs de sa langue au profit d’un français de France générique. Devant ce constat, le projet La méthode Kerouac propose au public de «se réapproprier Kerouac en tant que Nord-Américain».

Créé à l’origine par l’auteur franco-ontarien Jean-Marc Dalpé et le codirecteur de Possibles Éditions Guillaume Martel LaSalle, le concept de La méthode Kerouac voyage de ville en ville afin de remettre de l’avant le rapport entre l’écrivain de Sur la route et sa langue maternelle.

«Il y a une américanité dans l’anglais de Kerouac, mais c’était un francophone à la base. Sa langue maternelle, c’était un français populaire, canadien», note d’emblée Simon Dumas, qui cosigne la mise en scène du projet, à Québec, aux côtés d’Hugues Frenette.

La méthode Kerouac comprend deux volets qui permettront au public de faire briller la langue canadienne-française de l’écrivain de Lowell : un atelier de traduction ainsi qu’un cabaret animé par une dizaine d’artistes de Québec, dont Jean-Marc Dalpé, Stéphane Caron et Carol-Ann Belzil-Normand.

«Comme Kerouac n’a pas parlé un mot d’anglais avant d’avoir six ans et qu’il a gardé un accent “français” jusque dans la vingtaine, il y a quelque chose du fait francophone qui teinte son anglais.

«D’ailleurs, il y a beaucoup de passages en français dans ses oeuvres anglophones. Il passait d’une langue à l’autre […] On le voit dans sa syntaxe en anglais qu’il y a des calques du français», ajoute M. Dumas.

«En tant que Québécois, on a tendance à penser qu’on est une île francophone qui résiste dans un continent anglophone. Mais la francophonie américaine, elle est un peu partout sur le continent […] [Avec La méthode Kerouac], on essaie d’explorer ces autres réalités», souligne-t-il.

Pour le directeur général et artistique des Productions Rhizome, il est fort important d’affirmer la diversité des accents qu’on retrouve à travers la «francophonie hors Québec».

D’où l’intérêt de travailler sur un projet qui a comme exercice de jouer avec la langue de Jack Kerouac. Un auteur certes américain, mais né de parents québécois et chez qui la question du «français canadien» était donc très présente.

«Pas besoin de gratter longtemps pour découvrir qu’il y a une grande blessure chez Kerouac. Il y a quelque chose qu’il n’atteint jamais dans le retour aux origines […] Je trouvais important de remettre ça dans le contexte linguistique», affirme Simon Dumas.

EXPLORER L’UNIVERS DE KEROUAC

À l’instar des publics de Montréal, Rouyn-Noranda et Moncton, les curieux de Québec auront l’occasion de travailler les mots de Jack Kerouac au son de plusieurs dactylos.

Mais les spectateurs pourront aussi plonger dans les mots du célèbre écrivain grâce au cabaret de La méthode Kerouac. Un spectacle lors duquel une dizaine d’artistes réinterpréteront les oeuvres de l’auteur du XXe siècle.

«Il y a des comédiens, des poètes, d’autres qui viennent plus des arts visuels numériques, qui sont auteurs-compositeurs-interprètes […] Certains avaient déjà lu Kerouac ou avaient déjà leurs propres critiques, leurs interprétations de son oeuvre. Tout ça devient le sujet, mais en faisant toujours un parallèle avec le lien torturé que Kerouac avait avec ses racines canadiennes-françaises», explique le co-metteur en scène du projet.

Parmi les numéros qui seront présentés, les spectateurs retrouveront donc Carolann Foucher qui examine la place des femmes dans le roman Sur la route ou encore Charles Fournier qui s’est notamment intéressé aux entrevues données par Jack Kerouac.

«Plutôt que d’offrir un enchaînement de cartes blanches avec un animateur, on insère le numéro de chaque artiste dans un fil conducteur.

«On va d’un port à un autre. C’est vraiment un voyage à travers l’histoire de Jack Kerouac, l’univers de chacun des artistes et un peu la francophonie nord-américaine», conclut M. Dumas.

ARTS

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2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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