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UNE MAGISTRALE ADAPTATION

ÉRIC MOREAULT emoreault@lesoleil.com Le chevalier vert est présenté au cinéma.

Il est ironique que deux films inspirés de la légende du roi Arthur prennent l’affiche à une semaine d’intervalle. D’autant que tout les sépare. Kamelott s’inscrit dans la lignée des Monty Python alors que David Lowery signe une magistrale adaptation cinématographique d’une des légendes la plus connue de l’époque, celle du

Chevalier vert ( The Green Knight).

Le réalisateur a gardé les grandes lignes de la quête identitaire de Sir Gauvain (Dev Patel), qui doit surmonter diverses épreuves pour prouver sa valeur, son courage et son intégrité.

Tout en la mettant à sa main, modifiant certains segments pour leur donner une résonnance plus contemporaine (malgré l’imagerie médiévale et les chants grégoriens) et en misant sur une narration qui repose en partie sur l’onirisme.

Le tout débute lorsque le dissolu Gauvain, qui préfère habituellement la compagnie des manants de la taverne à celle des nobles, doit se rendre à la table du roi Arthur (Sean Harris) pour Noël.

Un gigantesque homme à la peau végétale y fait irruption. Il met les chevaliers au défi — seul notre «héros» relève le gant et lui tranche la tête. La mystérieuse créature se redresse, reprend sa caboche et annonce à son adversaire qu’il a une grâce d’un an avant de lui rendre son coup...

À quelques jours de l’échéance, Gauvin quitte Camelot en direction de la chapelle verte où l’attend le chevalier du titre. Un périple où il sera confronté à des voleurs, des géants, des fantômes ainsi qu’à la tentation…

Lowery mélange avec beaucoup d’adresse réalité, fantastique, sorcellerie et mysticisme dans un récit volontairement énigmatique — en droite ligne avec son audacieux Une histoire de fantôme (2017). En épousant le point de vue de Gauvin, le spectateur doit accepter de se demander jusqu’à quel point ses aventures sont réelles ou le fruit de son imagination.

Le réalisateur démontre une magnifique habilité à filmer, souvent en cadrant très large pour placer à l’arrière-plan des détails qui s’avèrent ensuite révélateurs. En fait, c’est toute sa maîtrise du langage cinématographique qui force l’admiration.

Son approche bien à lui de jouer avec le surnaturel de façon à ce qu’il s’intègre parfaitement à la «réalité» de la fiction (ce qui apparaît, à première vue, paradoxal…). Ou, dans ce film, le montage à la fin qui, en quelques minutes, résume une vie seulement avec la force des images (et de la musique). Sans parler des paysages sauvages fouettés par le vent.

Or, jamais ces effets de style ne se mettent au travers du récit — ils servent à une meilleure compréhension du propos.

D’autant, ici, que les pistes sont nombreuses à explorer sur le plan symbolique. Notamment la ceinture de soie verte et dorée capable de protéger son porteur de toute blessure ou le renard qui l’accompagne dans une portion de son périple.

Lowery propose d’ailleurs une variation intéressante de l’arrivée de Chauvain au château de Bertilak (Joel Edgerton) et de sa charmante épouse, réplique parfaite d’Essel, sa concubine — toutes deux jouées par Alicia Vikander. Troublant…

Il s’agit d’une autre adaptation de Sire Gauvin et le Chevalier vert, récit anonyme du XIVe siècle. Stephen Weeks s’y était attaqué en 1973 avec Murray Head et Nigel Green. Puis le cinéaste britannique en avait réalisé une nouvelle version ( L’épée du vaillant , 1984) avec Miles O’Keefe et Sean Connery.

Dev Patel ( Chappie, Lion) démontre, encore une fois, qu’à seulement 31 ans, il sera un acteur dominant pour longtemps.

Avis aux aventureux qui seraient tentés par la version originale : l’anglais est d’époque, avec des tournures parfois incompréhensibles. J’aurais volontiers pris des sous-titres à quelques reprises.

LE MAG

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2021-07-31T07:00:00.0000000Z

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