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Les animaux rois au refuge Filles des Bois

SORTIE PRENDRE L’AIR

ISABELLE PION CHRONIQUE isabelle.pion@latribune.qc.ca

Jessica et Kerry m’accueillent sous un ciel de mai qui se prend pour novembre. On profite d’une accalmie pour aller voir la trentaine d’animaux que compte leur refuge, Filles des Bois, à Stornoway.

L’endroit accueille des orphelins, mais aussi beaucoup d’animaux qui ont été abandonnés. Du nombre : des ratons laveurs qui se sont fait prendre comme animaux domestiques de compagnie. Trois se cachent de nous dans un enclos… mais les deux filles ne comptent plus le nombre d’entre eux qui sont passés par chez elles depuis l’ouverture en décembre 2019.

Certes, ce qui me frappe d’abord, ici, c’est leur passion contagieuse en me faisant faire le tour de leur domaine. Derrière le grillage, Jessica Fréchette, la fondatrice, m’entretient longuement de l’histoire de ses deux loups, Chin et Baloup, et réussit à les faire hurler devant moi. Il s’agit sans aucun doute des deux plus impressionnants locataires.

«Quand on arrive en auto, ils hurlent. On les entend à la maison…» souligne son bras droit, la cofondatrice Kerry Laprise.

Jessica Fréchette et Kerry Laprise comptent une longue expérience dans le domaine. C’est d’ailleurs dans un centre d’observation de la faune qui a fermé ses portes qu’elles ont d’abord eu un coup de foudre professionnel, avant que celuici ne se transforme en profonde amitié. Jessica raconte qu’elle aurait aimé devenir vétérinaire, mais des embûches à l’école, plus particulièrement une dyslexie, lui ont fait prendre une autre voie. Celle qui a grandi sur une ferme laitière se passionnait d’ailleurs à chaque visite d’un tel professionnel.

Jessica et Kerry, qui travaille aussi au zoo Miller, réussiraient à faire aimer les animaux à des gens qui les ont en aversion. (Parenthèse : je résiste quand même à l’invitation de flatter un serpent, préférant plutôt les multiples chats de la maison, avec lesquels je serais repartie.)

Outre la sympathique visite, ce que j’en retiens, aussi, c’est à quel point on peut causer du tort aux animaux en pensant les aimer. Les ratons laveurs qu’on a voulu accueillir comme un chat ou un chien en sont le parfait exemple. Beaucoup de gens se donnent le droit de les élever à la maison, m’explique Kerry. «Ils sont cutes, mais on peut vivre en harmonie avec eux à l’extérieur», note Jessica.

Certains sont mis en cage pendant que leur propriétaire va travailler, entraînant du coup un manque de stimulation. «L’animal devient dépendant», renchérit Jessica, qui avait réussi à en relâcher un dans la semaine précédant ma visite.

Parce que c’est aussi ça, l’objectif : réhabiliter les animaux qu’elles peuvent sauver.

«Si vous avez besoin de combler un vide, allez chercher un animal légal», plaide Jessica. Les deux filles du Refuge reçoivent souvent des appels de citoyens qui ont des questions sur des animaux trouvés. Elles collaborent aussi à l’occasion avec la Société protectrice des animaux (SPA).

Clairement, les deux filles ne manqueront jamais de pensionnaires. Elles profitent toutefois de la visite des gens ou encore de certaines présentations dans les écoles pour les sensibiliser à l’importance d’une décision comme celle d’adopter un animal.

Grâce à elles, plusieurs ont eu la vie sauve. Évidemment, certains n’ont pas le choix de laisser leur animal derrière.

Jessica me raconte l’histoire de cet homme venu leur porter ses furets parce que son travail l’a amené à s’absenter pendant de longues périodes. Ses animaux ont trouvé un second domicile dans une petite maison située en plein coeur du vaste terrain. Celui-ci compte entre autres des enclos pour les deux loups, les chèvres, les vaches et les chevaux. La maisonnette, elle, accueille notamment des chats, des rats, un serpent, des gerbilles et des tortues… alouette. Un rat sur son épaule, Jessica me fait l’éloge de ces pensionnaires, semble-t-il très intelligents. Difficile de trouver meilleures ambassadrices pour la communauté animale.

LE MAG

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2023-05-27T07:00:00.0000000Z

2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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